Kenya : Une agricultrice fait fortune en transformant les mauvaises herbes en jus (par Sawa Pius, pour Agro Radio Hebdo au Kenya)

| février 20, 2012

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À soixante ans, Margaret Wanjiru a fait fortune en exploitant des mauvaises herbes qu’elle trouve sur sa ferme, à Ngong, près de Nairobi, la capitale du Kenya. Au lieu de les déraciner, Mme Wanjiru les cultive et les utilise pour faire du jus.

Les mauvaises herbes qu’elle utilise sont le blackjack, l’amarante à racine rouge, le Lantana camara, l’Oxalis stricta, et le Tradescantia fluminensis. Elle fait un cocktail en mélangeant ces variétés avec des légumes-feuilles indigènes tels que le Chlorophytum comosum, la morelle noire et l’amarante. Elle explique que les mauvaises herbes sont des plantes que les agriculteurs déracinent et jettent. Elles ne sont généralement pas consommées. Les légumes indigènes sont des plantes que les agriculteurs mangent depuis de nombreuses années, et ils deviennent populaires à nouveau grâce aux agriculteurs qui en font la promotion.

La longue expérience de Mme Wanjiru en tant d’agricultrice biologique a débuté en 1962, alors qu’elle accompagnait sa grand-mère à la ferme. Elle a appris que différentes variétés de mauvaises herbes étaient consommées il y a plusieurs années, alors que les gens n’y connaissent pas grand-chose de nos jours.

Quand elle s’est mariée en 1974, elle a goûté les mauvaises herbes et a constaté qu’elles étaient délicieuses. Elle a commencé à préparer un mélange de mauvaises herbes que son mari et ses enfants aimaient bien. En 2002, elle a introduit ces herbes dans un marché local, à la fois sous formes fraîche et cuite.

Elle dit : « Quand les gens voyaient les mauvaises herbes crues, ils se moquaient et disaient qu’elles ne sont pas pour les êtres humains, étant donné que les mauvaises herbes étaient habituellement consommées par les chèvres et les lapins. Mais quand je leur donnais le mélange de mauvaises herbes cuites, ils étaient surpris. »

Avec la sécheresse de ces dernières années, Mme Wanjiru a eu moins de mauvaises herbes à vendre alors que sa clientèle augmentait. Alors, elle a essayé de faire du jus à partir des mauvaises herbes. Le bénéfice de la vente du jus est presque le triple de celui de la vente des mauvaises herbes.

Elle explique : « Un sac en papier rempli de mauvaises herbes peut produire environ huit litres de jus. Un litre de jus se vend à 250 shillings kenyans, ce qui correspond à un peu plus de trois dollars américains. Mais un tas de légumes se vend à 100 shillings, ce qui revient à environ 1 dollar américain. »

La fabrication de jus est simple, comme l’explique Mme Wanjiru. « Je fais bouillir de l’eau dans une grande casserole. Une fois l’ébullition atteinte, je retire l’eau du feu, je lave les mauvaises herbes et je les plonge dans cette eau, y compris les tiges. Je continue à remuer, puis je couvre le tout. » Quand le jus est refroidi, elle le tamise et le verse dans des contenants, y ajoutant du citron comme agent de conservation. Le jus est alors prêt à boire.

Elle dit que le jus et les légumes-feuilles ont des niveaux élevés de nutriments qui peuvent aider à guérir des maladies comme le diabète et l’arthrite, et à combattre les maladies courantes. Il peut y avoir une certaine vérité scientifique dans ces prétentions, selon la nutritionniste Florence Habwe. Mme Habwe, de l’Université de Maseno, au Kenya, a effectué des analyses nutritionnelles des légumes indigènes africains comme la morelle, l’amarante, le crotalaire et le niébé.

Elle explique : « Des tests scientifiques devraient être effectués pour voir s’il ya des substances toxiques comme l’aflatoxine. Mais on pourrait aussi découvrir [que ces plantes] ont une valeur nutritive encore plus élevée qu’on le croit. Il est vrai que plusieurs légumes indigènes ont une valeur médicinale. »

Les clients de Mme Wanjiru consomment cinq litres de jus en trois semaines environ. Elle dit : « Je dis à mes concitoyens africains : revenons à nos aliments et légumes traditionnels. De nos jours, les gens sont paresseux, ils ne veulent pas aller dans les jardins pour ramasser des légumes. Mais si vous êtes agriculteur et que vous continuez à manger ces légumes, vous resterez en bonne santé. »

Maintenant Mme Wanjiru voyage à travers le continent. Elle encourage les gens à manger et à boire les mauvaises herbes et les légumes indigènes. Mais le jus fabriqué à partir de mauvaises herbes et de légumes indigènes demeurent la principale source de revenus de Mme Wanjiru.