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Malawi : Des cultivateurs de soja peinent à lutter contre les organismes nuisibles et les maladies

C’est un samedi matin chaud et le ciel est bleu clair, bien que la chaleur indique qu’il va bientôt pleuvoir. L’agriculteur Daniel Chingoli s’arrête et regarde le ciel avant d’éponger la sueur sur son front. Monsieur Chingoli est un cultivateur marié de 55 ans, père de 11 enfants. Actuellement, il tient une houe et érige des billons. Il se prépare à semer du soja dès que les premières pluies tomberont.

Monsieur Chingoli déclare : « J’utilise de plus en plus le soja comme une autre source de nourriture et comme une culture de rente. Cependant, cette culture est confrontée à un problème majeur de ravageurs et de maladies comme la rouille du soja qui nuit aux rendements si le champ n’est pas bien géré. »

Monsieur Chingoli fait partie des nombreux producteur.trice.s de soja du village de Mpingu, à environ 15 minutes de route de Lilongwe, la capitale du Malawi.

Selon lui, les cultivateur.trice.s de sa région cultivent également du maïs, des patates douces et des arachides. Mais à cause des bons prix proposés ces dernières années, plusieurs cultivent plus de soja. La production du soja souffre d’un inconvénient majeur : les maladies, notamment la rouille du soja qui est une de maladies les plus graves pouvant entraîner des pertes de récoltes de plus de 50 %.

Monsieur Chingoli explique : « La rouille du soja nuit à ma récolte, car elle attaque toute la plante et les gousses même ne parviennent pas à se développer. À la fin, je ne récolte pas beaucoup. »

Il ajoute : « La saison dernière, j’ai récolté 16 sacs de soja. Si la maladie n’avait pas attaqué mes cultures, j’aurais pu récolter plus. »

Les organismes nuisibles également réduisent les rendements. Monsieur Chingoli déclare : « J’ai également un problème de ravageurs qui attaquent les feuilles et les gousses. Le défi est que très souvent, je n’ai pas les moyens d’acheter de pesticides, et parfois, on en trouve rarement au marché. »

Pour lutter contre les ravageurs et les maladies du soja lors de la prochaine saison, monsieur Chingoli affirme qu’il emploiera des méthodes traditionnelles auprès d’autres collègues. Il ajoute : « Il y a une plante qu’on appelle moringa que certains agriculteurs utilisent pour lutter contre les maladies et les organismes nuisibles dans leurs champs. »

Il explique : « Ce qu’il faut faire, c’est de macérer les feuilles dans de l’eau pendant quelques jours et l’eau devient un liquide amer. Les cultivateurs doivent pulvériser ce liquide sur les plantes de soja. Cela va tuer les organismes nuisibles et le champ sera exempt de maladies. »

Esnart Yohane est chercheure au ministère de la Recherche agricole au Malawi. Elle déclare : « La rouille du soja survient surtout dans les champs où il y a de l’humidité. C’est une maladie transmissible par l’air qui se propage rapidement dans champ et qui est difficile à combattre. »

Madame Yohane soutient que leurs services recommandent d’utiliser des pesticides, notamment pendant la croissance végétative et la floraison et vers le stade de formation des gousses. Elle déclare : « Il est conseillé à toute personne qui cultive du soja de pulvériser au moins des pesticides qu’on vend dans des magasins de produits chimiques. »

Elle ajoute : « À ce jour, il n’y a aucune variété de culture qui résiste à la rouille du soja. Cependant, il y a la variété Tikolole qui résiste un peu, car elle parvient plus rapidement à maturité que les autres variétés. »

Aux dires de madame Yohane, la rouille du soja est un problème dans la majeure partie des pays d’Afrique subsaharienne et son service développe des variétés résistantes.

Elle ajoute que la mineuse des feuilles et d’autres organismes nuisibles qui mangent les feuilles peuvent être contrôlés en pulvérisant des insecticides vendus en magasins.

Malgré ces défis, monsieur Chingoli soutient qu’il tire un grand profit de la culture du soja. Il paie les études de ses enfants et a construit deux modestes maisons.

Il ajoute : « En plus de l’argent que la culture du soja me rapporte, je prépare également la bouillie de soja et la consomme avec ma famille. J’utilise également les résidus de cultures du soja comme fumier et aliment pour le bétail. Cette culture offre plusieurs avantages. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmhH (GIZ) qui met en œuvre le projet des centres d’innovations vertes.

Photo : Daniel Chingoli devant sa maison. Crédit : Charles Pensulo.