Kenya: La collecte d’eau aide les femmes à s’en sortir malgré l’irrégularité des pluies (Trust)

| septembre 30, 2013

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On estime que près d’un Kenyan sur deux n’a pas d’accès garanti à de l’eau potable. Mais Rose Wanjiku a trouvé une solution -et cette solution vient du ciel. Elle récupère la pluie, et utilise l’eau de pluie plutôt que l’eau de rivière pour préparer des aliments ou laver les habits pour sa famille.

Mme Wanjiku est une agricultrice de 45 ans qui s’est installée dans la région de Ngurubani, dans le centre du Kenya, il y a 14 ans. À ce moment-là, les pluies commençaient en avril puis à nouveau en octobre, donnant quatre mois de pluie par année. Il y avait assez de pluie pour faire pousser des aliments de base comme le maïs et les haricots, qui nourrissaient sa famille et lui donnaient quelques surplus à vendre dans les marchés locaux.

Maintenant, il y a seulement deux mois de pluie. Mme Wanjiku doit pomper l’eau de la rivière Thiba, située à proximité, afin d’irriguer ses cultures. La rivière est proche de sa maison et de ses champs, mais la pompe à eau est une dépense supplémentaire. Et l’eau est trop sale pour la boisson ou le nettoyage.

Pour faire face à cette pénurie d’eau, Mme Wanjiku récupère l’eau de pluie dans les gouttières de son toit. Elle a reçu un prêt d’un programme kenyan de micro-finance couvrant tout le pays et appelé SMEP. Ce prêt lui a permis d’acheter un réservoir d’eau de 2300 litres pour stocker l’eau collectée.

Jusque là, la famille utilise l’eau de pluie collectée durant les pluies d’avril. Et de nouvelles pluies sont attendues pour octobre.

Mme Wanjiku a commencé à rembourser son prêt en février, au rythme de 1000 shillings kenyans par mois (11,50$ US), et compte finir le remboursement d’ici novembre.

La faible pluviométrie a aussi affecté Margaret Njeri Muthee, 38 ans. Mme Njeri s’est installée dans la région il y a 15 ans. Elle se souvient que les pluies étaient régulières à cette époque-là. Avant, elle récoltait quatre sacs et demi de 90 kilogrammes de haricots par hectare. Aujourd’hui, elle peine à obtenir plus d’un sac.

Mme Njeri dit: « Les conditions météo ont vraiment changé ici (…) il y a une fraîcheur que je n’avais jamais ressentie et qui détruit nos denrées de base. » À cause des conditions météo imprévisibles et des faibles rendements, Mme Njeri a diversifié ses activités en faisant de la production animale.

Elle dépensait 400 shillings (4,50$ US) chaque semaine pour faire venir de l’eau de la rivière située à un kilomètre de chez elle. Alors, elle a suivi l’exemple de Mme Wanjiku, et a contracté un prêt auprès de SMEP afin d’acheter un réservoir à eau.

Les deux femmes sont parmi plus de 7000 Kenyans qui ont bénéficié du système de crédit de l’eau soutenu par une ONG internationale appelée Water.org. Ce système permet aux familles d’acheter des réservoirs à eau pour collecter les eaux de pluie propres qui tombent sur leur toit, et de les stocker pour usage ultérieur.

Water.org encourage les institutions de micro-crédit comme SMEP à offrir des crédits pour des projets visant à améliorer les revenus. Quatre-vingt onze pour cent des récipiendaires de ces prêts sont des femmes. En épargnant leur temps et leur argent grâce à la collecte d’eau de pluie, les bénéficiaires peuvent se concentrer sur les efforts de génération de revenus.

Patrick Alubbe est le directeur régional de Water.org pour l’Afrique de l’Est. Il dit que les femmes passent des heures, chaque jour, à chercher de l’eau, et qu’elles comprennent donc les avantages du système.

Pour Mme Wanjiku, l’agriculture reste loin d’être sans problème. Mais, avec son réservoir à eau, la vie est plus facile à la maison. Elle n’a plus besoin d’attendre que la boue décante dans l’eau de rivière pour pouvoir utiliser l’eau.