Madagascar: L’amélioration de la fertilité du sol grâce aux sites de productions intégrés (par Armel Gentien de la FAO, pour Agro Radio Hebdo à Madagascar)

| août 30, 2010

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La famille Moïse ,de Nosibe, à Madagascar, cultivait uniquement le riz et le manioc. M. Moïse dit: « Nous étions fatigués de travailler sans rien obtenir. Grâce aux nouvelles techniques nous avons un meilleur rendement, et nous vendons le surplus de production sur le marché local. »

Avec leur nouvelle technique agricole, les membres de la famille plantent du flemingia le long des billons de contour, sur leurs terrains en pente. Ils cultivent une variété de cultures entre les rangées de flemingia, une plante qui est aussi nommée crotolaria dans certaines régions. Ces collines sont appelées sites de production intégrés.

M. Moïse vit dans la région de Fénérive, dans l’est de Madagascar. Depuis 2004, lui ainsi que beaucoup d’autres agriculteurs travaillent avec le Programme pour la promotion des revenus ruraux. Ce programme est géré par le FIDA, le Fonds international de développement agricole.

Ici, la terre est vallonnée, avec seulement quelques zones plates. Les agriculteurs font leurs cultures sur les pentes. En général, ils pratiquent la culture sur brûlis, localement appelée tavy. Un agriculteur d’Anjahambe explique ce qu’est la culture sur brûlis: « Nous défrichons la terre, puis nous semons les graines. Quand le sol ne produira plus, nous chercherons un autre terrain. Nous allons quitter la terre et la mettre en jachère pendant cinq à six ans avant de revenir la cultiver à nouveau. »

Mais les habitudes changent. Un agriculteur de Namantoana dit: « La culture sur brûlis n’apporte rien. C’est la tradition, mais le sol devient dur et incultivable. » Un autre agriculteur, M. Pierre Bezoky, ajoute: « C’est une mauvaise habitude héritée de nos ancêtres. »

Les gouvernements ont promulgué des lois contre la culture sur brûlis au cours des 50 dernières années. Mais en raison du manque de terres et de la densité de la population, les agriculteurs modifient leurs pratiques lentement.

Les sites agro-écologiques sont une alternative. Ils améliorent la fertilité du sol et la qualité de vie des agriculteurs. M. Raherilalao est agronome. Il explique: « Ces sites sont mis en place sur les pentes. Nous contrôlons l’érosion en plantant une bande de flemingia le long des billons de contour. »

Le flemingia est taillé deux fois par an. Les résidus de l’élagage sont appliqués au sol en guise de paillis. Cela ajoute de la matière organique et des nutriments dans le sol. Le flemingia contribue également à une meilleure structure du sol grâce à l’action de ses racines. M. Raherilalao poursuit: « Nous effectuons une rotation de cultures de légumes, comme les haricots, les concombres et les oignons. Sur les pentes inférieures et supérieures, nous plantons des clous de girofle et du café. « Les agriculteurs cultivent de l’eucalyptus ou des arbres acacia au sommet des pentes pour garder le sol en place. Ces arbres peuvent être utilisés pour fournir du bois de chauffage et de construction.

Un agriculteur d’Anjahambe déclare que son rendement est dix fois plus élevé qu’auparavant. Il utilise le guano. Il s’agit d’un engrais organique qui vient des chauves-souris. Il dit: « Une plante traditionnelle de manioc produit habituellement entre trois à cinq kilos sur cette terre. Maintenant, grâce aux conseils prodigués dans le cadre du projet, à l’engrais organique, à une meilleure fertilité et à la greffe, le rendement de cette plante a atteint jusqu’à 50 kg! »

Maintenant que les agriculteurs protègent leurs sols et ajoutent de la matière organique et des éléments nutritifs, la fertilité des sols s’est améliorée. Les agriculteurs peuvent désormais s’installer pour de bon dans une région. Beaucoup ont cessé de pratiquer la culture sur brûlis.

Avec une plus grande variété d’aliments et des rendements plus élevés, les familles mangent bien et vendent leur surplus sur le marché local. M. Bezoky dit: « La différence est énorme! » Il explique que son revenu annuel était d’à peu près 200 000 ariary (environ 80 euros ou 95 dollars américains). Mais aujourd’hui, il gagne deux millions d’ariary par an (800 euros ou 950 dollars américains). Il reconnaît que sans les conseils émanant du Programme, son revenu n’aurait jamais atteint ce chiffre.

Toutefois, certains problèmes demeurent. La famille Moïse a indiqué que: « Les engrais coûtent cher. Sans le financement du projet, nous n’aurions jamais pu en acheter. » En outre, M. Moïse dit: « Ces techniques nécessitent plus de travail, même si elles engendrent un revenu plus élevé. »

Le projet se termine en 2012. On ne sait pas ce que les agriculteurs feront ensuite. Ils dépendent du projet pour acheter des semences améliorées et de l’engrais. Il n’y a pas de fournisseur de semences ou d’engrais à proximité. Mais le projet prévoit établir un fournisseur de semence et d’engrais dans la région. Les agents du projet connectent également des agriculteurs à des institutions de micro-finance. Ainsi, le système de culture sur les sites agro-écologiques pourra se poursuivre.

Les agriculteurs croient en l’avenir. Un agriculteur d’Anjahambe dit: « Quand on voit la différence de rendement due au site agro-écologique, c’est vraiment impressionnant. Je suis satisfait de ce projet et je vais continuer cette technique pour le reste de ma vie! »