Nelly Bassily | septembre 19, 2011
Depuis la fin de l’année dernière, les prix du maïs ont plus que triplé, au Kenya. Les aviculteurs qui comptent sur le maïs comme ingrédient alimentaire principal sont en train de diminuer leur production. Mme Wairimu Kariuki est présidente de l’Association des aviculteurs du Kenya. Elle décrit leur problème: « L’alimentation pour les poulets compte pour 70 pour cent du coût total des intrants [dans l’élevage de volailles]. Si un éleveur ne peut pas assumer les coûts, il choisit soit de réduire le nombre de poulets qu’il élève, soit d’arrêter complètement l’élevage de volailles. » Mais il y a une autre possibilité.
En réponse au prix élevé du maïs, de nombreux éleveurs choisissent des aliments de substitution.
Le maïs a longtemps été un aliment de base problématique pour l’industrie avicole. Les Kenyans consomment environ trois millions de tonnes de maïs par an. Mais le pays produit moins que cela, et doit importer 10 pour cent de ses besoins. Pour éviter la concurrence directe avec la consommation humaine de maïs, les agriculteurs et les scientifiques cherchent de nouvelles sources d’alimentation pour les volailles.
Certains éleveurs se tournent vers l’alimentation faite à partir de cultures traditionnelles telles que l’amarante, le mil et le sorgho. Ils ont même eu recours à des vers pour nourrir les poulets. Ces changements réduisent jusqu’à 40 pour cent les frais d’alimentation de la volaille.
Les chercheurs étudient des sources non conventionnelles d’alimentation. Des recherches menées récemment par le Département de production animale de l’Université de Nairobi ont révélé que le petit mil est un bon remplacement pour le maïs en raison de sa forte teneur en protéines. Les chercheurs ont également identifié le pois d’Angole cru comme étant une source appropriée de protéines. Ils ont conclu que la combinaison de petit mil et de pois d’Angole pourrait remplacer jusqu’à 40 pour cent des sources conventionnelles d’énergie et de protéines dans l’alimentation des volailles.
Les éleveurs de volailles d’Ukambani, la région semi-aride du Kenya, utilisent couramment le petit mil, qui tolère des températures élevées. Ils le broient manuellement pour nourrir leurs poulets, et cela leur permet de faire d’importantes économies. Ils utilisent aussi le manioc pour l’alimentation des volailles. Mais ils doivent d’abord le faire sécher pour éliminer le cyanure, un élément toxique.
Bridgenet est une ONG qui aide les éleveurs de volailles. Dorothy Mwende est agente de programme auprès de Bridgenet, au Kenya. Elle explique: « Si vous regardez autour de vous, vous pouvez voir, par exemple, la quantité de manioc qui pourrit dans les fermes, à cause de la surproduction. On sait que le manioc est un aliment nutritif pour les poulets, et qu’il est facilement disponible. »
Mais les alternatives ne s’arrêtent pas là. Mary Gikuni est une éleveuse de Limuru. Elle a appris grâce aux chercheurs que la Calliandra, un arbuste souvent cultivé comme fourrage pour le bétail, est un aliment très efficace pour les poulets. Elle coupe les feuilles et en mélange de petites quantités avec des aliments à faible teneur en protéines.
Les agriculteurs doivent être capables de s’adapter et d’innover pour maintenir les niveaux actuels de production, malgré les prix du maïs qui augmentent. Mme Gikuni est une agricultrice qui montre l’exemple.