Malawi et le Mozambique: Les agriculteurs coopèrent à travers les frontières (IPS Terra Viva)

| septembre 13, 2010

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Il y a peu d’activités agricoles à voir, le long de la route poussiéreuse, dans le district de Mwanza, dans le sud du Malawi. Mais, alors que la route se rapproche de la frontière avec le Mozambique, des champs bien cultivés et un bétail diversifié abondent. Ça n’a pas toujours été comme ça à Mtengoumodzi, un village frontalier sujet à la sécheresse.

Elia Julius est agriculteur, sur le côté Malawien du village. Il explique: « Les pluies sont irrégulières. Nous sommes en train de devenir les victimes d’une faim chronique parce que nous dépendions de la pluie pour nos activités agricoles dans le passé. »

En 2008, les agriculteurs des deux côtés de la frontière ont réalisé qu’ils pourraient complémenter leurs efforts pour améliorer leurs activités agricoles. Ils ont donc formé la Mtengoumodzi Agriculture Cooperative.

Maria Chidetsa cultive la terre, du côté du Mozambique. Elle dit que les agriculteurs du Mozambique ont proposé l’idée de produire des cultures résistantes à la sécheresse à leurs homologues de l’autre côté de la frontière. Les agriculteurs du Malawi ont appris à leurs pairs des techniques d’irrigation.

Le maïs est l’aliment de base, tant au Malawi qu’au Mozambique. Mais comme il y a moins de pluie ces temps-ci, les agriculteurs se sont tournés vers la production de cultures résistantes à la sécheresse et de plantes à maturation précoce.

Mme Chidetsa dit: « Nous faisons maintenant pousser plus de bananes, de millet, de sorgho, de manioc, de coton et de pois d’Angole. Ces plantes n’ont pas besoin de plus d’eau que le maïs. Elles sont faciles à cultiver, même si les pluies sont insuffisantes. »

Les membres de la coopérative élèvent aussi des chèvres, des porcs et des poulets, destinés à la consommation et à la vente. Mme Chidetsa dit: « Nous vendons des œufs et du lait de chèvre dans les communautés qui nous entourent. »

Les petits jardins sont monnaie courante. Des cultures comme les pommes de terre, les légumes, le maïs, les haricots et la canne à sucre abondent dans les petits champs dispersés dans ce village qui longe la frontière. Les agriculteurs ont creusé des puits d’où ils peuvent puiser de l’eau, même pendant la saison sèche.

« Ces petits jardins complémentent ce que nous faisons pousser dans les plus grands champs. Nous irriguons les jardins et faisons pousser différents types de cultures. Nous cultivons encore du maïs sur une petite échelle et ces petits jardins sont parfaits pour cela », explique Chidetsa.

Mme Chidetsa a expliqué qu’ elle et neuf autres agriculteurs mozambicains avaient une autre raison de vouloir rejoindre leurs homologues du Malawi: obtenir l’accès aux marchés du Malawi.Elle dit: « Les marchés du côté du Malawi, au centre-ville de Mwanza, sont plus proches de nous que ceux du Mozambique. » Le marché le plus proche, au Mozambique, est à neuf heures de route. Le marché de Mwanza est plus proche, quoiqu’il est toute de même à quatre heures de vélo, à l’allée et au retour.

Il y a 17 familles dans la coopérative. Elles ont mis tous leurs produits dans le même panier après chaque récolte. Les denrées alimentaires sont distribuées à chaque famille en fonction de sa taille. Les agriculteurs amènent le reste des produits sur le marché. Les bénéfices sont utilisés pour acheter des intrants agricoles. »

Les fermiers ont réalisé un profit d’environ 2500 dollars américains en 2009, selon Mme Chidetsa. La coopérative a acheté une parcelle de terrain que ses membres utilisent comme parcelle de démonstration pour tester de nouvelles variétés, y compris le maïs résistant à la sécheresse. Avec leur énergie et leur initiative, les agriculteurs de cette coopérative transfrontalière contribuent à l’idéal que l’Afrique atteigne la souveraineté alimentaire.