Kenya: Un berger massaï passe du bétail au poisson (par Sawa Pius, pour Agro Radio Hebdo, au Kenya)

| février 4, 2013

Téléchargez cette nouvelle

Ole Tolu Kamango n’a jamais mangé de poisson de toute sa vie. Cela n’est pas si surprenant puisque M. Kamango est un homme massaï de plus de 70 ans. Ce qui est plus étonnant est le fait que M. Kamango élève et vend du poisson. Il a abandonné l’élevage de bétail, le mode de vie traditionnel massaï, en faveur de l’élevage de poisson et de l’agriculture.

M. Kamango vit dans un ranch de groupe situé au sud de Nairobi, la capitale du Kenya. Ce terrain communautaire appartient au peuple massaï. L’activité principale y est l’élevage de bétail. Mais l’élevage d’animaux devient plus difficile. La population vivant dans le ranch augmente, ce qui sollicite énormément les espaces de pâturage. Le climat changeant n’a fait qu’empirer les choses.

La sécheresse qui a dévasté l’Afrique de l’Est en 2009 a été un point tournant pour M. Kamango. Il a perdu des centaines de bêtes. Il a fait le constat qu’il n’y avait pas assez de pâturages pour ses animaux, et il savait qu’il lui fallait trouver une alternative. M. Kamango a décidé qu’il était temps d’apprendre à vivre de façon sédentaire.

En tant que membre du ranch communautaire, M. Kamango s’est vu attribuer un lopin de terre fertile, près de la rivière. Il y a trois ans, il s’est installé là de façon permanente et a commencé à cultiver des plantes. Il a aussi appris à faire de la pisciculture auprès de vulgarisateurs agricoles. Il a vite été capable de construire son propre bassin afin d’élever des poissons. Son mode de vie a complètement changé.

M. Kamango ne mange toujours pas de poisson. Mais il dit: « Je peux maintenant produire de très gros tilapias et d’autres variétés de poisson que je vends à ceux qui en mangent. » Il vend son poisson dans un centre commercial, situé dans un ranch voisin.

Il cultive diverses plantes sur son terrain de trois hectares. Les papayes, les mangues et le gombo sont quelques-unes des denrées qu’il cultive, en plus d’aliments de base telles que le maïs, les bananes et les haricots. M. Kamango vend sa récolte à Nairobi et dans d’autres villes voisines.

Son entreprise diversifiée a beaucoup de succès. M. Kamango gagne plus d’argent maintenant que quand il était pasteur. Ses fils, qui ont étudié à l’université, l’aident à gérer la ferme. Ils font aussi de l’agriculture commerciale sur leur propre terrain.

M. Kamango n’a plus à se soucier de trouver des espaces de pâturage. Mais ses nouvelles activités présentent quand même certaines difficultés. Il se plaint que les routes entre son ranch et les villes voisines sont en piteux état. Et il peut être difficile de trouver des véhicules pour transporter ses produits vers le marché.

Un autre problème est l’accès à l’eau. Avec le nombre croissant de membres du ranch qui se tournent vers l’agriculture, la demande en eau d’irrigation a augmenté. Certains agriculteurs ont creusé des tranchées pour diriger l’eau vers leur ferme, aux dépends d’autres fermes.

M. Kamango dit que des efforts sont faits pour surmonter ces difficultés. Certains agriculteurs ont acheté des véhicules pour transporter leurs denrées vers le marché. Et un sous-comité pour l’irrigation a été créé dans le ranch pour assurer une gestion adéquate de l’eau et pour éviter les conflits liés à l’eau.

Malgré ces difficultés, M. Kamango et sa famille tiennent à leur nouveau mode de vie. Il dit que son entreprise diversifiée est plus avantageuse pour sa famille. M. Kamango a récemment commencé à commercialiser ses produits vers la Tanzanie, une initiative qui, il l’espère, rendra son entreprise encore plus rentable.