Kenya : Lorsque le climat devient trop aride pour les vaches laitières, passez au lait de chamelle (Trust)

| mai 23, 2016

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Fatuma Yousef attend à l’extérieur de l’usine Vital Camel Milk, à Isiolo, une ville kenyane située à 275 kilomètres au nord de Nairobi. Elle est entourée d’énormes jerricans jaunes remplis de lait, et plus précisément de lait de chamelle.

Après que 70 de ses vaches laitières sont mortes à cause de la sécheresse, Mme Yousef a décidé de s’aventurer dans une nouvelle activité : l’élevage des chameaux.

Les périodes sèches de plus en plus longues et fréquentes compliquent la tâche aux éleveurs de vaches laitières kenyans. Toutefois, quand Mme Yousef se rendit compte que ces cinq chameaux avaient survécu rien qu’avec trois branches feuillues, elle décida d’investir dans ses animaux aux longues pattes. Elle a vendu 100 vaches pour acheter des chamelles, des animaux dont le lait ne tarit jamais.

Mme Yousef possède maintenant 60 chamelles. Au regard du changement climatique qui provoque des conditions climatiques exceptionnelles et de fréquentes sécheresses, elle juge que ces animaux sont un bon investissement.

Les 60 chamelles produisent 80 litres de lait par jour. La demande pour le lait de chamelle est forte, surtout à Nairobi où les cafés du quartier des affaires animé servent du « camelcinos » (cappuccino au lait de chamelle) en plus des cappuccinos ordinaires.

Mme Yousef raconte : « Les chamelles font la une de toutes les conversations ici en ce moment. »

Face à la hausse de la demande dans les villes et aux conditions climatiques de plus en plus exceptionnelles auxquelles sont en proie les pâturages du nord, un nombre croissant de bergers nomades kenyans se tournent vers les chameaux qu’ils considèrent comme un investissement commercial sûr en temps de sécheresse.

La demande dépasse l’offre, au point que les populations d’Isiolo parlent de « ruée vers les chameaux. » Mme Yousef déclare : « Le lait de chamelle me rapporte plus … alors qu’avant je gagnais 60 shillings (0,60 $US) pour un litre (avec le lait de vache). Maintenant, je gagne 110 shillings (1,10 $US pour le lait de chamelle). »

Les prix du lait de chamelle et des chameaux sont en hausse dans la région, et une bonne chamelle laitière se vend entre 400 $ et 1 000 $US.

Piers Simpkin a étudié les chameaux pendant plus de 30 ans, et possède sa propre entreprise de traite à Elmenteita, à environ 130 kilomètres de Nairobi. Il affirme assister à un véritable regain de popularité de l’élevage de chameaux durant ces dernières années.

M. Simpkin soutient que les troupeaux foisonnent actuellement parmi les Maasaïs du Sud kenyan qui n’élevaient généralement que des vaches. Cependant, on trouve de plus en plus des chamelles dans d’autres régions également en raison de leur capacité à résister à la sécheresse.

Il explique : « La sécheresse peut tuer entre 50 et 80 pour cent des troupeaux de bœufs… Dans le même temps, le taux de mortalité chez les troupeaux de chameaux varie uniquement entre 10 et 16 pour cent. »

Il ajoute : « Je crois que la consommation de lait de chamelle augmentera à cause du changement climatique … Les populations pourront mieux résister aux conditions plus arides et au réchauffement climatique grâce à l’élevage de chameaux. »

Les chamelles produisent beaucoup de lait. Cela fait des années que M. Simpkin forme les éleveurs des comtés de Samburu et Turkana. Il affirme qu’une chamelle peut produire quatre ou cinq fois plus de lait qu’une vache locale.

À Isiolo, l’usine Vital Camel Milk recueille environ 10 000 litres de lait de chamelle par mois auprès des éleveurs. Holger Marbach dirige l’usine de lait. Selon lui, le nombre de chameaux a triplé au Kenya comparativement à ce qu’il était en 2005, lorsqu’il démarrait son entreprise. Cette augmentation est en grande partie liée aux régimes climatiques imprévisibles. Il ajoute que, même si l’offre augmente considérablement, la demande représente probablement le double de ce que son usine transforme.

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « Effervescence au Kenya à mesure que la sécheresse pousse les populations à se tourner vers le camelcinos », cliquez sur : http://news.trust.org/item/20160510140654-f50hy/?source=hpHeadlineStory

Crédit photo: REUTERS/Antony Njuguna