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Madagascar : une jeune agricultrice élève des vers de terre pour payer ses frais scolaires

Thérèse Tinarimanana est une lycéenne de 20 ans qui partage ses journées entre ses cours et son élevage de vers de terre.

Un bon matin d’hiver où le froid règne avec un vent soufflant, Mme Tinarimanana est assise sur une longue chaise à l’extérieur de sa maison. Elle esquisse un sourire comme pour cacher sa timidité et explique comment elle concilie ses deux activités : « Je ne vais pas à l’école tous les après-midis. Quand je rentre de l’école, je vérifie d’abord pour voir si le compost [de vers de terre]. Après cela, je révise mes cours ».

Mme Tinarimanana pratique l’élevage de vers de terre, aussi connu sous le nom de lombiculture, depuis 2013. Elle raconte ses débuts dans l’élevage de vers de terre tout en coiffant ses longs cheveux bruns et lisses avec ses mains. Elle dit avoir suivi pendant deux ans comment ses parents élèvent les vers de terre. C’est ainsi qu’elle a décidé de s’y mettre également.

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Photo: Noro Raoeliharison

Le père de Mme Tinarimanana, Jean de Britto Rakotomanana, est d’ailleurs président d’une coopérative qui fait la promotion de la lombriculture. La coopérative s’appelle TATA ou « Tontolo arovana, Tany sy Ala », qui veut dire en français  « Environnement, terre et forêt sont à protéger». Mme Tinarimanana fait partie des 19 membres que compte la coopérative.

M. Rakotomanana explique  que le but de la coopérative est que chaque membre puisse recevoir au moins une somme égale à 200 000 Ariary [60 $US} par mois. Pour ce faire, chaque membre doit produire au moins 250kg de compost de vers de terre par mois. Ensuite, c’est la coopérative qui en assure la vente.

Tout comme le père de Mme Tinarimanana, Marie Estella Harisoa Lalao également initié ses trois jeunes enfants à la lombriculture. Elle explique sa motivation : « Aujourd’hui, beaucoup de jeunes bacheliers chôment et on pense que [l’élevage de vers de terre et le lombricompostage] sont une source garantie de revenus. On les a donc déjà initiés».

Mme Lalao et son mari ont offert des portions de terre à chaque enfant. Arnaud Rakotomalala est leur fils ainé âgé de 17 ans. Ces parents lui ont donné quatre parcelles de terre, incluant une sur laquelle il a bâti une case qui mesure deux mètres de longueur par un mètre de largeur pour son élevage de vers de terre.

Il dit que chaque case produit mensuellement 70 kilogrammes de lombricompost. Il ajoute : « Depuis la classe de seconde, je paye mes frais scolaires avec l’argent que je gagne ».

Selon M. Rakotomanana, la coopérative TATA reçoit des commandes de 5 tonnes en moyenne par mois. Les agricultrices et agriculteurs et les commerçants détaillants achètent aussi des vers de terre à la coopérative. Mais ces clients ne peuvent acheter qu’une limite de 5 kilogrammes de vers de terre chaque car si la coopérative en vend plus, leur production de lombicompost diminuerait.

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Photo: Noro Raoeliharison

Pour sa part, Mme Tinarimanana gagne 200 000 Ariary [60$ US] par mois avec sa production de lombicompost. Elle fait la publicité de ses activités auprès de ses amis au lycée et arrive à attirer des clientes et des clients parmi les parents de ses camarades.

Mme Tinarimanana compte poursuivre ses études à l’université. Elle explique: « J’opterai pour la filière agronomie et je ferai des recherches sur les vers de terre. J’assurerai toujours le financement de mes études avec mes propres économies ».

Mme Tinarimanana n’avaient jamais entendu parler de la journée mondiale de la jeunesse auparavant. Mais ce qui est important pour elle c’est que les jeunes puissent avoir des activités les rendant indépendants de leurs parents tout en continuant des études.

Cet article a été publié à l’origine le 10 août 2015.