Kenya : Une productrice de blé passe au haricot

| décembre 12, 2016

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C’est une matinée fraîche dans le comté de Bomet, dans la vallée du Rift, au Kenya, mais Loise Chelagat est déjà debout. Elle s’est réveillée à 5 h pour préparer le petit déjeuner pour sa famille et envoyer ses enfants à l’école. À présent, elle sarcle son champ de haricot.

Elle déclare : « C’est le temps du sarclage et je dois commencer tôt avant qu’il ne commence à pleuvoir en début d’après-midi. »

Mme Chelagat a semé du haricot sur trois de ses 12 acres. Cela fait sept ans qu’elle produit du haricot et elle est très heureuse d’avoir pris cette décision.

Elle explique : « Mes beaux-parents ont cultivé le blé pendant des années, et nous avons décidé de faire aussi un essai avec le haricot, car le blé ne réussissait plus avec les changements climatiques. Je suis très contente du résultat que génèrent mes haricots au fil des ans. »

Mme Chelagat est un des nombreux agriculteurs et agricultrices kényans qui délaissent la culture traditionnelle du maïs et du blé au profit du haricot. Dans plusieurs communautés agricoles kényanes, le haricot est considéré comme une culture de femme, car on le cultivait surtout pour la consommation locale et sa vente ne rapportait pas beaucoup d’argent. Cependant, la situation a changé. Avec des semences fiables, Mme Chelagat peut être sûre d’avoir un bon revenu avec sa récolte de haricot.

Davis Karanja est le coordonnateur du projet sur les légumineuses vertes de l’Organisme kényan de recherche en agriculture et en zootechnie. Il affirme que les haricots sont de plus en plus prisés au Kenya, car ils sont nourrissants et fournissent un bon revenu aux agriculteurs et aux agricultrices qui disposent d’un excellent marché à l’échelle nationale et à l’étranger. Des producteurs et des productrices comme Mme Chelagat vendent désormais le sac de 90 kilogrammes à 50 $US.

M. Karanja se hâte d’ajouter que la culture du haricot comporte des difficultés. Il explique : « Les nouveaux régimes climatiques aggravent les problèmes de maladies et d’organismes nuisibles. Le haricot exige beaucoup de travail. Les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales ont besoin de mains supplémentaires, surtout lorsqu’ils veulent cultiver de plus grandes superficies. »

Mme Chelagat cultive une variété améliorée de haricot qui résiste aux organismes nuisibles et aux maladies, en plus de bien pousser même sous des conditions climatiques capricieuses. Six semaines après avoir semé un kilogramme de semences, elle peut s’attendre à récolter environ 30 kilogrammes de haricot.

Pour régler le problème de main-d’œuvre, Mme Chelagat et ses collègues agricultrices du comté de Bomet se relaient l’une l’autre dans leurs champs respectifs pour cultiver, sarcler, récolter et battre les cultures. Elle explique : « Durant ces périodes, toutes les femmes se réunissent dans un champ [pour travailler] et passent à un autre champ jusqu’à ce le travail soit terminé. »

La récolte du haricot a lieu en saison chaude, lorsque les cosses deviennent marron et dures, et que les graines cliquètent quand on secoue les cosses. Après la récolte, Mme Chelagat conserve son haricot dans un entrepôt fait en tôles de fer. Elle explique : « Les tôles permettent d’éviter les rats et les charançons. Mon magasin est surélevé et comporte des ouvertures sur les côtés pour laisser [l’air] circuler et faciliter le séchage. »

Mme Chelagat soutient que le secret de sa réussite réside dans le fait qu’elle prépare assez tôt sa terre pour les semis pour prévenir les mauvaises herbes. Elle ajoute : « J’utilise aussi de l’inoculant rhizobien que j’achète au bureau des services de vulgarisation agricole. » Les légumineuses telles que le haricot utilisent le rhizobium, une bactérie présente dans le sol, pour capter l’azote atmosphérique afin de la transformer en un produit que peuvent utiliser les plants. Les cultivateurs et les cultivatrices peuvent acheter des inoculants rhizobiens pour les injecter dans le sol afin de renforcer ce processus.

M. Karanja recommande aux agriculteurs et aux agricultrices d’utiliser les inoculants rhizobiens parce qu’ils apportent de l’azote au sol, ce qui est très important, surtout lorsque le haricot commence à germer.

L’époux de Mme Chelagat travaille à la municipalité du comté et n’a pas un salaire élevé. Mais avec le revenu supplémentaire que gagne Mme Chelagat avec son haricot, elle peut l’aider à payer les factures et subvenir aux besoins des enfants.

Le couple continue tout de même à cultiver du blé. Mme Chelagat déclare : « Nous cultivons toujours le blé, car la famille de mon mari croit que nous devons avoir un lopin consacré au blé. Par conséquent, il s’occupe de la vente du blé. »

Mme Chelagat se hâte de terminer son sarclage parce que ses enfants rentreront bientôt de l’école. Non seulement le haricot génère un bon revenu pour la famille, mais il leur fournit également des repas sains. Riant, elle explique : « Je dois préparer du haricot pour le souper. Mon [cadet] aime le haricot et peut en manger tous les jours. Vous voyez donc, ce n’est pas seulement pour l’argent, ma famille aime le haricot aussi. »