Malawi : Avoir une agriculture rentable en hiver demande beaucoup de travail et d’eau

| novembre 13, 2017

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Le soleil va bientôt se coucher, mais Morris Chimutu, 65 ans, son épouse et leur fils sont occupés à transporter des arrosoirs de 10 litres de leur puits au champ pour arroser leur maïs. Monsieur Chimutu à l’air heureux. En effet, le maïs est au stade d’épiaison et il peut voir de petits épis qui laissent présager une bonne récolte hivernale. Cela fait près de 40 ans qu’il cultive en hiver.

Monsieur Chimutu est originaire de Nnewa, un village de la région de Mitundu, à environ 30 kilomètres au sud de Lilongwe, la capitale du Malawi. À la fin de la saison pluvieuse, en mai, il cultive le maïs irrigué qu’il vend pour subvenir aux besoins de sa famille pendant la saison sèche hivernale. Pour lui, le maïs se cultive facilement et rapporte beaucoup, surtout lorsqu’il est vert et frais.

Il explique : « En hiver [de mai à juillet], le soleil ne brille pas trop. [En été], les rayons de soleil qui frappent fort peuvent nuire aux cultures s’il n’y a pas suffisamment d’eau pour les arroser. C’est un avantage. »

Monsieur Chimutu cultive aussi des oranges, des mangues, des bananes et de la canne à sucre. Pour économiser sur les coûts d’intrants, il applique du fumier de compost sur sa terre de 1,3 acre. Il explique : « Je n’applique pas d’engrais [chimique], mais uniquement du fumier [de compost], car le sol est déjà fertile. Ici, les arbres fruitiers et les plantes autour du potager protègent le sol. »

Pendant la récolte d’août et de septembre, monsieur Chimutu vend son maïs vert aux habitant(e)s de Lilongwe qui aiment le griller ou le faire cuire quand il est frais et vert. Il déclare : « Chaque année, les activités agricoles hivernales me rapportent au moins 200 000 kwachas malawites (274 $US). »

Bien que les cultures d’hiver soient rentables, monsieur Chimutu affirme que l’arrosage du potager au complet à l’aide d’arrosoirs demande beaucoup de travail. Il explique : « Mon fils, mon épouse et moi passons généralement la moitié de la journée à arroser le maïs. Nous commençons le matin, puis nous prenons une pause pour déjeuner et terminons le soir. »

Monsieur Chimutu affirme que lorsque le manque de précipitations le prive d’eau pour l’arrosage, ses cultures en souffrent.

Il ajoute : « Comme les pluies ne sont plus [aussi abondantes] qu’autrefois, nos puits tarissent rapidement parfois, ce qui fait qu’il est difficile pour les cultures de bien pousser. »

Moses Mayaya est un autre agriculteur de la localité qui cultive le maïs d’hiver et utilise du fumier de compost animal comme engrais. Selon lui, il tire énormément profit des activités agricoles hivernales : « J’ai pu construire une bonne maison et acheter quatre porcs et deux vaches grâce au revenu des cultures d’hiver. » Toutefois, il est inquiet parce que l’eau commence à se raréfier autour de son champ à mesure que les précipitations diminuent.

Chrissy Gelemani est une veuve qui a quatre enfants. Elle aussi pratique l’agriculture d’hiver dans la région. Elle cultive du maïs et des légumes. Mme Gelemani évite les intermédiaires afin de garder la majeure partie de ses bénéfices pour elle-même. Elle déclare : « Je vais vendre les produits agricoles moi-même. C’est pourquoi j’en bénéficie beaucoup. Je paie les frais de scolarité de mon fils avec l’argent des ventes de mes légumes et de mon maïs. »

Pour monsieur Chimutu, cultiver le maïs d’hiver lui permet d’améliorer son revenu et les conditions de vie de sa famille. Il élève maintenant des vaches, des porcs et de la volaille qu’il a achetés avec le revenu de son maïs d’hiver. Il déclare : « Je suis parvenu à payer les frais de scolarité de mes enfants et construire une bonne maison grâce à l’argent des récoltes du maïs [d’hiver]. »