Kenya : Du thé issu du commerce équitable au service d’écoliers (par Sawa Pius, pour Agro Radio Hebdo)

| mars 10, 2014

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Pour les étudiants de l’école secondaire de filles Kapsoo à Nandi Hills, un dortoir est plus qu’un simple endroit où dormir. C’est un endroit pour éviter le mauvais temps et la pollution des lampes à pétrole. Et ça peut également être un sanctuaire à l’abri du harcèlement.

Nancy Sugut est une étudiante de troisième année du secondaire qui rêve d’être ingénieur après avoir terminé ses études secondaires. Elle peut maintenant réaliser son rêve grâce à un dortoir construit à l’aide des fonds provenant de la commercialisation de thé issu du commerce équitable.

Mlle Sugut est assise sur son lit à l’intérieur du dortoir. « Auparavant, je devais marcher de l’école à la maison, c’était une bonne distance à parcourir. Les garçons et les hommes me dérangeaient toujours, ils voulaient me violer et des fois il m’arriver de rentrer très tard à la maison», dit-elle.

Il pleut beaucoup dans la région avoisinant Nandi Hills, une condition favorable à la culture du thé. Toutefois, comme les routes sont en mauvais état, les étudiants arrivent à l’école mouillés et couverts de boue.

La Sireet Outgrowers Empowerment and Producers Company (compagnie de petits planteurs et producteurs qui se prennent en charge Sireet Ltée) est une organisation pratiquant le commerce équitable qui contribue à l’éducation des étudiants dans le besoin. Les membres de la coopérative agricole allouent une partie de leurs revenus des primes de commerce équitable à un fonds social. Le fonds aide à construire et à rénover des écoles et des dispensaires dans les communautés les plus pauvres.

Paul Tiony est le directeur de Sireet. « Il y a des familles qui ne peuvent même pas se permettre deux repas par jour alors et nous donnons aux étudiants de ces familles des bourses complètes », dit-il.

Beatrice Chepkoril dit qu’elle n’avait pas assez de temps à consacrer à ses études à la maison et il lui était difficile de terminer ses devoirs.

« Nous étions toujours aux prises avec un manque de kérosène à la maison alors étudier devenait un défi », se souvient-elle.

De plus, la fumée émanant des lampes de kérosène présente un danger pour la santé.

« Je remercie [Sireet] pour la construction de ce dortoir. Ici, je peux bien étudier. Je dors à dix heures et je me réveille à cinq heures pour aller en classe me préparer. Les lumières sont toujours [allumées] en classe et je n’ai aucun souci », de dire Mlle Chepkoril.

Le dortoir peut accueillir 90 étudiants. Mary Jelagat est la directrice de l’école. Elle dit que le nombre d’étudiants a augmenté depuis la construction du dortoir. Elle s’attend à ce que l’école ait besoin d’agrandir sa superficie à l’avenir.

« Le commerce équitable offre aussi des bourses aux étudiants dans le besoin et cela a permis d’améliorer de beaucoup le rendement scolaire de l’école », explique Mme Jelagat.

Viola Jepleting est à sa deuxième année d’études en sciences informatiques à l’Eldoret University. Elle avait abandonné l’école à la troisième année du niveau secondaire avant que Sireet ne vienne à son secours. « Ils ont payé mes droits de scolarité pour les troisième et la quatrième années, puis j’ai passé les examens et à présent, ils paient mes études universitaires », dit-elle.

Wilson Tuwei est le président de Sireet. Il dit que le lancement de Fairtrade Eastern Africa est une bénédiction et il espère que plus de Kenyans achèteront des produits issus du commerce équitable.        « Nous demandons à nos consommateurs d’acheter plus de thé afin que nous puissions redonner davantage à la communauté », dit-il.