Kenya: « Notre terre est devenue une zone de guerre » (IRIN)

| septembre 27, 2010

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Mohamed Barre Ali vit à Dadachabulla, dans le district deWajir Sud, dans le nord-est du Kenya. M. Ali est un ancien et le président du comité de paix local. Il a expliqué à IRIN comment des années d’instabilité, dans la Somalie voisine, ont eu une incidence sur son village, situé à environ 10 kilomètres de la frontière avec la Somalie.

« Je suis un vieil homme, qui ai plus de 65 ans. Je suis né ici, à Dadachabulla et j’ai passé la majeure partie de ma vie à faire de l’élevage, me déplaçant avec le bétail à la recherche de pâturages et d’eau, et j’ai été engagé dans une petite entreprise familiale.

« Autrefois, Dadachabulla, un village à cheval sur la frontière entre le Kenya et la Somalie, était populaire auprès des propriétaires de bétail en raison de la disponibilité de l’eau et des pâturages. C’était un poste de traite actif, une escale pour les commerçants et les voyageurs en provenance de la Somalie.

« De grandes affaires se sont faites ici, des gens sont devenus riches en vendant du bétail, de la nourriture, des médicaments pour animaux et d’autres biens.

« Les collectivités de Dadachabulla vivaient comme une seul communauté, la frontière ne faisait aucune différence, jusqu’à ce que le gouvernement du [président] somalien Siad Barre fût renversé en 1991. Cela a marqué le début d’une nouvelle vie pour la communauté.

« Certains de nos amis et familles qui vivaient de l’autre côté de la frontière avaient migré mais ils sont maintenant tenus de s’inscrire en tant que réfugiés, ce qui n’était pas le cas autrefois.

« Dadachabulla a changé et est devenu un point de transit pour des milliers de Somaliens fuyant les combats.

« Les gens [du côté kenyan] ont persévéré … le commerce a continué et des commerçants ont continué à acheter des biens et du bétail – les jeunes filles et les femmes ont continué à amener du lait jusqu’au marché, mais pour un certain temps.

« Des familles qui ont vécu dans des centres commerciaux, des installations de fortune et des zones de pâturage pendant plus de quatre décennies, à Dadachabulla, Diff [à Wajir] et Harhar, Harhache, Kolbio et Liboi [ dans la région de Garissa voisinante], s’en vont.

« Certaines [personnes] ont été attaquées, blessées et tuées … alors qu’elles faisaient paître leurs animaux le long de la frontière.

« Il est risqué d’aller à la recherche d’animaux volés dans un pays sans État et où les négociants ont cessé de s’engager dans des activités transfrontalières, après avoir été victimes de vol.

« La migration des propriétaires de bétail loin de la frontière a également conduit à une pénurie de lait, faisant en sorte que les prix des denrées alimentaires ont augmenté.

« C’est un des moments les plus tristes pour la communauté dans Dadachabulla – être en deuil suite à la mort d’un ami ou d’un parent de l’autre côté de la frontière est une situation courante, de nos jours.


« Nos terres sont devenues une zone de guerre.

« Cette situation doit être reconnue comme un désastre et les Casques Bleus devraient être envoyés ici pour protéger les gens, des deux côtés de la frontière. »