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Kenya : Une piscicultrice fabrique des aliments pour poissons avec des matériaux locaux

Hey les bêtes!  hurle Lilly Kerubo.

Madame Kerubo est piscicultrice à Bonyunyu, un village du comté de Nyamira, à l’ouest du Kenya. Cette femme de 45 ans appelle ses poissons tout en marchant le long du bord d’un des trois bassins se trouvant sur sa terre de deux acres.

Des bulles apparaissent à la surface de l’eau et des vaguelettes s’étalent à l’extérieur à mesure que les plus frénétiques des poissons sortent de temps en temps la tête de l’eau, comme s’ils voulaient l’atteindre.

Madame Kerubo sourit et soulève une auge remplie d’aliments pour poissons. Elle déclare :  Vous voyez comme ils sont contents après avoir entendu ma voix? Ces créatures sont excitées parce que je leur ai apporté à manger.

Elle affirme que les bassins sont généralement si calmes qu’on ne réalise pas qu’il s’y trouve des poissons, surtout lorsque ces derniers n’ont pas eu à manger.

Elle nourrit ses poissons deux fois par jour, matin et soir.

Toutefois, il y a eu des périodes où Mme Kerubo les nourrissait seulement une fois par jour.

Autrefois, elle dépensait 35 000 shillings kényans (environ 340 $US) pour acheter des aliments toutes les saisons. Elle avait quasiment arrêté d’élever du poisson en raison du coût excessif de leurs aliments.

Mais elle décida de fabriquer elle-même des aliments pour poissons à partir de produits locaux. C’est la raison pour laquelle elle peut aisément donner autant à manger à ses poissons désormais.

En se servant de résidus alimentaires tels que les épluchures de légumes, elle peut fabriquer ses propres aliments pour poissons à un coût dérisoire. Elle utilise également de la poudre de dagaa, faite à base de petits poissons, ainsi que de la balle de céréales.

Elle explique :  Après avoir battu les épis de mil rouge, de maïs ou même de sorgho, la majorité des agriculteurs et des agricultrices jugent que la balle ne leur sera plus d’aucune utilité et, par conséquent [s’en] débarrassent. Mais j’ai fait un test avec ça [pour fabriquer des aliments] et cela a parfaitement fonctionné pour moi.

Pendant la période des récoltes, Mme Kerubo demande aux agriculteurs et aux agricultrices les résidus provenant des épis battus. La balle est jugée inutile, et est jetée immédiatement après le battage. Donc, ils la lui offrent gratuitement.

Dismas Okara est un spécialiste kényan en nutrition animale. Il soutient que les aliments de Mme Kerubo ont une teneur très élevée en protéines et en énergie, deux choses dont ont besoin les poissons pour croître.

Monsieur Okara explique :  Par exemple : la balle de céréales : est riche en minéraux tels que le calcium et a également une forte concentration en glucides nécessaires pour la croissance des animaux. De plus, le dagaa est une très bonne source de protéines pour les poissons.

Damiel Ratemo est une piscicultrice qui vit dans le village voisin de Bomabacho. Elle est enthousiaste à l’idée de fabriquer des aliments pour poissons plutôt que d’en acheter. Elle déclare :  Je suis réellement motivée par ce que fait Mme Kerubo, et je crois que c’est quelque chose que je dois faire pour mes poissons.

Mme Ratemo ajoute :  Actuellement, je dépense près de 10 000 shillings kényans (près de 97 $US) pour nourrir les poissons pendant une saison complète.

Mme Ratemo a entassé des dizaines de sacs remplis de résidus de maïs, de mil rouge et de blé. Elle a l’intention de les utiliser pour faire des aliments pour poissons.

Mme Kerubo est satisfaite des résultats que lui procurent ses aliments pour poissons faits maison. Ses prises ont augmenté. Elle déclare :  Un tilapia de taille moyenne qui autrefois aurait pesé autour d’un demi-kilo pèse maintenant le double et, en moyenne, leur poids varie entre un et deux kilogrammes.

Mme Kerubo récolte en moyenne 500 poissons dans chacun de ses trois bassins. Dans sa région la demande pour le poisson est forte. Elle déclare :  Les commerçant(e)s affluent chez moi pour être certains d’obtenir mes meilleures prises, qu’ils vont ensuite vendre dans les zones urbaines voisines.

 

Photo: Lilly Kerubo