Malawi: la gestion locale du système d’eau minimise les problèmes liés à l’eau (IPS)

| novembre 1, 2010

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Si vous vous promenez dans les rangées étroites entre les maisons en terre crue, passez les toilettes avec les murs en carton et vous verrez une petite cour propre. Les femmes et les filles remplissent des seaux en plastique coulant de cinq robinets d’eau qui sortent du mur en béton. Il s’agit de la scène à l’un des kiosques à eau géré par l’Association des usagers de l’eau de Nkolokoti-Kachere, à Blantyre, au Malawi.

« L’association des utilisateurs d’eau a fait une grande différence ici », dit Fatima Misoya, une revendeuse d’eau, aux résidents. « L’eau que nous obtenons ne vient plus de cours d’eau sales. »

Environ la moitié des kiosques à eau de cette zone urbaine sont gérés par des chefs de parti communautaire, religieux ou politique. L’administratrice de l’association, Gloria Matchowa, explique que les dirigeants locaux venaient empocher l’argent versé par les résidents pour la consommation l’eau. Cependant, ils payaient rarement les factures dues à l’Office de l’eau de Blantyre. Cela s’est traduit par des déconnexions fréquentes, qui duraient parfois des années.

Mme Matchowa dit que le conseil pour l’eau a construit les kiosques car de nombreuses personnes ne peuvent s’offrir des robinets personnels. Mais, elle dit : «… les kiosques étaient trop mal gérés pour servir aux fins prévues. »

En janvier 2009, les kiosques devaient 11 000 dollars américains de factures impayées à l’Office de l’eau de Blantyre. Plus d’un tiers d’entre eux étaient en mauvais état ou avaient été débranchés. Plusieurs des 90000 habitants avaient du mal à accéder à l’eau potable.

En février 2009, des fonctionnaires de l’Office de l’eau de Blantyre, le Conseil municipal de Blantyre et les résidants du canton ont formé l’Association des utilisateurs d’eau de Nkolokoti-Kachere.
L’association a officiellement été enregistrée comme une coopérative. Les membres de son conseil d’administration sont élus par la communauté, pour deux ans. Tous les membres de l’association vivent dans la communauté. Mme Matchowa dit que cela favorise un sentiment de propriété des installations.

L’association a repris tous les aspects de la gestion des kiosques. Sydney Balakasi inspecte les 19 kiosques tous les matins. Il recueille l’argent des ventes de la journée précédente et compare la quantité d’argent reçu à la quantité d’eau vendue. Il note tout problème d’approvisionnement. Les vendeurs d’eau de l’association vivent à proximité des points d’eau. Ils veillent sur les kiosques pour prévenir le vandalisme.

Auparavant, le coût de l’eau variait entre quatre et six cents pour 20 litres. L’association vend maintenant l’eau à deux cents pour 20 litres. Même à ce prix, il n’a fallu que trois mois à l’association pour effacer ses dettes et réparer tous les kiosques en panne. Mme Matchowa explique: « Avec une bonne gestion, nous n’avons pas besoin de vendre à des prix élevés pour faire de bons profits. »

WaterAid a introduit le concept d’associations d’usagers de l’eau au Malawi. Les coopératives visent à recouvrer les coûts et à faire des profits, tout en répondant à la nécessité d’approvisionnement en eau potable. Amos Chigwenembe est responsable de la politique, à WaterAid. Il dit que les kiosques pourraient ne pas être le moyen idéal pour l’approvisionnement en eau. Mais si les kiosques sont gérés de façon efficace, ils sont utiles dans le cadre d’établissements non planifiés.

Une difficulté majeure de l’association est l’approvisionnement continu en eau par l’Office de l’eau. L’infrastructure est vieille et tombe souvent en panne. Il n’y a pas eu de grands investissements depuis plus de 40 ans. Catherine Chilemba représente l’Office de l’eau. Elle dit: « La capacité de notre système de production est bien inférieur aux besoins d’aujourd’hui. »

Mais l’Association des usagers de l’eau de Nkolokoti-Kachere est pleine d’espoir. Gloria Matchowa estime que des améliorations à venir au conseil de l’eau aideront à faire croître leur entreprise. Pour l’instant, dit-elle, «Nous pouvons aider à soulager la pauvreté en donnant de l’eau potable à un prix abordable. »