Liberia : Les survivant(e)s de l’épidémie Ebola créent une coopérative agricole

| juillet 6, 2015

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Le mari et les deux enfants de Sarah Yarkpawolo sont morts des suites de l’épidémie Ebola, mais, quant à elle, Mme Yarkpawolo a sollicité des soins très tôt et a survécu.

La nation tout entière a été affligée lorsque l’épidémie Ebola s’est abattue sur le Liberia en fin 2013. Les agricultrices et les agriculteurs ont abandonné leurs exploitations par peur de contracter la maladie. Mais, comme aucun nouveau cas n’a été signalé depuis juin dernier, plusieurs agricultrices et agriculteurs retournent dans leurs villages et cultivent des denrées comme le riz des marais et le manioc.

Mme Yarkpawolo déclare : « Trop d’agricultrices et d’agriculteurs sont morts des suites d’Ebola. Ils n’avaient jamais su qu’ils avaient été exposés à Ebola et n’étaient donc pas allés se faire soigner très tôt. » Originaire du comté de Lofa, l’agricultrice de 45 ans a créé une coopérative agricole pour les personnes touchées par l’épidémie, mais qui, comme elle, ont été soignées et ont survécu.

L’épidémie Ebola a nui à tout le secteur agricole libérien. Plusieurs ont tout perdu. Mme Yarkpawolo raconte que les oiseaux et les animaux détruisent les habitations et les champs abandonnés sur les fermes. Elle déclare : « Nos maisons ont été vandalisées … La plupart de nos membres ont perdu leurs époux ou leurs épouses à cause d’Ebola. »

Plus de 500 agricultrices et agriculteurs se sont joints à la Coopérative des agricultrices et des agriculteurs survivants d’Ebola pour qu’ils s’entraident.

La coopérative vise à soutenir les survivant(e)s et promouvoir leur bien-être. Mme Yarkpawolo raconte : « Nous avons remarqué que nous étions délaissés et stigmatisés par nos communautés. Certaines ONG ont même refusé de nous donner des semences de riz. Alors, nous nous sommes [organisés] pour parler d’une seule voix et plaider en faveur de tous les agricultrices et agriculteurs ayant survécu à Ebola au Liberia. »

Ciapha Laim tient d’une main sa machette et se promène sur sa ferme. Âgé de 56 ans, ce survivant d’Ebola ne se rappelle pas avoir vu une telle catastrophe décimer sa famille et ses amis de toute sa vie. M. Laim a perdu sept membres de sa famille des suites d’Ebola.

Il s’est joint à la coopérative, en vue de se remettre de l’épidémie Ebola. Il a fini de préparer son champ et attend que les précipitations s’estompent pour planter le manioc.

Lorpu Pewee vit à Zorzor, un village du comté de Lofa. Elle vient juste de finir de construire une cuisine sur sa nouvelle ferme. Cependant, à l’instar de plusieurs agricultrices et agriculteurs de la région, elle n’a aucune semence pour planter cette saison.

Mme Pewee déclare : « Lorsque nous sommes revenus, nous avons consommé le peu de semences qui nous restait, car il n’y avait rien à manger. Maintenant, il ne nous reste plus rien. Nous sommes des gens qui travaillons fort, mais Ebola nous a immobilisés. Nous avons besoin d’une aide urgente. »

Un agent du ministère de l’Agriculture, qui a requis l’anonymat, soutient que son bureau est informé de la situation. Il déclare que l’aide destinée aux agricultrices et aux agriculteurs est en chemin. L’agent affirme : « [Le ministère reçoit] des plaintes de toutes les localités du pays, alors les autorités examineront le problème. »

Toutefois, les agricultrices et les agriculteurs qui ont adhéré à la coopérative comme M. Laim sont résilients. Tout en attendant l’aide du gouvernement, il déclare : « Je n’abandonnerai pas. Je souffre aujourd’hui, mais je vais reconstruire ma vie. »