Kenya : Un projet communautaire restaure les moyens de subsistance forestiers

| juin 30, 2014

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Zakaria Lihanda Masheti vit à côté de la forêt Iloro depuis son enfance. Son ménage compte parmi les quelque 5 000 ménages qui dépendent directement de la forêt pour vivre. L’homme de 70 ans a été témoin de la destruction progressive de la forêt de 490 hectares par la combustion du charbon de bois, le pâturage des animaux, la collecte de bois de feu et d’herbes naturelles, la chasse et d’autres activités menées par la communauté.

Cependant, grâce à un projet de crédit de carbone de 40 ans, la forêt a commencé à se redresser au cours des dernières années. Le projet intitulé Msitu tena (Forêt à nouveau en souahéli) est géré par la Muileshi Community Forest Association (association de la forêt de la communauté Muileshi). L’organisation a signé un accord avec le Kenya Forest Service (service forestier du Kenya) pour gérer la forêt et aussi avec ECO2 Librium, une ONG qui aide à promouvoir les crédits carbone à l’échelle internationale.

Pour M. Zakaria, le projet est plus qu’une simple bénédiction pour la communauté; c’est aussi une source de revenus. Avec d’autres membres de la communauté, il plante des arbres indigènes. Les populations locales cultivent des semis et les vendent aux fins du projet. Le projet les emploie afin qu’elles délimitent les zones de plantation et qu’elles creusent des trous de plantation pour les jeunes arbres et les paie en échange de leur travail.

« J’ai même réussi à acheter une vache laitière et à payer les droits de scolarité de mon enfant qui a maintenant presque terminé ses études secondaires », de dire M. Zakaria.

Sylvester Imbwaga est le secrétaire de la Muileshi Forest Association. Il dit qu’environ 120 membres de la communauté sont employés par le projet de réhabilitation. Chaque membre gagne entre 3 500 et 8 000 shillings kenyans (40-90 $ US) en fonction du nombre de jours travaillés.

« Nous voulons réduire la pression exercée sur la forêt. Tout le monde autour de la forêt s’en sert pour survivre », ajoute M. Imbwaga.

Meshack Amalemba vit à côté de la forêt. Il applaudit le projet et dit qu’il ramènera la gloire perdue de la forêt. Il affirme que la forêt a perdu ses herbes, ses oiseaux, ses serpents, ses abeilles et d’autres animaux lorsque la forêt a été rasée dans les années 1960. « Nous ne faisons pas cela pour nous mais pour les futures générations », ajoute-t-il.

Peut-être que le volet le plus important du projet est l’argent qui sera généré par la vente de crédits de carbone. Les sociétés dont les activités produisent des gaz polluants tels que le dioxyde de carbone peuvent acheter des crédits de carbone. Les crédits de carbone servent ensuite à payer les communautés pour qu’elles puissent planter des arbres ou entreprendre d’autres activités qui réduisent les émissions de GES. Les arbres captent le dioxyde de carbone de l’atmosphère et conservent le carbone dans leurs troncs, leurs branches et leurs racines à mesure qu’ils grandissent.

Les crédits de carbone sont une grande entreprise à l’échelle internationale et une source de revenus pour les communautés qui peuvent investir dans des démarches bénéfiques pour l’environnement. Le projet Msitu tena permettra d’amasser 200 millions de shillings kenyans (près de 23 000 $ US). La communauté partagera l’argent avec ECO2 Librium et le Kenya Forest Service.

Christopher Amutabi travaille au sein d’ECO2 Librium. Il affirme que le projet devra atteindre des objectifs précis. Le projet, d’une durée de 40 ans, devra améliorer les moyens de subsistance, aboutir à une plus grande biodiversité et améliorer la conservation du secteur.

Pour que les populations locales reçoivent l’argent provenant de la vente de crédits de carbone, elles doivent planter des arbres et les protéger jusqu’à ce qu’ils arrivent à maturité. D’autres activités ont déjà été mises en place pour aider les habitants locaux et les habitantes locales à protéger la forêt. L’apiculture, la pisciculture, les projets de vaches laitières, l’élevage de jeunes arbres et les poêles écoénergétiques sont tous très populaires. D’autres démarches à venir consisteront en l’élevage de serpents et le développement du tourisme.

Au total, 182 hectares de la forêt ont été replantés. Selon les prévisions, l’ensemble de la zone de 490 hectares aura été réhabilitée d’ici quelques années.

M. Imbwaga dit que le projet prévoit la distribution de refroidisseurs de lait dans la communauté et l’emballage et la vente de farine de maïs. L’association a acheté des machines à jus pour produire du jus de goyave. « Toutes ces démarches visent à créer des emplois pour la communauté », ajoute-t-il.