Kenya : Des agriculteurs utilisent l’urine de lapin comme pesticide et engrais

| janvier 5, 2019

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La sueur perle sur le visage de Yovensiah Mochama pendant qu’elle se dirige à pied vers un clapier, une gerbe de plantes succulentes dans les mains. Elle ouvre la fenêtre du clapier et pousse les aliments à l’intérieur.

En apercevant la nourriture, les lapins excités se rassemblent près de la clôture en fils de fer métalliques du clapier, l’air impatient et affamé.

Elle déclare : « C’est leur nourriture préférée…. J’aime les regarder manger. »

Madame Mochama vit à Mochenwa, un village de l’ouest kényan. Elle raconte que plusieurs agriculteurs et agricultrices de sa région élèvent des lapins, car ces animaux procurent une délicieuse viande à leurs familles. Cependant, madame Mochama élève les lapins surtout pour recueillir leur urine qu’elle utilise sur sa ferme comme pesticide et engrais.

Elle affirme qu’il est facile de recueillir l’urine du lapin parce que c’est un animal qui urine au même endroit généralement.

Ainsi, madame Mochama a placé une toile en plastique sur le plancher dans un coin de clapier où les lapins urinent. La toile en plastique est inclinée vers un tuyau qui draine l’urine vers un bidon de cinq litres placé sous le clapier.

En une semaine, madame Mochama peut recueillir jusqu’à trois litres d’urine de ses huit lapins.

Après avoir recueilli l’urine, elle le mélange avec de l’amidon de maïs et de la mélasse et laisse le tout fermenter pendant trois semaines environ dans un récipient. Ensuite, elle dilue un litre de ce mélange avec 20 litres d’eau. Et le mélange est alors prêt à être pulvérisé en guise de pesticide ou d’engrais.

Madame Mochama cultive divers légumes, dont le chou kale, la morelle noire, le cléome denté et les oignons. Elle pulvérise le mélange d’urine directement sur les feuilles et les tiges des légumes à l’aide d’une pompe manuelle, d’un pulvérisateur à dos ou d’un balai.

Selon madame Mochama, la pulvérisation de l’urine de lapin fermentée aide à lutter contre les insectes et d’autres insectes nuisibles y compris les pucerons, les papillons de nuit, les mineuses des feuilles, les chenilles et les acariens.

Alex Migika est le directeur du service d’élevage du comté de Nyamira. Monsieur Migika soutient qu’en dehors de l’utilité de l’urine de lapin comme pesticide, l’élevage de lapin a pris de l’ampleur dans la région, car les agriculteurs et les agricultrices peuvent fabriquer un engrais à base d’urine de lapin qui contient des composés riches en azote tels que l’ammoniac et l’urée.

Agnes Kemuma est une agricultrice du village voisin de Nyabogoye qui a commencé à élever des lapins en 2017. Elle cultive également du chou kale, de la morelle noire et du maïs, et utilise l’urine de lapin comme pesticide et engrais dans son jardin potager.

Madame Kemuma affirme que ses légumes se portent très bien maintenant parce qu’elle parvient à contrôler les insectes nuisibles à très moindre coût que si elle devait acheter les pesticides chimiques provenant des magasins.

Selon madame Mochama, un plus grand nombre de paysans et de paysannes de son village commencent à élever des lapins non seulement pour leur viande savoureuse, mais également pour utiliser leur urine en guise de pesticide ou d’engrais.

Elle ajoute que plusieurs agriculteurs et agricultrices ont acheté des lapins chez elle. Certains réservent même des lapins qui ne sont pas encore nés afin de pouvoir commencer en élever eux-mêmes.

Elle explique : « Aucun agriculteur ayant testé l’urine de lapin pour combattre les insectes nuisibles ne le regrette. Cela vous permet d’économiser cinq fois le coût des pesticides conventionnels. »

La présente nouvelle a été initialement publiée en juillet 2018.