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Guinée : La carbonisation intensive accentue les effets du changement climatique (Radio Climat)

Rareté des pluies, vagues de chaleur, difficulté d’accès à l’eau potable, voici ce que vivent au quotidien les habitants de la préfecture de Fria, en Guinée, à cause du changement climatique. Et cette situation est aggravée par la coupe intensive du bois utilisé pour la carbonisation.

Depuis la fermeture de l’usine d’alumine en 2012, les fours à charbon sont devenus la principale source de revenus et d’emplois des populations, notamment les jeunes qui n’ont pas suivi une formation formelle. Pour la grande majorité des charbonniers, leur action s’explique par des besoins de survie, explique Mamadou Moussa Bah, qui vit à Adamasorya, un village situé dans la préfecture de Fria.

Il dit : « Quand tu confectionnes une chaise, il peut faire plusieurs mois avant que quelqu’un l’achète. C’est pourquoi on a tous laissé ça et nous sommes dans la brousse… S’ils nous demandent d’arrêter la carbonisation, l’État n’a qu’à voir. »

Bien que la carbonisation génère de bons revenus pour les habitants de Fria, ses sévères conséquences sur l’environnement sont manifestes à travers le tarissement des rivières et les mauvais rendements des cultures.

Zao Guilavogui est le directeur préfectoral de l’environnement des eaux et forêts à Fria. Il affirme que la production de charbon est une menace pour l’environnement local.

Il explique : « Les conséquences sont immenses. Vous savez nous parlons actuellement des changements climatiques. Nous disons chaque jour il fait chaud. Nous disons que les fleuves ont tari. Le sol, la production ne donnent plus. Donc, plus on coupe, plus on provoque la sécheresse et la sécheresse ne permet à rien de pousser bien …. Il y a même l’avancée du désert. »

Selon les spécialistes, 80 % des populations utilisent le charbon de bois comme source d’énergie. D’autres sources comme le gaz et l’énergie électrique ne sont pas encore à la portée de tous, compte tenu en partie de leurs coûts. Pour ces gens, il n’est pas facile de se tourner vers une source d’énergie plus durable.

M. Guilavogui soutient que la carbonisation est un style de vie pour les habitants de Fria. Il explique : « Je vais vous dire franchement que nous à Fria, on a des difficultés. C’est le moyen le plus facile que les citoyens ont trouvé pour se procurer de l’argent. Il suffit de rentrer en brousse, couper les arbres, et les brûler et avoir des sacs pour revendre. »

Il ajoute que, même si les charbonniers ont toujours existé, tout le monde fabrique du charbon maintenant, et plusieurs abandonnent l’agriculture. Il explique : « Le paysan ne veut plus cultiver le champ d’arachide, ne veut pas faire le fonio, il coupe tous ses arbres et transforme en charbon parce que facilement on peut avoir de l’argent dans ça. »

Mais les environnementalistes affirment qu’un changement s’impose si on veut préserver les forêts, les sols et les rendements. Ils demandent que des mesures soient prises pour promouvoir les sources d’énergies renouvelables, la plantation d’un plus grand nombre d’arbres et la proposition d’une autre source de revenus aux habitants.

Pour écouter l’intégralité du reportage (en français) sur Radio Climat, cliquez sur : http://climateradio.net/fr/en-guinee-la-carbonisation-intensive-accentue-les-effets-du-changements-climatique/ [1]