Kenya : Un destin « aride » pour les éleveurs et les agriculteurs à mesure que la sécheresse s’intensifie (Trust)

| novembre 30, 2015

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C’est un après-midi chaud et venteux dans le village de Kiboya. Des feuilles poussiéreuses tourbillonnent autour d’Ekidor, sa femme Martha et leurs deux fils assis sous un acacia, près du barrage de Kajunge. Ils attendent leur tour pour abreuver leurs bêtes.

M. Ekidor et sa famille ont parcouru plus de 10 kilomètres avec leurs 140 bovins, moutons et chèvres pour se rendre au barrage. C’est le seul point d’eau communautaire qui reste dans ce bassin de plaine du comté de Laikipia, situé à environ 250 kilomètres, au nord de Nairobi, la capitale du Kenya.

Le berger déclare : « Il y a près de trois ans, on trouvait beaucoup de pâturage et d’eau ici. Maintenant, les saisons sont devenues très imprévisibles, et cela bouleverse nos plans. »

D’habitude, les bergers migrent avec leur bétail en saison sèche à la recherche de pâturage et d’eau. Mais les saisons sèches de plus en plus longues et la précarité des pluies leur mettent beaucoup de pression. Parallèlement, la croissance agricole génère un besoin accru d’eau pour les cultures et le bétail des éleveurs sédentarisés.

Pour pallier la situation, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture travaille avec les autorités du comté de Laikipia en vue d’aider les agricultrices et les agriculteurs à délaisser l’agriculture de conservation au profit de méthodes exigeant moins d’eau afin de leur permettre de préserver le peu d’eau qui leur reste.

Margaret Mwangi pratique l’agriculture de conservation depuis deux ans dans le village de Kasigoye. Elle soutient que ces techniques lui ont permis de cultiver du maïs, du haricot, des patates et des oignons pendant toute l’année.

Mme Mwangi déclare : « Cette année, la sécheresse a été longue, mais les cultures n’en ont pas souffert. Nous n’avons même pas eu à pomper l’eau du barrage. »

Samuel Kamau cultive dans le village d’Olmoran. Il a acheté une terre d’un hectare et demie en 1990 pour cultiver des oignons, du maïs et des tomates. M. Kamau se rappelle : « Il y avait peu de gens dans les parages. C’était un pâturage occupé par des éleveurs [avant que je l’achète]. La terre était si fertile, et la configuration des pluies était parfaite. L’agriculture était une activité vraiment rentable. »

Mais la mauvaise pluviométrie et les dégâts causés par les troupeaux de bétail font que l’agriculture n’est plus une source de revenus fiable. M. Kamau explique : « L’an dernier, j’ai perdu [un demi-hectare] de maïs d’une valeur de 100 000 shillings [980 $US], qui ont été saccagés par le bétail. » Il soutient que certains bergers sont armés, et qu’il a peur de les affronter. M. Kamau ajoute : « Vous prenez des risques chaque fois que vous vous plaignez. »

Simon Mwangi est le président du Water Resource Users Association. Il affirme que l’association essaie de résoudre les conflits en organisant des rencontres durant lesquelles les bergers et les agriculteurs peuvent présenter leurs doléances.

La majeure partie des terres du comté de Laikipia était la propriété collective des éleveurs et était gérée par les conseils de comté. Mais l’État a récemment vendu la moitié des terres du comté aux propriétaires de ranchs, et le reste est occupé par des agricultrices et des agriculteurs d’exploitations familiales.

Ce changement a généré un conflit pour le contrôle des ressources d’eau entre les agriculteurs et les éleveurs, même si les derniers ont encore le droit de faire paître leurs troupeaux dans la région, sous réserve de négocier avec les propriétaires fonciers.

La femme de M. Ekidor, Martha, qui a 26 ans, déclare qu’avant les animaux paissaient et broutaient librement en plein champ. Elle affirme qu’il est impossible pour une personne de garder les animaux en dehors des champs agricoles. Mme Ekidor explique : « De nos jours, je ne peux rien faire d’autre … je sors toujours en compagnie de mon mari pour surveiller les animaux. » Cela ajoute une pression supplémentaire sur les ménages et la vie de famille.

M. Ekidor est d’avis qu’il est difficile de garder les vaches assoiffées loin des champs des agriculteurs. Il déclare : « Il y a beaucoup de pâturage et d’eau dans ces exploitations agricoles. Lorsqu’elles ont faim, les vaches quittent [nos terres] au milieu de la nuit. Nous les retrouvons dans les exploitations d’autres personnes le lendemain matin. »

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « À mesure que l’eau se raréfie, le conflit entre bergers et agriculteurs s’exacerbe », cliquez sur : http://www.trust.org/item/20151123073426-fqt5n/