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Ghana : Une soudeuse encourage les femmes à suivre des formations à prédominance masculine

Cette nouvelle fait partie d’une série intitulée Stars in the Field, produite dans le cadre du projet « Young Women in TVET ». Dans cette série, nous brosserons le portrait de femmes qui travaillent dans le secteur technique et professionnel au Ghana. Bien que ce ne soit pas une « Nouvelle agricole » ordinaire, nous pensons que ces portraits peuvent inspirer les membres de votre auditoire et instaurer une discussion sur les métiers traditionnels et non traditionnels des hommes et des femmes dans votre communauté.

Pleine d’énergie et de vie, le sourire aux lèvres, Gladys Perpetual Awudi se tient devant un groupe d’élèves. Elle porte des gants et une visière parce qu’elle manipule des appareils de soudure qui exigent ces mesures de protection.

Comme d’habitude, la femme de 45 ans est en train d’enseigner le soudage à des étudiant.e.s.

Ingénieure Awudi déclare : « J’aime la soudure et je pense que je ferai ça jusqu’à ma vieillesse. Bien que je me sois perfectionnée pour devenir ingénieure mécanicienne, je préfère toujours qu’on m’appelle soudeuse à cause de l’amour et la passion que j’ai pour cette profession. »

Ingénieure Awudi est professeure à l’Université technique de Koforidua où elle enseigne le génie mécanique. Elle forme aussi les jeunes au soudage, aux techniques au gaz et à l’arc, à la ferronnerie de bâtiment et à la mécanique industrielle dans le cadre d’ateliers de formation.

Elle enseigne depuis 2012, et ses ambitions ne s’arrêtent pas là. Ingénieure Awudi explique : « Je fais actuellement le soudage et j’enseigne également, mais je compte créer ma propre école de soudure pour former plus de professionnels dans ce domaine. »

Ingénieure Awudi soutient avoir choisi de faire carrière dans le soudage depuis sa tendre enfance, bien qu’elle n’eut jamais vu de femmes soudeuses au Ghana. Elle ajoute que la seule fois où elle en avait vu, c’était à la télévision, et c’était une femme blanche. Maintenant, elle s’en sort dans un domaine qui serait selon plusieurs l’apanage des hommes.

À ses dires, sa passion était si forte qu’au lycée elle avait abandonné le cours d’économie familiale pour étudier le soudage. Ingénieure Awudi était la seule femme de sa classe parmi 40 hommes, mais cela ne l’a jamais intimidée.

Elle se rappelle : « J’étais tellement concentrée et très positive que cela me permettait de m’en sortir dans ce cours qui, pendant longtemps, comptait plus d’hommes. J’étais fière d’avoir choisi ce domaine et je ne [tolérais] aucune forme d’intimidation ou de harcèlement de la part de qui que ce soit. »

Elle ajoute : « Tout au long de ma carrière, la majeure partie de mes collègues étaient des hommes, car peu de femmes embrassent cette profession. »

Le fait d’être une des rares femmes ne décourage pas ingénieure Awudi. Elle raconte que malgré les défis, « Je fais très bien mon travail. »

En tant qu’enseignante, ingénieure Awudi forme et prépare des jeunes et des adultes, hommes comme femmes, pour l’industrie du soudage.

Elle déclare : « Bon nombre de mes élèves travaillent maintenant dans l’industrie et certains sont chefs d’entreprises. D’autres travaillent à la Police du Ghana et dans les Forces armées du Ghana. »

C’est en 2000 que ingénieure Awudi eut son premier contact avec le monde réel du soudage et de l’ingénierie, lorsqu’elle eut l’occasion de travailler dans la société britannique Motherwell Bridge Company Limited, à Tema, au Ghana.

Elle déclare : « C’était juste à la fin de mes trois années de formation intermédiaire et avancée en soudage à l’Institut technique de Tema. »

Depuis plus de dix ans, ingénieure Awudi travaille dans plusieurs industries lourdes, notamment celle du pétrole, du gaz, de la construction et la fabrication. Dans son travail journalier, elle soude des tuyaux, des plaques et des réservoirs de stockage et effectue des inspections et une maintenance générale.

Depuis qu’elle a décidé de devenir soudeuse, ingénieure Awudi a beaucoup progressé dans sa carrière. Elle est titulaire d’un baccalauréat en science et d’une maîtrise en technologie mécanique. Elle fait actuellement un doctorat en génie mécanique au Canada.

Durant sa carrière, ingénieure Awudi a remporté de nombreux prix, y compris celui du meilleur enseignant dans la catégorie technique du district métropolitain de Tema et de la grande région d’Accra en 2014. Elle a également contribué à former plusieurs professionnels en soudage et en génie mécanique.

Ingénieure Awudi est aussi une militante autoproclamée des droits de la femme qui lutte pour qu’un plus grand nombre de femmes embrassent des carrières liées à des formations techniques et professionnelles.  

Elle conseille : « Ne poussez pas simplement les femmes vers des carrières techniques et professionnelles, mais mettez en place un programme durable pour les maintenir dans ce domaine. Malheureusement, jusqu’ici, presque toutes les femmes que je connais qui ont fait des études en soudage se sont réorientées vers d’autres domaines. »

Selon ingénieure Awudi, même si les femmes évitent les domaines techniques et ceux à prédominance masculine, sa profession est gratifiante.

Elle explique : « Dans les industries lourdes bien implantées, les employés sont payés à l’heure et je me rappelle que pendant mes meilleures années, je gagnais environ 150 cedis ghanéens (19,36 $ US) par heure, imaginez [votre revenu] si vous faites dix heures par jour. »

Elle ajoute : « Les personnes et les familles qui pensent que les métiers techniques et professionnels tels que le soudage et l’ingénierie ne sont pas destinés aux femmes devraient réfuter ce genre d’allégations. J’exerçais ce métier avant même de me marier. Maintenant, j’ai ma famille et je peux faire la soudure jusqu’à ma vieillesse. Je parais même beaucoup plus jeune. »

La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « Innovation in Non-traditional Vocational Education and Skills Training », INVEST, mis en œuvre par l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Photo : Gladys Perpetual Awudi dans un atelier au Ghana. Crédit : Linda Dede Nyanya Godji.