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Malawi : Des producteurs de tomates emploient des pesticides pour préserver leurs moyens de subsistance

Nous sommes un samedi matin, le temps est frais et le ciel est gris, signe qu’il pourrait pleuvoir bientôt. Shabani Phiri arrive dans son champ de tomates d’une acre et demi muni d’un pulvérisateur, d’un arrosoir et de deux petites bouteilles de pesticides. Il se hâte vers une rivière proche pour puiser de l’eau qu’il mélange avec les pesticides. Puis, il commence à pulvériser ses plants de tomates avec la solution obtenue.

M. Phiri craint qu’en n’utilisant pas de pesticides, toutes ses plantes meurent à cause des organismes nuisibles qui détruisent les feuilles, les tiges, les fruits et les racines. Il explique : « Dans ma région, pour cultiver de la tomate, le producteur ou la productrice doit être prêt à dépenser plus d’argent pour les pesticides, au risque ne pouvoir rien récolter. »

M. Phiri est originaire du village de Mdesi, dans le village de Dowa, au nord de Lilongwe, la capitale malawite. Les agriculteurs et les agricultrices de la région luttent contre une infestation de ravageurs de tomate, et plusieurs d’entre eux utilisent des pesticides pour s’assurer qu’ils feront des bénéfices avec leurs tomates.

Il explique que plusieurs agriculteurs et agricultrices de sa région ont cessé de cultiver la tomate à cause des coûts élevés de la lutte antiparasitaire. Il ajoute : « Autrefois, les cas d’insectes nuisibles étaient peu nombreux … mais, maintenant, les prix ont flambé, car les organismes nuisibles causent trop de dégâts aux cultures, au point que si on ne les élimine pas, on perd toute nos tomates. »

M. Phiri pulvérise son champ avec des pesticides tous les sept jours, ce qui demande beaucoup de travail et d’argent. Il explique : « Chaque samedi, j’applique des pesticides pour protéger mes plants de tomates des organismes nuisibles. Une seule bouteille de pesticides coûte actuellement près de 2 300 kwachas malawites [environ 3 $US]. »

Tous les samedis, M. Phiri utilise deux bouteilles de pesticides sur son champ d’une acre et demi.

Lemisoni Chimpeni est l’agent de vulgarisation agricole de la région. Il affirme que les agriculteurs et les agricultrices utilisent un certain nombre de pesticides pour lutter contre les organismes nuisibles parce que les ravages sont si importants que, si ces organismes ne sont pas combattus, chaque plante du champ sera touchée. Au nombre des organismes nuisibles figurent les fausses-teignes des crucifères, les pucerons, les foreurs des tiges, les mouches des fruits, les vers gris et d’autres espèces de chenilles.

M. Chimpeni explique : « Nous conseillons aux producteurs et aux productrices de tomates d’utiliser du diméthoate, de la cyperméthrine ou d’autres pesticides en vente sur le marché, tels que l’actellic. »

Cependant, M. Chimpeni se dépêche de souligner que l’utilisation de produits chimiques tels que les pesticides pour combattre les organismes nuisibles qui détruisent les plants de tomates n’est pas la meilleure solution, car les produits chimiques peuvent être dangereux pour les humains. Il ajoute : « Nous recommandons fortement [l’utilisation] de moyens de contrôle physiques pour éliminer les organismes nuisibles ou les plants attaqués, ainsi que les méthodes de contrôle biologiques, telles que l’utilisation d’autres insectes [qui chassent les organismes nuisibles]. Mais la difficulté, c’est que les agriculteurs et les agricultrices veulent préserver chaque plant de tomate du potager, et c’est la raison pour laquelle ils préfèrent l’utilisation chimique des pesticides. »

Precious Tsogolani cultive la tomate dans le village voisin de Munika. Il soutient que les agriculteurs et les agriculteurs doivent être prudents avec les pesticides, car ces derniers sont dangereux. Il ajoute : « Nous avons appris de l’agent de vulgarisation et de l’expérience selon laquelle les agriculteurs et les agricultrices ne doivent pas récolter, vendre ou consommer des tomates qui ont été récemment pulvérisées [avec] des pesticides. »

Le délai entre la pulvérisation et la cueillette de légumes consommables sans risque varie en fonction du pesticide. M. Tsogolani affirme que l’agent de vulgarisation conseille généralement aux producteurs et aux productrices locaux de lire et suivre les instructions figurant sur l’étiquette de la bouteille de pesticide pour savoir quand pulvériser ou ne pas pulvériser un pesticide, et le délai à respecter entre la pulvérisation et la cueillette.

M. Tsogolani ajoute : « Une personne peut tomber malade ou même mourir si elle consomme les tomates, juste après qu’elles ont été pulvérisées avec des pesticides. »

Même si le secteur de la tomate est actuellement en proie à de gros problèmes d’insectes nuisibles, M. Phiri s’est juré de continuer à cultiver cette denrée, car elle génère de bons retours pour lui. M. Phiri gagne 750 $US en cultivant des tomates deux fois par an, duquel il dépense près de 150 $ pour l’achat de pesticides. Il déclare : « En 2016, j’ai acheté 30 tôles, et, cette année, je vais m’en servir pour bâtir une maison. J’utilise également l’argent des tomates pour acheter de l’engrais que j’utilise pour [cultiver] le maïs qui est notre aliment de base. »