Kenya : Des agriculteurs utilisent des produits locaux pour lutter contre les organismes nuisibles et les maladies

| octobre 31, 2022

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Nouvelle en bref

C’est une belle matinée ensoleillée et Shadrack Etangasait prépare un jardin potager à l’extérieur de sa maison recouverte d’un toit métallique. Un groupe d’agriculteurs et d’agricultrices l’observe attentivement pour apprendre comment lutter contre les organismes nuisibles au moyen de produits locaux. Des mélanges naturels contre les organismes nuisibles sont faciles et économiques à préparer, car les cultivateurs et les cultivatrices utilisent des ingrédients locaux comme l’ail, les bulbes d’oignon, le piment rouge, les feuilles de tithonia, le neem (localement appelé muarubaini), l’urine animal, le savon et la cendre. Lorsque les attaques des ravageurs sont très graves, il ajoute au mélange de l’urine de chèvre ou de lapin fraîchement recueilli. Beaucoup d’agriculteurs et d’agricultrices locaux utilisent des balais pour appliquer le pesticide fait maison. Monsieur Etangasait déclare : « Nous versons le mélange dans un récipient, puis nous y trempons un balai pour asperger le produit sur les cultures. »

C’est une belle matinée ensoleillée et Shadrack Etangasait prépare un jardin potager à l’extérieur de sa maison recouverte d’un toit métallique. L’agriculteur de 31 ans bêche la terre avec une houe et utilise un râteau pour déblayer les mauvaises herbes, les cailloux et les plastiques.

Un groupe d’agriculteurs et d’agricultrices l’observent attentivement. Ils sont là pour apprendre comment préparer la terre pour y planter des légumes, et combattre les organismes nuisibles au moyen de produits locaux bon marché.

Monsieur Etangasait se rend rapidement à l’étable pour ramasser du fumier sec. Il mélange çà à la terre du potager avec une bêche. Il explique : « Je suis en train de diviser mon potager en différentes parties. Je creuse également des trous et je dépose des semis de légumes dans chaque trou. »

Il ajoute : « Ces semis proviennent d’une pépinière située derrière ma maison. Je couvre les trous avec une mince couche de terre, juste assez pour permettre aux semis de rester droit. Ensuite j’utilise un bidon en plastique de cinq litres pour asperger de l’eau sur les semis afin d’éviter qu’ils meurent. »

Monsieur Etangasait est originaire du Kamunoit, un village du comté de Busia, à l’ouest du Kenya. Il cultive du chou kale, de l’amarante et de la morelle noire dans son potager. Mais il a eu du mal pendant des années à lutter contre les organismes nuisibles qui attaquaient ses légumes et ses autres cultures.

Il se rappelle : « Je n’avais pas d’argent pour payer des produits chimiques dans les magasins agrovétérinaires. Je cultivais les légumes, et espérait obtenir une récolte suffisante pour la vente et la consommation familiale. Mais j’étais toujours déçu à cause des ravageurs comme les chenilles, les pucerons, les cochenilles, les mouches blanches, les fongicoles, les vers gris et les mineuses des feuilles. »

Les ravageurs nuisaient également aux agriculteurs et aux agricultrices du village qui sont venus apprendre auprès de monsieur Etangasait aujourd’hui.

Monsieur Etangasait raconte avoir appris à lutter contre les ravageurs et les maladies en 2014, au Collège de l’agriculture de Bukura, au Kenya. Lorsqu’il retourna au village deux ans plus tard, il aménagea une parcelle de démonstration et depuis lors, les agriculteurs et les agricultrices viennent de toute la région pour apprendre de lui.

À ses dires, quand ses autres collègues constatèrent que les solutions locales naturelles fonctionnaient vraiment, ils ont commencé à les appliquer à leur tour dans leurs champs.

Les mélanges naturels utilisés pour combattre les organismes nuisibles sont parfois faciles et moins coûteux à faire, car les agriculteurs et les agricultrices utilisent des produits locaux comme l’ail, les bulbes d’oignon, le piment rouge, les feuilles de tithonia, le neem (localement appelé muarubaini), l’urine animale, le savon et la cendre.

Selon lui, lorsque les ravageurs n’ont pas causé de dégâts majeurs aux légumes, il ramasse et écrase 500 grammes de ces ingrédients, y ajoute un litre d’eau et laisse la solution macérer pendant 24 heures avant de l’asperger.

Monsieur Etangasait affirme que le mélange n’est pas nocif pour l’environnement. Il explique : « Nous ne tuons pas les organismes nuisibles, car ils sont importants pour l’environnement. Nous les empêchons simplement de manger les cultures en les repoussant. »

Il ajoute : « L’ail détruit la capacité de reproduction des organismes nuisibles, tandis que les feuilles de neem suppriment l’odeur de la femelle de sorte que le mâle ne peut pas être attiré, empêchant ainsi l’accouplement. »

Lorsque l’infestation par les organismes nuisibles est plus importante, il ajoute de l’urine de chèvre ou de lapin fraîchement recueillie au mélange, à raison de deux, trois, quatre ou cinq parts d’urine pour cinq parts du mélange, et ce, en fonction de la gravité des dommages et de la population de ravageurs.

Il explique : « Nous aspergeons le mélange sur les cultures une fois par semaine pendant quatre semaines. Nous utilisons la mousse de savon pour permettre à notre pesticide d’adhérer assez longtemps aux cultures sans être lessivé par la pluie. »

Comme plusieurs agriculteurs et agricultrices n’ont pas les moyens d’acheter des pulvérisateurs à dos pour pulvériser, ils et elles utilisent un balai pour appliquer le pesticide fait maison. Monsieur Etangasait déclare : « Nous versons le mélange dans un bidon, puis nous y trempons le bout du balai et nous aspergeons le produit sur les cultures. »

John Atyang est un cultivateur du même village qui combat les organismes nuisibles avec ce mélange local. Il cultive du chou kale et des légumes indigènes comme la morelle noire et l’amarante sur une terre d’un quart d’acre.

L’activité maraîchère de monsieur Atyang est en plein essor. À ses dires, avant qu’il commence à utiliser cette solution locale, personne ne voulait acheter ses légumes, car les feuilles étaient endommagées par les ravageurs et les maladies et percées partout.

Les fermes de George Barasa et de Joseph Panyako produisent également bien après qu’ils ont appris de monsieur Etangasait. Monsieur Panyako déclare : « Cette méthode est économique et écologique. Grâce à ce pesticide naturel, nous n’avons plus besoin des produits chimiques qui sont dangereux pour l’environnement et la santé humaine. »

Comme la majeure partie des ménages ont des champs de maïs plus grands que les fermes maraîchères, le défi consiste à produire une quantité suffisante de mélange pour lutter contre les organismes nuisibles et les maladies dans les champs de maïs. Rassembler une quantité suffisante de produits pour lutter contre les organismes nuisibles au maïs peut nécessiter beaucoup de travail.

Avant d’apprendre cette méthode locale et bon marché de lutte contre les organismes nuisibles, monsieur Etangasait n’arrivait pas à gagner de l’argent avec les légumes, car il en vendait très peu. Mais, désormais, il peut subvenir aux besoins de sa famille.

Il explique : « J’ai fait maintenant de la culture des légumes une principale source de revenus. Grâce à l’argent que je gagne, je peux payer la scolarité de mes enfants. Je parviens également à acheter de la nourriture pour mes parents et à payer leurs frais médicaux. »

Photo : Shadrack Etangasait prépare un jardin potager à l’extérieur de sa maison recouverte d’un toit métallique. Crédit : Sawa Pius.