Kenya : Les pompes solaires se rentabilisent rapidement, mais les agriculteurs ont besoin de prêts (GTM)

| mai 21, 2018

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La ferme de cinq acres de Joshua Okundi est sa salle de classe. Monsieur Okundi était instituteur avant de quitter son emploi en 2013 pour devenir agriculteur à Kendu, un village à l’ouest du Kenya. Désormais, il enseigne en permanence de nombreux paysans qui viennent chez lui pour chercher des conseils, des semis et des technologies pouvant les aider à réussir.

Monsieur Okundi a entendu parler de pompes à eau solaire pour la première fois en 2015 auprès d’un projet américain dénommé Kenya Smallholder Solar Irrigation, ou KSSI.

Il déclare : « Chaque fois qu’il y a du soleil, on peut pomper l’eau…. Chaque fois que c’est un générateur qui fait fonctionner [la pompe], vous devez utiliser du carburant. Et la pompe tombe généralement en panne. Et si le coût de réparation est trop élevé, cela rendra la majorité des cultures inutiles. »

Il fait généralement chaud dans cette région du Kenya qui est également aride. L’agriculture a toujours été un défi, et le changement climatique complique encore plus cette activité. Les sécheresses longues et sévères sont désormais monnaie courante, mais les paysans peuvent tirer profit d’une irrigation fiable.

Monsieur Okundi utilise maintenant quatre pompes pour irriguer ses tomates et son maïs et remplir un petit bassin où il élève du tilapia et du poisson-chat. En plus d’observer les pompes en action, les agriculteurs visiteurs découvrent qu’on peut rentabiliser rapidement une pompe solaire.

Jennifer Holthaus est chargée de programme à Winrock International, l’ONG qui a mis en œuvre le projet KSSI. Selon elle, les agriculteurs peuvent utiliser le revenu supplémentaire provenant de l’agriculture irriguée pour rembourser la pompe au bout d’une ou de deux années.

Madame Holthaus ajoute : « L’agricultrice a ensuite accès à un appareil qui contribue à doubler ou tripler son revenu pendant les 15 ou 20 prochaines années. » En réduisant la dépendance aux pluies, les pompes amoindrissent également le risque de mauvaises récoltes causées par la sécheresse.

Toutefois, beaucoup d’agriculteurs africains n’ont pas les moyens d’acheter une pompe solaire qui coûte entre 300 $ US et 1 200 $, et les institutions financières kényanes sont lentes à octroyer de gros prêts. Madame Holthaus explique : « Au Kenya, les banques sont généralement réticentes à investir dans l’agriculture, et lorsqu’elles accordent un crédit, elles le font moyennant une caution ou une source de revenus fiable…. Un instructeur peut avoir un prêt pour une pompe solaire, mais pas un agriculteur. »

Juhudi Kilimo est une société de microfinance qui a accordé plus de 50 000 prêts aux agriculteurs kényans. La société a commencé à mener une enquête sur la demande pour les pompes solaires en 2014. Elle a découvert que l’achat d’une pompe pouvait se révéler rentable seulement pour les agriculteurs commerciaux, et que ceux qui empruntaient vraiment de l’argent pouvaient rembourser les prêts rapidement.

Samwel Tobiko est agent de commercialisation principal à Juhudi Kilimo. Il déclare : « Pour les petits exploitants agricoles qui cultivent une acre de tomates ou de légumes, ils peuvent récupérer leurs investissements en un cycle et demi de récoltes. Cela signifie qu’ils ont seulement besoin d’utiliser la pompe en moins d’une année et qu’ils sont capables de récupérer leur capital. »

La Co-operative Bank est la deuxième plus grande banque kényane, et elle a été créée pour servir aux petits exploitants agricoles. Pour encourager les paysans à acheter des pompes solaires, elle accordera environ 2 500 prêts au cours de trois prochaines années. Cette banque aidera aussi les agriculteurs à améliorer leurs connaissances dans le domaine financier.

À quelques kilomètres de la ferme de Joshua Okundi, Michael Ouma a planté plus de 300 plants de manguiers, de fruit de la passion et d’orangers, ainsi que des citrouilles et d’autres légumes.

Monsieur Ouma a été un étudiant de monsieur Okundi. Mais, à l’instar d’autres jeunes diplômés kényans, il lui a été difficile de trouver du travail.

Actuellement, monsieur Ouma envisage de devenir agriculteur. L’eau est la chose dont il a besoin. Pour l’instant, monsieur Ouma recourt à des cuves qui retiennent l’eau de pluie. Toutefois, ces citernes ne se remplissent pas toujours. Monsieur Ouma pointe du doigt des papayers morts pour montrer ce qui se produit quand les sécheresses sont longues et qu’il n’y a pas d’irrigation.

S’il avait assez d’argent, monsieur Ouma pourrait engager quelqu’un pour creuser un puits afin d’avoir accès à l’eau abondante de la nappe phréatique. Avec ça et une pompe solaire, il entrevoit un avenir radieux pour sa terre et lui-même. Il déclare : « Vous voyez que j’ai beaucoup d’espace pour cultiver…. Si j’ai une réserve d’eau permanente, ce sera tout simplement de l’or. »

La présente nouvelle est une adaptation d’un article intitulé « Water From the Sun: Solar-Powered Water Pumps Offer African Farmers a Way Out of Poverty » publié par Greentech Media. Pour lire l’article original, cliquez sur : https://www.greentechmedia.com/articles/read/water-from-the-sun#gs.wMfdd5g

Photo: Joshua Okundi. Crédit: GTM / Winrock International / Bobby Neptune