Lesotho: Avoir la pêche pour métier au Lesotho (IRIN)

| avril 8, 2013

Téléchargez cette nouvelle

Tsotleho Befole est un Sotho de 24 ans qui est allé deux fois en Afrique du Sud au cours de l’année écoulée, pour trouver du travail. Mais aucun de ces voyages ne lui a permis de réussir.

Beaucoup de gens migrent vers l’Afrique du Sud voisine pour chercher du travail dans les mines. Les emplois sont rares au Lesotho, où l’on estime qu’un tiers ou plus de la population est au chômage. Cette migration a atteint son sommet à la fin des années 1980s, alors qu’environ 125 000 Basotho travaillaient dans des mines sud-africaines.

M. Befole montre du doigt une ferme piscicole, au Barrage de Katse, un produit du Lesotho Highlands Water Project, une initiative de 16 milliards de dollars US et vieux de 30 ans. Il dit: « Il n’y a que là-bas qu’il y a du travail. » Le barrage commence à présenter certains avantages inattendus: des emplois.

Mabusetsa Lenka est le directeur des programmes sur l’eau, la justice et l’environnement, auprès d’une ONG nationale appelée Transformation Resource Centre. Il dit que quand le Barrage de Katse a été construit, aucune opportunité d’emploi à plus long terme n’a été considérée. Les retombées économiques potentielles relatives au tourisme ou à l’amélioration des pratiques agricoles avec l’irrigation locale ont été ignorées.

Cependant, d’après M. Lenka: « En ce moment, une chose qu’on est en train d’essayer est la pêche. Cela pourrait représenter une opportunité d’emploi viable. »

Mpiko Ncholu est un homme de 49 ans qui gagne sa vie en attrapant du poisson jaune, un poisson plein d’arêtes dont la valeur commerciale est quasiment limitée à la consommation locale. Il dit: « Lors de ma meilleure journée, j’ai attrapé 60 poissons et les ai vendus pour 700 maluti (90$ US. » Durant les mauvaises journées, il n’attrape rien.

Les maigres prises de M. Ncholu, faites avec ligne et hameçon, contrastent brutalement avec la production de  Katse Fish Farms, aussi appelée KFF. Cette compagnie a été la première à introduire l’aquaculture au Barrage de Katse. KFF, qui emploie plus de 30 personnes, produit 300 tonnes de truites arc-en-ciel chaque année. La compagnie vise à faire augmenter la production jusqu’à 1200 tonnes d’ici 2017, et s’attend à ce qu’une production accrue s’accompagne de plus d’opportunités d’emplois.

Il y a des emplois disponibles pour les gens qui n’ont pas d’expérience en matière de pêche. Jabari Kadafi est un ancien conducteur de taxi qui travaille maintenant pour KFF, gagnant un salaire mensuel de 1500 maluti, soit 164$ US. Cela représente de bons revenus au Lesotho, et lui permet de soutenir ses trois enfants.

Une autre compagnie de pêche, Highlands Trout, a créé 62 emplois. Cette compagnie a mis en place des structures de transformation afin de vider le poisson et de le découper en filets. Il y a aussi des plans de fumage et de salage de la truite, ce qui augmenterait davantage les opportunités d’emploi pour les jeunes locaux.

La Chef Mamphole Molapo préside huit villages des hautes terres. Elle dit que le barrage a des bons et des mauvais côtés. Il y a quelques emplois et des routes, mais les eaux du barrage ont submergé les arbres dont les gens dépendaient pour la combustion et la construction. La Chef Molapo dit: « Quand on veut du bois, on doit mettre la main à la poche. Il y a des boutiques maintenant et quelques bénéfices liés au tourisme, mais il y a aussi beaucoup [de] crime. »

Une entente entre KFF et la communauté stipule qu’environ la moitié d’un pour cent de la valeur de la production de KFF doit être déposée dans un fonds de fiducie communautaire. Ce fonds est géré par un comité de pilotage qui comprend des représentants de la communauté locale et du Lesotho Highlands Water Project. La première initiative que le fonds a appuyée a été la réhabilitation du système local d’eau potable.

En plus d’emplois, les populations locales ont bénéficié d’autres avantages, grâce aux fermes piscicoles: un nouveau type de poisson à manger. Selon les termes de l’entente, la communauté reçoit du poisson après chaque récolte bimensuelle. La Chef Malapo dit que c’est là un bénéfice parce que les populations locales, surtout les personnes âgées, préfèrent manger de la truite plutôt que du poisson jaune. Elle dit: « Les personnes âgées n’ont pas de dents, alors elles ne peuvent pas manger de poisson jaune car il contient trop d’arêtes. »