Malawi : Des pêcheurs préoccupés par la baisse de leurs prises

| avril 27, 2015

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Henry Mpingu ne possède ni bateau ni filet, mais c’est un pêcheur bien connu. Chaque matin, M. Mpingu se réveille tôt et va pêcher jusqu’au coucher du soleil dans le barrage Kandiyani, situé à 20 kilomètres à l’ouest de Lilongwe, la capitale du Malawi. M. Mpingu déclare : « La population de poissons du barrage a diminué, mais tous les soirs, je m’arrange pour rapporter quelques poissons à la maison et je vends l’excédent. »

Devenu orphelin à 11 ans, M. Mpingu a été forcé de quitter les bancs lorsque ces frères aînés n’ont plus eu les moyens de payer ses études. Il raconte : « Mon frère avait l’habitude de m’emmener au barrage de Kandiyani … Pendant des décennies, ma vie se résumait à survivre grâce à la pêche. » L’homme de 32 ans ajoute : « J’achète toujours de la nourriture chez d’autres agricultrices et agriculteurs et je leur vends du poisson. »

Dikisona Kaunda est originaire de Phwetekele, un village situé non loin des rives du barrage de Kandiyani. Il est également préoccupé par la baisse de nombre de poissons dans le barrage. Les pratiques destructives utilisées par certains pêcheuses et pêcheurs l’inquiètent. M. Kaunda raconte : « Certaines personnes … pêchent toute l’année et d’autres utilisent des filets munis de petits trous. D’autres utilisent des moustiquaires qui capturent même les alevins … parfois, vous venez dans ce barrage et vous repartez chez vous sans attraper aucun poisson. »

Certains pêcheuses et pêcheurs font de leur mieux pour accroître les stocks de poisson dans le barrage. Ils alimentent les poissons, et ils pêchent moins souvent pour permettre à la population de se reconstituer. M. Kaunda déclare : « Les poissons de ce barrage ne sont pas bien alimentés. Certains d’entre nous … récupèrent la balle de maïs chaque fois que nos femmes font moudre du maïs, et nous l’apportons ici pour le répandre dans le barrage. »

Le gouvernement et la population locale ont réuni leurs efforts pour construire le barrage de Kandiyani, en vue de conserver les ressources en eau et offrir des moyens de subsistance aux communautés environnantes. Toutefois, selon M. Mpingu, le barrage est mal entretenu. La pêche n’est pas contrôlée et le barrage est rempli de mauvaises herbes.

En 2011, l’ancienne députée de la circonscription locale, Jean Sendeza, a demandé au ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de l’Aménagement hydraulique de songer à nettoyer le barrage. Elle a insinué que ce dernier était sous-utilisé et qu’il pourrait être utilisé pour l’irrigation. Mais aucune mesure n’a encore été prise.

M. Mpingu craint que la baisse des prises de poissons ne nuise à ses sources de revenus. Il explique : « Autrefois, nous avions l’habitude de capturer de gros tilapias et du mlamba [une espèce de silure]. Aujourd’hui, j’ai [dû] passer toute la journée à pêcher, car … pour attraper plus de poissons, j’ai besoin de plus de temps. »

M. Mpingu gagne environ 6 $US avec sa prise journalière. Il raconte : « J’ai une forte demande, car les gens de cette région aiment le poisson. Les gens me donnent des commandes, et après avoir pêché je passe chez eux pour le leur vendre. »

M. Mpingu a l’intention d’acheter un navire en bois pour remplacer celui qu’il s’était construit avec des roseaux et de la paille. La pêche est le seul moyen dont il dispose pour subvenir aux besoins de sa famille, et cet investissement s’impose même si les prises diminuent.

M. Mpingu raconte : « J’achète du maïs et des provisions pour ma famille avec l’argent de la pêche. Un de mes trois enfants va à l’école grâce au même argent. J’espère que les agricultrices et les agriculteurs vivant aux abords du barrage et le gouvernement [trouveront] un terrain d’entente pour commencer à surveiller nos méthodes de pêche afin d’éviter qu’il y ait de la [surpêche] dans le barrage. »