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Kenya: Un groupe d’hommes combat la stigmatisation grâce à l’agriculture (par Sawa Pius, pour Radios Rurales Internationales au Kenya)

En 2007, Robert Amakobe a publiquement déclaré qu’il était VIH-positif. Il a formé le Groupe de Soutien pour Hommes Elwesero, avec d’autres hommes qui parlaient publiquement de leur statut VIH positif. Ça a été un moment difficile. Les propres parents de certains de ces hommes se sont retournés contre eux. La réaction de la communauté, en général, a été pire. Les autres hommes les ont menacés et leur ont écrit des lettres d’insultes. Mais le groupe a continué malgré les épreuves.

Leur groupe était probablement le premier groupe de soutien pour hommes vivant avec le VIH. C’est devenu une force importante pour dissiper le stigma par rapport au VIH et au sida, dans leur communauté. Cela bénéficie aux membres individuels car ils travaillent ensemble pour améliorer leur santé et leurs moyens de subsistance. Et le groupe collecte même des fonds pour soutenir d’autres personnes affectées par le VIH et le sida.

M. Amakobe explique pourquoi il a démarré le Groupe de Soutien pour Hommes Elwesero: « Le nombre croissant de décès était alarmant et les gens ne voulaient pas faire le lien avec le VIH. Ils croyaient toujours à la sorcellerie. C’est pourquoi, je me suis publiquement identifié et j’ai commencé à recruter d’autres hommes. »

Il y a maintenant trente membres dans le groupe. Leur âge varie: certains sont des jeunes non-mariés, d’autres sont des personnes plus âgées de 70 et 80 ans. Ils vivent tous avec le VIH ou le sida.

Le groupe a commencé à faire pousser des légumes, y compris des variétés indigènes qui contiennent des nutriments pour stimuler l’immunité. Le groupe mange une partie des légumes et en vend une partie dans les marchés et les communautés environnants.

Quand le groupe a commencé à vendre des légumes, il y a eu une forte résistance de la part des communautés. M. Amakobe dit: « Les gens refusaient de nous acheter des légumes, pensant qu’ils contracteraient le VIH/sida. Mais nous emmenions les légumes au marché et les membres les achetaient. Quand certaines personnes ont vu cela, elles ont petit à petit commencé à acheter les légumes aussi. »

Cela a aidé le groupe à recevoir une réaction positive de la part des communautés. Maintenant, beaucoup de gens commandent des légumes au groupe. Les revenus permettent de payer le loyer pour un petit espace de bureau. Le groupe utilise ce bureau pour offrir des services de counselling aux autres membres et pour discuter de leurs propres activités. Les hommes qui viennent pour le counselling se sentent libres de partager leurs problèmes parce qu’ils ne trouvent que des hommes dans la salle.

La marge de profit découlant de la vente de légumes est aussi utilisée pour aider les membres du groupe qui sont grabataires et pour soutenir 23 enfants qui sont orphelins ou qui sont dans des situations de vulnérabilité à cause du VIH et du sida. Le groupe d’hommes paie les frais scolaires des enfants et couvre d’autres nécessités.

En plus de faire de l’agriculture, le groupe fournit des semences et éduque des agriculteurs sur les méthodes de plantation de cultures, et sur les légumes qu’il faut manger afin de stimuler l’immunité. M. Amakobe dit qu’en suivant un régime approprié, on peut vivre longtemps avant de commencer des traitements anti-rétroviraux. Le groupe croit que le traitement ne repose pas seulement sur les médicaments, mais aussi sur la nourriture, l’exercice et le fait de vivre une vie heureuse.

Le groupe a recruté davantage d’hommes en parlant en public. Certains membres du groupe ont été formés par une organisation appelée Société pour les Femmes et le SIDA au Kenya. La formation portait essentiellement sur les façons d’amener les hommes VIH-positifs à déclarer ouvertement leur statut, à accepter leur statut, à le divulguer à leur famille, et ensuite publiquement. Une fois qu’ils le déclarent publiquement, il faut qu’ils sachent comment faire face au stigma venant de leur famille et de leur communauté. Cela a conduit M. Amakobe et ses collègues à se rendre à différents forums, incluant des funérailles, où ils ont demandé à avoir la parole pour annoncer leur statut et décrire comment ils vivent avec.

Le groupe connaît encore certaines difficultés. Les membres ont une serre mais pas d’eau. La source d’eau la plus proche est très loin, ce qui fait que les hommes ont du mal à transporter de l’eau pour les légumes. Parfois, les hôpitaux n’ont pas assez de médicaments, alors ils doivent les acheter pour les membres. Un autre défi cité par M. Amakobe est que la communauté a de grandes attentes parce que tout le monde les connaît, eux et leur travail. Il dit: « Quand une personne devient grabataire, mais [n’est] pas membre [de notre groupe], on nous appelle en nous disant que notre patient est ici et qu’on doit aller le chercher. » Cela montre combien de réalisations le groupe a accomplies en seulement quelques années. Ils ont réussi à changer les attitudes et à rendre la vie meilleure.