Les groupes internationaux des droits de la personne condamnent l’expulsion de milliers de personnes de la forêt Embobut dans l’ouest du Kenya.
Le peuple Sengwer consiste en des chasseurs-cueilleurs autochtones qui habitent la forêt depuis des centaines d’années et la considèrent comme leur patrie ancestrale.
Yator Kiptum est un Sengwer. Selon ses dires, « La garde forestier du Kenya brûle des maisons et des biens dans la zone forestière d’Embobut. Elle est armée de fusils AK-47 et menace [les gens]. Des coups de feu ont provoqué le chaos et les familles sont parties se cacher dans les massifs forestiers ».
Il semblerait que l’ensemble de la population, laquelle est estimée à 15 000 Sengwer, ait été chassée de la forêt Embobut lors de l’expulsion. Le gouvernement kenyan défend ses actions au nom de la préservation de l’environnement et de l’importance de conserver un réservoir surélevé.
Tom Lomax est un expert juridique œuvrant pour le Forest Peoples Programme (programme pour les peuples vivant en forêt), une ONG internationale qui promeut les droits des peuples des forêts. Il dit: « Fondamentalement, la Constitution stipule que les terres ancestrales et les terres occupées par des groupes de chasseurs-cueilleurs traditionnels comme le peuple Sengwer sont les terres de la communauté et donc elles appartiennent à cette communauté ».
M. Lomax ajoute que le gouvernement kenyan ne respecte pas les dispositions juridiques de la Constitution.
Richard Lesiyampe est le secrétaire principal du ministère kenyan de l’Environnement. Il a déclaré publiquement le 7 janvier 2014 que : « Les gens se déplaçaient volontairement hors de la forêt ».
Le gouvernement kenyan a promis de compenser chaque famille expulsée. Toutefois, les familles du peuple Sengwer ont refusé les 400 000 shillings kenyans (environ 4 600 $ US) offerts en affirmant qu’une récente injonction avait interdit les expulsions jusqu’à ce que la question des droits de la communauté soit réglée.
Expulser le peuple Sengwer semble briser les engagements officiels du Kenya quant à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique. Conformément à la Convention, les signataires sont tenus de protéger les communautés autochtones et de préserver leurs zones forestières.
Selon M. Lomax, « ces expulsions sont illégales au regard de la Constitution du Kenya et en vertu de ses engagements juridiques internationaux ». Il ajoute que la forte connexion entre le peuple Sengwer et la forêt signifie que les expulsions menacent la survie physique et culturelle des Sengwer en tant que peuple.
La Banque mondiale fait présentement l’objet d’une enquête par son propre panel d’inspection. Le redécoupage par la Banque mondiale des frontières dans les réserves forestières aurait prétendument permis au gouvernement kenyan de commencer à expulser de force le peuple Sengwer.
Depuis les années 1970, les autorités kenyanes ont tenté à plusieurs reprises d’expulser le peuple Sengwer et de le réinstaller ailleurs. Les écologistes à l’échelle internationale rejettent la position du gouvernement kenyan selon laquelle le mode de vie traditionnel des chasseurs-cueilleurs serait incompatible avec la conservation et la protection des forêts. Ils disent que le gouvernement pratique une philosophie de plus en plus discréditée connue sous le nom de conservation de la forteresse en vue d’expulser des communautés autochtones au lieu de les consulter et de les soutenir.
Les écologistes affirment que la meilleure façon de préserver l’environnement est d’appuyer les communautés autochtones qui s’y connaissent bien en matière de conservation de leur habitat et de leurs ressources.
Selon Justin Kenrick du Forest Peoples Programme, « loin de protéger la forêt vierge, [la conservation de la forteresse] utilise la conservation comme prétexte pour expulser les habitants autochtones et par la suite détruire la forêt indigène ».
Le secrétaire principal, M. Lesiyampe, dit que si les forces de sécurité ont utilisé la force pour expulser les squatteurs, elles ont eu tort et n’ont pas respecté la loi. Il poursuit en ajoutant que « aujourd’hui, je tiens à dire clairement que le gouvernement n’a expulsé de force personne de la forêt Embobut. Tous les occupants ont quitté volontairement les lieux pour s’établir à un endroit de leur choix ».
Pour lire l’article intégral sur lequel se fonde l’histoire précédente, veuillez visiter le : http://www.ipsnews.net/2014/01/kenyas-scorched-earth-removal-forests-indigenous/ [1] (en anglais seulement).
Pour un complément d’informations au sujet des droits des habitants de forêts, visitez le http://www.trust.org/item/20140206232644-ziv2c [2] (en anglais seulement).