Ghana : Une étude informe les agriculteurs sur les meilleures pratiques pour s’adapter au changement climatique

| avril 28, 2019

Téléchargez cette nouvelle

Nous sommes à la moitié de la saison sèche au nord du Ghana et Mariam Mohammed entretient son potager. Madame Mohammed vit à Bihinaayili, juste à l’extérieur de la capitale régionale, Tamale. Son jardin est luxuriant et verdoyant, grâce à l’eau de ruissellement provenant d’un réservoir qui lui fournit l’eau d’une rivière pour arroser toute l’année. Dans ce climat aride, la communauté est chanceuse d’avoir accès à un bassin hydrologique qui lui permet de cultiver.

Madame Mohammed s’apprête à préparer sa terre pour la prochaine saison de plantation. Elle observe les nuages qui se forment dans le ciel et sent que la température augmente, ce qui lui indique que la saison pluvieuse approche. Au fil des ans, les saisons sèches sont devenues plus chaudes et plus sèches. Les précipitations sont plus irrégulières. Les agriculteurs et les agricultrices se rendent de plus en plus compte du changement du régime climatique, mais ils disposent de peu d’informations sur les stratégies efficaces d’adaptation à ces changements.

L’Institut de recherche de Postdam sur les effets du changement climatique et la German Development Corporation a réalisé récemment une étude au Ghana sur les répercussions futures du changement climatique. Entre autres, l’étude a examiné les conditions climatiques passées, présentes et futures, la disponibilité de l’eau et la production agricole. Elle a également recommandé des stratégies d’adaptation pour les agriculteurs et les agricultrices.

L’étude a révélé que les températures moyennes augmenteront sans doute considérablement au cours des prochaines décennies et que les niveaux de précipitations varieront à travers le pays, avec une légère augmentation des pluies au nord et une baisse au sud jusqu’à la moitié du siècle. Cela aura des effets à grande échelle sur les cultures vivrières comme le maïs, les arachides, le sorgho et le manioc.

Lisa Murken est un des principaux auteurs de l’étude. Selon elle, le changement climatique peut être difficile à comprendre, car le climat ne change pas toujours de façon linéaire ou constante d’une zone géographique à une autre. Par exemple : certaines régions subiront plus d’inondations et d’autres des sécheresses prolongées.

Elle ajoute : « Il est important que les agriculteurs d’exploitations familiales sachent que les phénomènes [météorologiques] extrêmes se multiplieront. »

Selon l’étude, le nord du Ghana subira la plus forte augmentation des températures, soit 2,5oC de plus que les températures actuelles d’ici 2050. Conjugué avec la pluviométrie variable, cela influera beaucoup sur le choix des cultures adaptées pour les différentes régions.

L’étude prévoit que le maïs sera la culture la plus durement touchée par le changement climatique. Plus d’un tiers des terres actuellement propices au maïs sera délaissé pour sa culture d’ici 2050. Ce changement surviendra surtout dans les régions du Nord, du Haut Ghana occidental et dans certaines localités de la région Ashanti. Considérant le poids économique du maïs au Ghana dans plusieurs autres pays africains, cela pourrait avoir de graves conséquences pour la sécurité alimentaire.

Selon l’étude, les paysans et les paysannes peuvent appliquer un certain nombre de stratégies pour s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, y compris les activités après récolte, l’irrigation, la collecte des eaux de pluie, l’utilisation de variétés améliorées et l’assurance-récolte. L’étude stipule que, même si certaines stratégies sont plus faciles à adopter que d’autres, de petits changements peuvent faire une grande différence au niveau des rendements et la résistance des cultures, et qu’il est plus efficace de combiner les stratégies.

Par exemple : d’après l’étude, l’utilisation des sacs de conservation PICS est une méthode efficace de gestion après récolte accessible et abordable pour les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales. Les sacs PICS sont constitués de deux couches de polyéthylène placées à l’intérieur d’un sac tissé, et ils peuvent protéger les céréales récoltées des ravageurs et des contaminants pendant plus d’une année après la récolte.

Les systèmes d’irrigation sont particulièrement utiles en saison sèche. Cependant, ils sont coûteux et leur installation à grande échelle demande beaucoup de travail. L’étude précise que la récupération d’eau de pluie est une solution économique qui fait gagner du temps, notamment pour les femmes, car ce sont elles qui vont généralement chercher l’eau.

L’étude indique que les agriculteurs et les agricultrices sont encouragés à semer des variétés améliorées plus tolérantes à la chaleur et la sécheresse et dont les rendements sont plus élevés. Elle signale que certaines variétés améliorées existent déjà ou sont en cours de production, mais que seuls 20 pour cent des paysans et paysannes ghanéens utilisent des semences améliorées, comparativement à 25 pour cent environ en Afrique subsaharienne. Les défis pour une adoption plus élargie incluent l’accès aux semences de haute qualité et la faiblesse du système public de vulgarisation agricole.

Pour terminer, l’étude conseille aux paysans et aux paysannes d’acheter une assurance-récolte dans la mesure du possible pour se protéger contre les sécheresses, les inondations et d’autres dommages éventuels. Ce type de phénomènes devraient se multiplier avec le changement climatique. L’étude affirme que des régimes d’assurance soigneusement conçus peuvent être à la portée et durables pour les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales. Pour l’instant, l’accès au crédit, à l’éducation et le manque d’expérience par rapport à l’assurance continuent d’entraver la capacité de plusieurs de ces agriculteurs et agricultrices à l’acheter et à envisager cela même.

L’inéluctabilité du changement climatique et les risques d’impacts sévères sur les agriculteurs et les agricultrices d’exploitations familiales signifient qu’il est indispensable que ces derniers soient bien informés et bien préparés. Madame Murken et ses collègues encouragent le gouvernement ghanéen à prévoir des mesures d’adaptation les plus locales possible en mettant en œuvre des régimes d’assurance-récolte, en améliorant les services de vulgarisation agricole et en tirant profit des connaissances traditionnelles dans la mesure du possible pour s’assurer que les paysans et les paysannes utilisent le savoir-faire traditionnel dans leurs efforts d’adaptation au changement climatique.

Elle déclare : « Nous espérons que [le gouvernement] communiquera les conclusions de l’étude à ses services de vulgarisation, qui à leur tour sensibiliseront les agriculteurs sur le changement climatique et [les] impacts climatiques prévus sur eux. »