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Kenya: Des espèces animales améliorées permettent à des bergers de rester chez eux (par Sawa Pius, pour Agro Radio Hebdo)

Il est inhabituel de trouver une femme de la tribu Pokot du Kenya qui s’occuper du bétail. Mais Irine Ironya est une exception. Mme Ironya prend soin de plus de quarante vaches, chèvres et moutons, les conduisant vers un point d’eau créé spécialement pour eux. Cependant, ces animaux ne sont pas des zébus indigènes ou des chèvres Est-africaines. Ce sont des « hybrides », un croisement entre des espèces locales robustes et des espèces laitières étrangères plus productives.

La région Potok Ouest est une zone aride à la frontière de l’Ouganda, et cela a empiré durant les périodes de sécheresse sévère. Les hommes de la région passent leur vie à déplacer constamment le bétail, à la recherche de pâturages et d’eau. Il y a des conflits transfrontaliers fréquents entre les bergers Kenyans de Pokot et les pasteurs ougandais de Karamojong, à cause des pâturages et de l’eau.

Mme Ironya a échangé quelques-uns de ses animaux indigènes pour des chèvres Galla du Nasukuta Livestock Breeding Centre. Les agriculteurs ont été invités à amener leurs animaux indigènes au Centre et à recevoir une Galla en échange. Les chèvres Galla ont été introduites afin d’améliorer et de remplacer les chèvres Est-africaines.

Mme Ironya a aussi acheté un bouc Toggenburg au Centre, pour l’accoupler avec les femelles de son troupeau. Le Toggenburg est une espèce de chèvre laitière originaire d’Europe. Les petits résultant du croisement lui donnent plus de lait que ses animaux d’origine et se vendent à bon prix au marché.

John Naibei est le directeur du Nasukuta Centre, situé à Kapenguria, à environ 60 kilomètres à l’est de la frontière Kenya-Ouganda. Le Centre collabore avec des organisations de recherche pour croiser des animaux qui aident la communauté à faire face aux impacts de l’accroissement de la population et du changement climatique.

M. Naibei dit : « Suite à l’accroissement de la population [humaine], il n’y a plus de terre où les bergers puissent déplacer leur bétail librement. Alors les zones de pâture sont devenues rares, et durant les sécheresses sévères, les bergers perdent une grande partie de leur stock. »

Julius Alitoria est un Pasteur qui s’est converti à un style de vie sédentaire. Il a remplacé ses animaux indigènes par des chèvres laitières hybrides.

M. Alitoria dit: « J’ai eu ces chèvres Galla au Breeding Centre. Avant cela, je voyais régulièrement mes vaches mourir de maladies et je me les faisais toujours voler par des cambrioleurs. »

Il a pris 15 chèvres Galla au Centre, et n’élève plus les zébus indigènes. Il vend du lait de chèvre à 40 shillings kenyans le litre (45 centimes US), et il est satisfait de ces revenus. Il vend aussi des animaux vivants quand le besoin d’argent se fait sentir.

Le Breeding Centre a creusé trois points d’eau permanents sur sa propriété de 1400 hectares. Ces points d’eau sont à la disposition des locaux pour que leur bétail s’y abreuve. Le Centre a 30 hectares d’herbe, que l’on coupe pour en faire du foin. Durant la saison sèche, les agriculteurs peuvent acheter une balle à 150 shillings (1,70 $US). Il encourage aussi les agriculteurs à établir des pâturages pour leur bétail.

Le Centre élève aussi des vaches. Musa Tuparu a choisi d’échanger ses zébus contre des vaches Sahiwal. Elles produisent de la bonne viande, et un bien plus grand volume de lait que les zébus indigènes.

M. Musa dit: « La vache Sahiwal atteint une belle taille et quand on la vend, un animal peut aller chercher jusqu’à 50 000 shillings kenyans (575 $US). C’est comme vendre cinq vaches indigènes! »

Mme Ironya est d’accord. Elle dit: « Quand il y a pénurie alimentaire, j’ai juste [besoin d’en vendre] une et acheter à manger. Je peux aussi en vendre une pour obtenir de l’argent pour les frais scolaires des enfants. » Les mâles vont chez les bouchers; les femelles sont vendues à d’autres éleveurs. Les éleveurs viennent de l’Ouganda pour acheter ces animaux au marché local.

La vie a changé dans cette région. Maintenant que l’eau et la nourriture sont disponibles, le bétail reste à domicile. Les points d’eau creusés par le Nasukuta Centre ont permis à Mme Ironya et à d’autres femmes d’élever leur propre bétail.

Elle dit: « J’amène mes animaux boire [au point d’eau] et je les ramène à la maison. Tout le monde à présent garde son bétail à domicile. »