Kenya : Des femmes préparent du foin pendant que le soleil brillant

| mai 4, 2015

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La vache de Redempta Wamalwa n’a pas produit suffisamment de lait pour lui permettre de subvenir aux besoins de sa famille. Elle se rappelle : « J’ai également essayé d’élever des poules locales, n’empêche que cela ne me rapportait pas suffisamment d’argent pour offrir une meilleure vie à notre famille … J’ai dû continuer à me battre pour nourrir mes petits-enfants et les envoyer à l’école. »

Aujourd’hui, Mme Wamalwa gagne bien sa vie en vendant du foin. Elle est membre du groupement féminin Mwalye, qui a été créé en 2006 à Bukembe, à l’est du Kenya.

Un programme gouvernemental visant à promouvoir la commercialisation pour les petit(e)s exploitant(e)s de ferme laitière a offert une formation à Mme Wamalwa et les 23 autres membres de Mwalye. Des agent(e)s du bureau d’élevage du district ont fourni des semences et de l’engrais aux femmes, et leur ont appris à planter des herbes pour en faire du foin.

Les membres du groupement ont décidé de gagner leurs vies avec le foin. En saison sèche, leur région est confrontée à des pénuries d’aliments pour animaux. Par conséquent, le groupement a prévu de vendre du foin à d’autres agricultrices et agriculteurs. Chaque membre a consacré une petite parcelle de terre pour expérimenter le Boma Rhodes, une sorte d’herbe appropriée pour la fenaison. Mme Wamalwa explique : « Les herbes ont bien poussé et nous avons réalisé que c’est une culture rentable. »

Sylvester Wafula est le directeur du service d’élevage du district. Il soutient que le foin est un aliment efficace parce qu’il contient beaucoup de glucides et les animaux en consomment beaucoup à cause de son goût. De plus, lorsqu’une vache mange du foin, elle a besoin de boire beaucoup d’eau. Cela augmente son rendement laitier. Un meilleur rendement est synonyme de meilleures ventes. Les agricultrices et les agriculteurs locaux qui achètent du foin savent que la hausse des gains que leur rapporte la vente de lait compensera rapidement l’argent qu’il débourse pour l’achat du foin.

Bukembe se trouve à 400 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, la capitale kenyane. La plupart des terres aux alentours de la ville sont consacrées à la production de canne à sucre qui est considérée comme une culture commerciale. Mais il faut 18 mois à la canne à sucre pour être prêt pour la récolte, alors les gens passent de longs moments sans avoir de revenus. Les femmes ont convaincu leurs maris de leur donner des terres pour planter leur herbe qui arrive vite à maturité. Chaque membre de Mwalye possède maintenant un lopin de terre sur lequel elle cultive du foin pour en faire des aliments d’animaux.

Cela fait trois ans que les femmes vendent du foin. Elles ont utilisé une subvention que leur a accordée le programme laitier du gouvernement pour construire une grange assez spacieuse pour y entreposer 2 000 balles de foin.

Les membres cultivent entre un demi-hectare et un hectare entier d’herbes qu’elles récoltent quatre fois par an. Après avoir prélevé un peu de foin pour leurs propres animaux, elles entreposent les balles dans la grange pour la vente.

Elles vendent chaque balle à 300 shillings kenyans [3,20 $US] et elles ont cumulé un bon solde en banque. Mme Wamalwa soutient que les femmes ont persuadé leurs maris de leur donner plus de terres. Les hommes se rendent compte que la canne à sucre rapporte moins d’argent que le foin n’en rapporte aux femmes.

Grâce à la fenaison, les femmes de Mwalye disposent désormais de plus d’argent pour leurs dépenses. Jennipher Mukani est membre du groupement Mwalye. Elle a payé les frais de scolarité de ses trois enfants qui sont à l’école secondaire, et il lui restait suffisamment d’argent pour acquérir plus de bêtes. Maintenant, elle possède trois chèvres laitières et une vache laitière.

Mme Wamalwa récolte jusqu’à 200 balles de foin par an. Sa vache produit plus de lait, car elle lui donne de meilleurs aliments. Elle déclare : « Je vends aussi quelques [balles] pour payer les gens qui m’aident à faire les récoltes. Ce [surplus d’argent] m’aide à acheter les fournitures scolaires de mes petits-enfants. »