Malawi: Les agriculteurs gagnent du temps et de l’argent tout en préservant les variétés locales de semences (écrit par Gladson Makowa pour Agro Radio Hebdo au Malawi)

| mars 14, 2011

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Mme Grace Mwalabu vit à Chikalogwe, dans le District de Balaka, dans le sud du Malawi. Par une chaude journée, elle est debout en train d’étendre des graines de concombre sur le mur extérieur de sa cuisine. Elle explique: « C’est notre tradition. J’étends les graines à un ou deux mètres du sol. L’avantage est que les graines sèchent rapidement, ne pourrissent pas et survivent à la saison sèche. » Ces semences, ainsi que d’autres légumes locaux, ne peuvent être trouvés dans les marchés avoisinants.

Les semences hybrides sont populaires dans certaines régions du Malawi. Elles donnent souvent un meilleur rendement que les variétés locales. Mais elles coûtent cher. Les agriculteurs ont besoin de les acheter chaque année, de sorte qu’ils sont dépendants des compagnies semencières et des distributeurs. Ils savent que sauvegarder des semences locales à partir de leur récolte est une pratique moins coûteuse et plus fiable, comparativement à l’achat annuel de semences hybrides. Avec les semences locales, ils peuvent être sûrs qu’ils auront des graines exactement quand ils en ont besoin.

FAIR Malawi est une ONG qui travaille sur les questions de sécurité alimentaire. L’organisme fait la promotion des méthodes traditionnelles de conservation des semences et de conservation des aliments. M. Mahala Nyirenda travaille avec FAIR Malawi. En parlant de variétés modernes, il explique: « Les semences de choix pour les agriculteurs ne sont pas disponibles au moment où les agriculteurs en ont besoin et ont de l’argent. Cela oblige les agriculteurs à planter en retard. « Si les agriculteurs plantent en retard et que les pluies sont faibles, les rendements sont sévèrement affectés. M. Nyirenda ajoute : « Les agriculteurs ont du mal à trouver de l’argent pour les semences et la nourriture… Nous voulons que les agriculteurs soient indépendants. Nous les encourageons à choisir des variétés de bonne qualité, comme les variétés locales à maturité précoce ou à haut rendement. »

Une autre façon de développer l’autonomie des marchés commerciaux est la conservation des aliments. Lorsque la saison des pluies est terminée, des légumes peuvent être cultivés près des rivières. Ces zones conservent une certaine partie de l’humidité des pluies. M. Nyirenda dit que par le passé, certains agents de vulgarisation dissuadaient les agriculteurs de faire la conservation des légumes. Mais maintenant, FAIR Malawi encourage les agriculteurs à faire sécher les légumes à feuilles et à les manger tout au long de l’année. La méthode traditionnelle de conservation des légumes consiste à cueillir les jeunes feuilles et à les déposer dans de l’eau bouillante pendant quelques secondes. Peu d’éléments nutritifs sont perdus avec cette méthode. Une fois qu’elles ont séché, les feuilles peuvent être stockées.

M. Nyirenda a participé à une exposition, à la foire agricole annuelle de Blantyre, en 2010. Il a présenté un sac tissé fait de feuilles séchées, à son stand. Le sac contenait des légumes secs. Il dit: « Mes enfants ne savent pas que nos parents utilisaient ces sacs à feuilles pour garder et conserver les aliments. Ce n’est pas bien. Nous perdons notre tradition. »

Mme Mwalabu utilise des sacs tissés similaires pour préserver des graines de citrouille. Elle fend une citrouille bien mûre, enlève les graines et les fait sécher sur une plaque de bambou. Ensuite, elle met les graines dans le sac de feuilles et l’accroche dans la cuisine.

Dans sa cuisine, elle garde d’autres graines, comme les graines d’aubergine. Elle fait sécher une aubergine mûre alors qu’elle se trouve encore dans le champ. Puis elle recueille les aubergines séchées et les pend dans sa cuisine. La fumée conserve les semences et les rats ne peuvent pas les atteindre.

Mme Mwalabu voit rarement des graines d’aubergines ou de citrouille en vente dans les marchés locaux. Quand il y en a, il est rare que les gens les achètent. Elle explique que les agriculteurs achètent les graines de leurs voisins, ou les achètent « … d’une personne de confiance car les différentes variétés ont des saveurs différentes. » Elle dit que les variétés locales, qui sont douces et savoureuses et ont une longue durée de vie, sont maintenant rares. C’est parce que la méthode de préservation des semences et de la nourriture n’est plus vraiment pratiquée. Elle est heureuse que les ONG comme FAIR Malawi encouragent les innovations techniques autochtones et locales. Elle espère que cela va ramener les variétés locales nutritives qu’elle aime bien.