Kenya : Les mères Masaï conservent les ressources naturelles pour assurer l’éducation de leurs enfants (par Sawa Pius, pour Agro Radio Hebdo au Kenya)

| mars 12, 2012

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Béatrice Lempaire a grandi dans une communauté pastorale, dans le district de Laikipia, dans le nord du Kenya. Mais grâce à sa mère et aux autres femmes Masaï de sa communauté, elle a maintenant un diplôme universitaire.

Dans cette région semi-aride, le pastoralisme est, depuis des centaines d’années, un mode de vie. Les enfants vivant à Laikipia font face à de nombreux défis, y compris l’accès à l’éducation, aux établissements de santé, et à de l’eau propre. Mais maintenant, les femmes Masaï envoient leurs filles à l’école avec l’argent qu’elles gagnent dans le cadre de projets de conservation. Les initiatives qui visent à conserver les ressources naturelles et fauniques de cette région sont maintenant au service des femmes et de leurs filles.

Au milieu des années 1960 et au début des années 1970, le gouvernement du Kenya a mis en place l’approche des fermes d’élevage communautaires dans les zones pastorales. Les terres situées dans une limite est détenue conjointement par un groupe, qui s’occupe d’un troupeau d’animaux collectivement.


Ainsi, les collectivités avaient deux besoins : d’une part, le besoin de terres de pâturage pour leur bétail et, d’autre part, le besoin de protéger la faune et d’autres ressources naturelles. L’adoption d’une stratégie de conservation était la meilleure solution. Chaque groupe a divisé ses terres en groupuscules. Des groupuscules ont été désignés pour la construction de logements
, pour la conservation, et pour le pâturage.

Au lieu d’abattre des arbres pour fabriquer et vendre du charbon de bois, les femmes sont désormais impliquées dans la conservation et dans divers projets touristiques. Elles construisent des huttes traditionnelles faites de bâtons et de bouses appelées manyata, que les visiteurs et les touristes peuvent visiter, moyennant paiement. Elles fabriquent aussi des produits avec des perles, des ornements et de l’aloès afin de les vendre. Les femmes achètent également du bétail, qu’elles engraissent et vendent dans les villes voisines telles que Nanyuki.

Les jeunes guerriers Masaï ne tuent plus les animaux sauvages, ils partagent plutôt leur culture en dansant et chantant pour les touristes. Les communautés encouragent les touristes à rester dans les loges Masaï pour y observer les éléphants, les buffles, les zèbres et les hyènes dans la région.

Les femmes économisent leur argent et l’utilisent comme bourses d’éducation pour leurs filles. Les femmes utilisent également ces fonds pour aider à procurer des soins de santé à leurs enfants et à financer des projets de conservation d’eau.

Béatrice Lempaire, la jeune femme qu’on a mentionnée au début de cette histoire, est une jeune femme Masaï qui a bénéficié d’une bourse. Elle a terminé son enseignement secondaire et a été admise à une université nationale. En tant qu’enfant de membre de l’un des quatre groupes du Naibunga Conservancy Trust, Béatrice a pu bénéficier d’une bourse d’étude. Ainsi, ses frais de scolarité ont été payés pour une période de quatre ans. Après ses études, Béatrice est retournée dans sa communauté. Elle travaille maintenant avec le groupe de la ferme d’élevage de Naibunga.

Elle dit : « Je suis heureuse d’être retournée dans cette communauté en tant que gestionnaire de l’une des organisations faîtières. Nous faisons du renforcement de capacités – la formation de femmes sur les questions de gouvernance. Il s’agit d’une organisation de lobbying où l’on peut parler de questions qui aideront les communautés. »

Plus de 75 enfants du Naibunga Conservancy Trust ont bénéficié d’une bourse. Trois ont obtenu un diplôme universitaire, dont Béatrice. Trente enfants ont fréquenté des collèges de formation professionnelle, et 45 sont à l’école secondaire.

Pour Béatrice, la conservation paye. Elle dit : « Beaucoup d’entre nous n’aurions pas pu aller à l’école sans cette initiative de conservation où les dirigeants doivent mettre de l’argent de côté afin que nous puissions étudier.