Kenya : Des éleveuses deviennent financièrement autonomes grâce aux vergers et aux jardins potagers (Trust)

| mai 18, 2015

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Au nord du Kenya, les populations Samburu croient, selon la tradition, qu’une femme qui n’est pas battue par son mari n’est pas aimée de celui-ci. Naserian Lyengulai tente de changer cette croyance.

Pendant des années, le mari de Mme Lyengulai avait battu sa femme de 59 ans tout simplement parce qu’elle avait dû quelques fois emprunter de l’argent pour acheter de la nourriture ou des médicaments pour la famille. Mme Lyengulai affirme que ce sont les hommes qui gèrent habituellement le budget familial. Elle explique : « Le rôle de la femme maasai consiste à élever les enfants. Parfois, [mon époux] ne nous laisse aucun sou en sortant, [alors] je dois nourrir les enfants avec du lait conservé »

Mais ces temps-ci, Mme Lyenguli a sa propre source de revenus, et les raclées ont cessé.

La mère de six enfants fait partie du groupement féminin Kibartane, dans le district de Samburu, au nord du Kenya. Les femmes ont créé l’association, car elles voulaient offrir de meilleurs repas à leurs enfants. Elles avaient de la difficulté à acheter des légumes étant donné que le centre commercial le plus proche est situé à 20 kilomètres.

Actuellement, les femmes cultivent des légumes et des fruits comme la papaye sur un terrain d’un demi-hectare. Mme Lyengulai raconte : « Tout ce qui me reste à faire maintenant, c’est de rejoindre mes collègues pour récupérer ma part de fruits et de légumes. » Les femmes vendent le surplus des récoltes pour avoir de l’argent.

L’eau d’irrigation est peu abondante dans cette région en proie à la sécheresse. Plusieurs familles dépendent des sources alimentées par les averses de pluie sporadiques. Toutefois, l’ONG International Medical Corps a aménagé un système qui pompe l’eau vers le village situé dans les environs des collines Nkutoto. L’eau s’écoule d’une source s’écoule vers une cuve de stockage. Les villageois(e)s utilisent cette eau la lessive et la cuisine. Les membres du groupement de Mme Lyengulai se servent de cette eau pour arroser leurs jardins.

Les gouvernements de plusieurs pays de l’Afrique de l’Est encouragent les éleveuses et les éleveurs à abandonner le nomadisme. Les partisan(e)s du changement pour l’agriculture affirment que cela permettra d’améliorer la sécurité alimentaire, de résorber les conflits entre les éleveurs et les agriculteurs et de dégager plus de terres. Mais les opposant(e)s au changement soutiennent que le passage du pastoralisme à l’activité agricole sédentaire pourrait rendre les communautés moins résilientes face au changement climatique, y compris aux sécheresses qui sont de plus en plus sévères.

Le passage à des activités agricoles permanentes peut s’avérer difficile parce que la terre est souvent un bien commun. Les communautés de pasteurs, et en particulier les femmes, devront se procurer des titres fonciers pour s’assurer que les efforts qu’ils consentent à la production de cultures ne sont pas anéantis.

Louise Towon est la directrice du Programme de soutien à l’éducation des filles à Samburu. Elle souligne que les femmes de la localité ne sont pas consultées dans les prises de décision. Mme Towon prévient : « [L’agriculture] ne réussira pas, car lorsqu’il est question de propriété des terres, les femmes ne jouissent d’aucun droit de propriété. »

Elle termine : « Les femmes sont le pilier des familles … Elles doivent être les premières à participer au processus décisionnel ou à prendre une décision concernant la terre avant que de nouvelles approches, telles que la culture de produits agricoles frais, ne soient expérimentées. »

Toutefois, pour l’instant, la vente de fruits et de légumes procure aux femmes leurs propres revenus. Elles peuvent dépenser leur argent lorsque leurs maris s’absentent pendant des semaines pour aller rassembler les troupeaux. De plus, elles ne risquent plus de se faire battre.

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « Les éleveuses kenyanes acquièrent une nouvelle liberté économique, et ce, grâce à la papaye », cliquez sur : http://www.trust.org/item/20150501053659-tx458