Madagascar: Des femmes s’affranchissent de la tradition et améliorent leur production agricole (Patrick Andriamihaja, pour Agro Radio Hebdo au Madagascar)

| janvier 9, 2012

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Depuis près de 7 ans, les femmes de Fitampito bravent la tradition. Elles aident leurs maris à exploiter les champs. Pourtant, la tradition interdisait aux femmes de travailler la terre. Cette époque est désormais révolue.

Masy Ramazoto est une agricultrice qui travaille dans le village de Fitampito, dans le centre de Madagascar. « À cause de nos coutumes, je n’ai jamais cru que j’aurai la chance d’exploiter nos terres un jour », confie Masy. « Maintenant que je peux travailler tout comme mon mari, et par là même améliorer nos conditions de vie, j’y mets tout mon cœur », enchaîne-t-elle.

Depuis que les paysannes de quelques communes enclavées de la région Haute Matsiatra ont acquis le droit de travailler, les rendements de riz se sont nettement améliorés, passant de deux tonnes par hectare à cinq tonnes par hectare.

Faly et Noro Ndremazoto, deux agriculteurs de la commune de Vohitrafeno, symbolisent cette réussite. Noro s’occupe de la plantation de légumes tandis que son mari Faly s’investit dans la fabrication de charrues à bœufs. Les conditions de vie du couple se sont beaucoup améliorées depuis que Noro travaille la terre. Faly affirme: « Je comprends maintenant à quel point certains aspects des coutumes peuvent freiner le développement. Depuis que ma femme m’aide, j’ai enfin l’occasion de rentabiliser ma passion qui est la menuiserie ».

La riziculture ainsi que la production de céréales, de fruits et de légumes sont les principales activités des femmes. Pour devenir des moteurs du développement agricole, les productrices ont suivi des formations dispensées par des associations locales. Les formations portaient sur la riziculture et la culture maraîchère. Côté riziculture, les paysannes ont acquis une parfaite maîtrise des techniques du SRI, le Système de Riziculture Intensive.  Elles respectent scrupuleusement les procédures de ce système en ce qui concerne, entre autres, les sarclages périodiques, le repiquage ou encore l’introduction. Njaka Harivelo est l’un des formateurs issus de l’association SANTATRA, une association qui a participé à la sensibilisation des paysannes. Il affirme: « Certes, le SRI demande plus de travail que les techniques rizicoles traditionnelles, mais il garantit une production plus massive. »

En plus de la pratique du SRI, ces paysannes ont également été invitées à adopter le riz hybride. En combinant le SRI au riz hybride importé de Chine, un rendement de 8 tonnes par hectare a été enregistré dans certaines communes rurales d’Ambohimahasoa.

Veromanitra Soazanany est une agricultrice de la commune d’Anjoma Itsara, près de  Vohitrafeno. Veromanita a bien apprécié la formation qu’elle a reçue. Elle dit: « Grâce aux formations qu’on nous a données, je suis très à l’aise dans mon travail ». Cette paysanne a amené son mari à abandonner les techniques ancestrales peu productives au profit de techniques modernes. Elle lui a transmis tout ce qu’elle a appris. Besa Narisaona, son mari, envisage même d’élever du bétail, étant donné que sa femme maîtrise parfaitement la culture maraîchère.  Il exprime sa satisfaction: « Je suis content que ma femme ait bénéficié de formations sur l’agriculture, sinon on n’en serait pas là où on est actuellement ».