Malawi: Comment faire du jus de fruits pour sauver une forêt (IPS)

| juin 27, 2011

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Tedson Kameta est membre d’une coopérative, dans le district de Neno, dans le sud du Malawi. Autrefois, il abattait et brûlait des arbres pour faire du charbon. Mais maintenant, en tant que membre de la coopérative, il récolte des fruits sauvages et fait du jus de fruits pour un marché local en pleine croissance. M. Kameta dit: « Jusqu’en 2000, les gens d’ici ne savaient pas que nous pouvions bénéficier de cette forêt d’une façon plus rentable, tout en la protégeant. »

Au Malawi, 95 pour cent des ménages ruraux utilisent le bois comme source d’énergie. La forêt Zalewa, dans le district Neno, a longtemps été sous la pression de personnes cherchant du bois comme combustible. Les forêts du Malawi sont en voie de disparition.

Le tamarinier est communément trouvé dans la forêt de Zalewa. Le tamarin produit un charbon durable qui brûle pendant une longue période. Les populations locales trempent traditionnellement le tamarin et le fruit du baobab dans de l’eau pour en faire un breuvage. David Zuzanani est directeur des opérations à Village Hands. Il dit que jusqu’à ce que le projet soit lancé dans la région, en 1996, les villageois n’avaient aucune idée qu’ils pouvaient valoriser cette boisson pour en faire une entreprise commerciale.

M. Zuzanani dit: « Dès que les gens ont réalisé qu’ils pouvaient gagner de l’argent avec du jus et des fruits, ils ont commencé à faire de la sensibilisation dans leur région pour protéger la forêt. »

La coopérative embouteille maintenant jusqu’à 10 000 litres de jus par mois. Les boissons ont été approuvées par le Bureau des normes du Malawi. Le jus de fruits se vend pour l’équivalent de 1,60 dollars américains dans les grands supermarchés et les stations-service. Le chiffre d’affaires moyen est de deux mille dollars par mois. La coopérative emploie 11 travailleurs locaux à temps plein dans son usine, qui ne compte qu’une seule pièce.

La production se fait à la main. Les travailleurs trempent les fruits dans trois grands contenants, avant de les pasteuriser et de les égoutter pour en extraire la pulpe. Une technique innovatrice extrait les nutriments supplémentaires à partir des graines de baobab, pour donner au jus un goût distinct et une couleur marron.

La coopérative achète tous ses fruits auprès des villageois. En 2008, M. Kameta s’est fait une centaine de dollars en vendant les fruits de baobab de son champ. Avec cet argent, il a acheté trois chèvres et de la nourriture pour sa vache laitière. L’année dernière, il a récolté 40 sacs et a gagné deux cents dollars. Il compte acheter une charette et commencer à faire de l’élevage de volaille de Guinée.

Village Hands est géré par 14 administrateurs, incluant des chefs de village. Quand les profits sont bons, les villages partagent les profits en finançant des projets locaux, choisis par les administrateurs. M. Zuzanani dit: « Certains villages ont choisi de financer des centres de soins pour orphelins. Nous avons financé plusieurs de ces petits projets. Mais nous avons l’intention de faire croître l’entreprise afin de financer des projets plus importants tels que des puits et des écoles. »

En dépit des progrès, la production de charbon est encore un gros problème dans la région. Les forêts situées à proximité des zones peuplées sont protégées, et les villageois les entretiennent. Mais les arbres des forêts situées plus loin sont encore coupés pour la production de charbon. M. Zuzanani dit: « Ces gens ont de l’argent et ils peuvent corrompre n’importe qui. Les chefs travaillent dur pour arrêter cela, mais nous avons aussi besoin de l’aide du Département des forêts. »

Un responsable de la foresterie a confirmé que la corruption existe. S’exprimant sous couvert de l’anonymat, il a dit qu’il était difficile pour son département de contrôler le commerce. « Le gouvernement dit que les commerçants de [charbon] doivent être arrêtés. Ce n’est pas une solution pratique. Il n’existe aucune loi pour ça. » Le responsable a également dit qu’il ya des individus puissants dans le commerce qui pourraient congédier les gens qui leur causent des problèmes.

Les villageois pensent que la coopérative est la meilleure façon de réduire la pauvreté dans la région. Belita Ngomano possède une petite épicerie près de l’usine de jus de fruits. Son mari et elle ont ouvert la boutique en 2009 avec l’argent qu’ils ont épargné en partie grâce à la vente de fruits de tamarin à l’usine. Elle dit: « L’usine est le meilleur outil pour améliorer les conditions de vie pour beaucoup de gens ici, si elle peut s’agrandir. Nous espérons donc que le gouvernement voie ce que nous faisons et qu’il empêchera ces marchands de charbon d’opérer. »