Malawi: La culture intercalaire aide l’agriculteur Phiri à acheter une charrette à bœufs (écrit par Norman Fulatira, pour Agro Radio Hebdo au Malawi)

| août 29, 2011

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Mathew Phiri est un agriculteur qui vit dans le village de Mlwale, huit kilomètres à l’extérieur de Zomba, dans le sud du Malawi. M. Phiri a 24 ans. Pendant plus de huit ans, M. Phiri et sa femme Annah ont cultivé un petit lopin de terre et ont fait très peu de profit. Les fertilisants chimiques ne sont pas abordables.

Le programme de subvention d’intrants agricoles vise à aider les agriculteurs et agricultrices vulnérables. Mais nombreux sont les agriculteurs qui, comme M. Phiri, souffrent de la faim, mais ne sont pas admissibles aux subventions gouvernementales. Mais une nouvelle étude propose une alternative pour ces agriculteurs. Cette étude démontre que les agriculteurs qui font la rotation des cultures de maïs et de légumineuses peuvent réduire leur consommation d’engrais de moitié, sans réduire les rendements de maïs.

M. Phiri ne voulait pas devenir dépendant des engrais minéraux. Donc, il y a deux ans, il a suivi le conseil d’un agent de vulgarisation. M. Phiri plante maintenant le maïs et les pois d’Angole durant la même période de l’année, sur le même lopin de terre. Cette pratique est connue sous le nom de culture intercalaire. Son rendement en maïs s’est progressivement améliorée au cours des deux ans qui se sont écoulés depuis qu’il a commencé a faire de la culture intercalaire.

M. Phiri a récolté 18 sacs de pois d’Angole en 2010. Il les vend à des fournisseurs à grande échelle, au prix de 27 dollars américains par sac de 50 kg. Avec le bénéfice, M. Phiri a réussi à acheter une charrette à bœufs. Il l’utilise pour faire de la fumure organique dans son jardin.

Lorsqu’on l’interroge sur son succès, M. Phiri explique: « J’ai commencé à planter le maïs avec le pois d’Angole peu de temps après que j’ai reçu les conseils d’un vulgarisateur de ma région, M. Franklin Nyirenda. Cela a vraiment bien marché pour moi. »

Depuis que le programme de subventions a débuté en 2004, M. Phiri en a bénéficié à deux reprises. Mais en 2007, il a été écarté du programme de subventions. Il s’est alors mis à la recherche de solutions alternatives, et a décidé d’augmenter sa production de pois d’Angole.

Maintenant, il ne dépend pas des subventions. Il utilise du fumier et fait de la culture intercalaire, et ces pratiques améliorent ses rendements. M. Phiri dit: « Vous savez, ce ne sont pas tous les paysans qui reçoivent des engrais subventionnés… Autrefois, je me plaignais à chaque fois que mon nom ne figurait pas sur la liste des bénéficiaires. »

M. Henry Msatilomo est l’agent de développement de l’agriculture du District de Zomba. Il dit que de nombreux petits agriculteurs se rendent compte maintenant de l’importance de la culture intercalaire. M. Msatilomo explique que la culture intercalaire permet aux agriculteurs d’améliorer leur rendement tout en améliorant la fertilité des sols. Cela est particulièrement vrai lorsqu’on cultive des légumineuses telles que le pois d’Angole.

Des chercheurs qui ont mené l’étude sur la rotation des cultures ont constaté qu’à cause de leur maturation lente, les légumineuses comme le pois d’Angole et le mucuna passent plus de temps dans le sol à produire de l’azote. Et le sol reste plus couvert, un autre avantage pour le sol. Dr. George Kanyama-Phiri est le co-auteur de l’étude. Il dit que la rotation avec des cultures de légumineuses est complémentaire à l’utilisation des engrais, mais ne remplace pas celle-ci.

Bien que M. Phiri fasse de la culture intercalaire plutôt que la rotation de ses cultures, il a déjà bénéficié de la plantation de légumineuses. Il est la preuve que les agriculteurs peuvent économiser sur les frais d’engrais en plantant des pois d’Angole, du moins à court terme.

Le Dr. Kanyama-Phiri prévient que les différences locales dans les pratiques agricoles peuvent influer sur les avantages des légumineuses. Par exemple, dans la région du sud, les agriculteurs construisent des crêtes de maïs plus tard dans la saison. Cela peut exposer les légumineuses aux dommages causés par les chèvres affamées ou par le soleil.

Avant que M. Phiri ne commence à faire de la culture intercalaire, il vendait son maïs pour subvenir aux besoins de sa famille. Mais avec la culture intercalaire, il n’a plus à faire cela. Il peut compter sur les pois d’Angole. Pour M. Phiri, l’achat d’une charrette à bœufs est une réalisation majeure. Et tout ça grâce à la culture intercalaire.