Les producteurs de café africains menacés par le changement climatique (Deutsche Welle)

| décembre 7, 2020

Téléchargez cette nouvelle

Nouvelle en bref

Le monde semble avoir un goût insatiable pour le café. Cependant, la hausse des températures, les sécheresses et l’irrégularité des pluies compliquent de plus en plus la culture du café. Durant les 30 dernières années, le changement climatique a commencé à menacer les moyens de subsistance de millions de producteurs(rices) de café en Afrique. Cela préoccupe les producteurs(rices) comme Mercy Njambi du Kenya. Elle affirme que sa récolte actuelle ne vaut en rien celles de 10 ou 20 dernières années. De nouvelles solutions sont testées, y compris l’identification de meilleurs sols pour le café à la diversification des cultures que les cultivateurs(rices) de café produisent pour s’assurer d’avoir d’autres sources de revenus.

Certain(e)s savourent son goût, d’autres le boivent pour rester éveillé(e)s. Quelle qu’en soit la raison, le monde semble avoir un goût insatiable pour le café. Selon l’Organisation internationale du café, environ 169 millions de sacs ont été produits durant l’année du café 2019/2020. Cependant, la hausse des températures, les sécheresses et la pluviométrie imprévisible compliquent la culture du café. Dans 30 ans, le changement climatique pourrait détruire la moitié de toutes les plantations de café, ce qui nuirait à des millions d’agriculteurs(rices) africain(e)s. 

L’avenir du café est sombre. Près de 60 % des variétés sauvages de café dans le monde sont en voie de disparition, selon une étude de la revue américaine Science Advances. Cela inclut le café Arabica, une variété qui représente plus de la moitié de la production mondiale du café.  

Au Kenya, cela fait longtemps que les cultivateurs(rices) de café comme Mercy Njambi sont préoccupé(e)s par cette tendance. 

Elle montre les cerises rouges de café qui parsèment les caféiers de sa plantation dans le comté de Muranga, au centre du Kenya. Elle déclare : « Nous avions l’habitude de produire beaucoup de café … Ce que nous récoltons actuellement n’a rien de comparable avec ce que nous avions il y a 10, 20 ans, ou quelque chose de ce genre. »

Les caféiers poussaient bien dans le climat tempéré et les hautes altitudes du comté de Muranga. Cependant, en raison de la hausse des températures et de la pluviométrie imprévisible causée par le changement climatique, les caféiers souffrent maintenant. 

Maina Thuku, son voisin cultivateur de café est lui aussi inquiet. 

Selon ce père de deux enfants, les sécheresses sont plus longues, et plus d’organismes nuisibles causent des dégâts. 

Il ajoute : « Les gens consomment le café partout dans le monde. Nous leur demandons de nous aider, car l’environnement est en train de changer, et bientôt il se pourrait que vous ne puissiez plus déguster cette tasse de café. »

Non seulement le café est une plante originaire d’Afrique, mais c’est la région où il y a le plus de pays producteurs de café. 

Environ 10 millions d’agriculteurs(rices) cultivent le café dans 25 pays africains. L’Éthiopie où les habitudes de consommation du café se sont développées, ainsi que l’Ouganda, la Tanzanie et le Kenya, produisent 80 % des exportations totales de café d’Afrique, selon la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. 

Sur le plan agricole, l’Afrique de l’Est est l’une des régions du monde qui se prête le mieux à la culture du café. Les températures sont modérées sur les hauts-plateaux et il pleut suffisamment pour garder les sols fertiles. 

Toutefois, le changement climatique menace cet équilibre fragile. Selon une nouvelle étude de l’Institut des ressources mondiales : « Si des mesures appropriées ne sont pas prises, les experts croient que le changement climatique réduira la superficie de culture du café de près de 50 % dans le monde d’ici 2050. »

Cela pourrait avoir de graves conséquences pour l’Afrique, soutient Hauke Engel du groupe de consultation McKinsey. 

Il déclare: « Ce chiffre cache en réalité un plus grand problème. Même si certaines régions pourraient se prêter mieux à la culture du café en raison du changement climatique, les producteurs ne peuvent pas se lever simplement et y aller. »

Pour permettre aux petit(e)s producteurs(rices) de garder le cap, les acheteurs(euses) de café devraient investir dans la formation de leurs fournisseurs, affirme Engel. 

Muthoni Schneidewind fondatrice de la boutique en ligne Chania Coffee, est l’une de ces acheteuses qui vendent du café équitable depuis le Kenya. 

Madame Schneidewind a grandi dans une famille de producteurs(rices) de café au centre du Kenya et son père est l’un de ses fournisseurs. Pour le moment, elle essaie surtout de trouver les moyens d’aider les cultivateurs(rices) de café à rester en activité. 

Elle explique : « Tout mon village mise sur le café. C’est notre héritage et nous devons le préserver. » Elle ajoute que son entreprise a commencé à apprendre aux producteurs(rices) les techniques pour tirer le meilleur profit de leurs caféiers. Elle déclare : « Nous avons commencé à fournir à ces planteurs de nouveaux caféiers. Nous avons pu analyser les sols et déterminer ceux sur lesquels il était préférable de planter. »

Sa société encourage également les producteurs(rices) à cultiver diverses cultures telles que les bananiers, le macadamia et d’autres en plus du café pour avoir des sources de revenus supplémentaires. 

Les cultivateurs(rices) de café pourraient apprendre de la culture du cacao pour protéger leur activité du changement climatique, affirme Friedel Hütz-Adams, chercheur chevronné et expert en cacao du Südwind Institute for Economy de Bonn, en Allemagne. 

Monsieur Hütz-Adam déclare : « Le cacao et le café sont relativement sensibles aux changements climatiques, et la découverte et la culture de variétés de café résistantes au changement climatique pourraient aider. »

Il prévient que, sans l’aide des gouvernements et des sociétés, la culture du café dans sa forme actuelle ne peut être sauvée : « Il faut faire des investissements, car les cacaoyers et les caféiers mettent du temps à produire, et cela coûte des milliers de dollars. »

Pour les petit(e)s producteurs(rices) de café, qui gagnent souvent juste de quoi nourrir leurs familles, ces sommes sont excessivement élevées. 

Monsieur Hütz-Adams déclare : « Si nous voulons avoir un système de production de café durable, nous devons payer le prix qui permettra aux producteurs de faire les investissements nécessaires. »

Faute de quoi, la production de café au Kenya, en Ouganda et en Éthiopie pourrait prendre fin dans quelques décennies. Les cultivateurs(rices) comme le père de madame Schneidewind risquent de perdre leur mode de vie et leur héritage de culture du café. 

La présente nouvelle est adaptée d’un article intitulé « How climate change threatens African coffee farmers. », initialement écrit par Silja Fröhlich et publié par la Deutsche Welle. Pour lire l’intégralité de l’article et regarder des vidéos connexes, visitez le : https://www.dw.com/en/how-climate-change-threatens-african-coffee-farmers/a-55648060