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Ghana : Kankani Fauzia surmonte les obstacles en faisant carrière dans un domaine non traditionnel dominé par les hommes

Cette nouvelle fait partie d’une série intitulée Stars in the Field, produite dans le cadre du projet « Young Women in TVET ». Dans cette série, nous brosserons le portrait de femmes qui travaillent dans le secteur technique et professionnel au Ghana. Bien que ce ne soit pas une « Nouvelle agricole » ordinaire, nous pensons que ces portraits peuvent inspirer les membres de votre auditoire et instaurer une discussion sur les métiers traditionnels et non traditionnels des hommes et des femmes dans votre communauté.  

C’est un après-midi ensoleillé et Kankani Fauzia est dans son atelier où elle se prépare à peindre au pistolet des véhicules de client.e.s. Vêtue d’un uniforme de travail bleu, la dame de 40 ans mélange deux boîtes de peinture pendant que cinq hommes qui travaillent avec elle nettoient la surface de trois VUS luxueuses.

Madame Fauzani déclare : « Enfant, j’ai toujours aimé les domaines où il y avait plus d’hommes comme les carrosseries et la mécanique [d’autos]. Même si je ne possédais pas un niveau d’instruction élevé, je me suis débrouillée pour apprendre la peinture au pistolet en apprenant sur le tas. »

Madame Fauzani lave et peint les autos au pistolet, et elle s’est taillé une place dans l’industrie automobile à Kumasi, la capitale de la région Ashanti, au Ghana.

Le cheminement de madame Fauzia dans le lavage et la peinture au pistolet des autos a commencé alors qu’elle n’avait que 14 ans. Elle explique : « À cette époque, beaucoup de femmes qui voulaient apprendre un métier ou acquérir des compétences professionnelles préféraient une carrière dans des domaines généralement dominés par des femmes, tels que la restauration, la couture ou la coiffure. Mais c’est la peinture au pistolet qui m’intéressait, même si les gens considéraient que c’était un métier d’homme. »

Les croyances stéréotypées fondées sur le genre continuent d’influencer les comportements et les mentalités des gens en ce qui a trait aux choix de profession. Au Ghana, le travail effectué par les peintres au pistolet, les soudeurs et les électriciens dans l’industrie automobile a été longtemps perçu comme étant réservé aux hommes.

Madame Fauzani déclare : « Je n’avais aucun soutien pour l’éducation formelle et mes parents voulaient que j’apprenne la couture, mais je refusais et cherchais des occasions dans des domaines principalement occupés par des hommes. »

Elle poursuit : « J’ai eu l’occasion et j’ai décidé de peindre des voitures. Je suis heureuse d’avoir réalisé mon rêve. Maintenant, j’enseigne la peinture au pistolet à des apprentis. »

Madame Fauzani soutient que sa mère n’approuvait pas ses plans de carrières. Elle explique : « Ma mère voulait que je suive les pas des autres filles qui faisaient carrière dans la couture [ou la coiffure]. »

Au Ghana, on trouve plus d’hommes dans les formations techniques et professionnelles traditionnelles et non traditionnelles. Madame Fauzani explique : « Il y a peu de femmes dans ce secteur. Plusieurs pensent que c’est réservé seulement aux hommes. Dans la majorité des secteurs, une employée sur dix employés est une femme, car peu de femmes font carrière dans les domaines liés aux formations techniques et professionnelles traditionnelles et non traditionnelles. »

Selon madame Fauzani, elle a rencontré plusieurs défis en tant qu’une femme essayant de surmonter les obstacles dans un domaine à prédominance masculine : « Je pense que les femmes qui sont dans des domaines à prédominance masculine ne peuvent s’imposer dans ces postes que si elles sont [très] compétentes. Lorsque les clients se présentent, ils veulent que ce soit plutôt la femme qui fasse le travail pour eux parce qu’ils sentent que la femme peut mieux le faire. »

Elle ajoute : « Cependant, certaines personnes sous-estiment mon expertise à cause de mon sexe. Certains ne me confient pas du travail, car je suis une femme. »

Une certaine clientèle préfère toujours que des femmes travaillent sur leurs voitures lorsqu’il y en a une qui est disponible. Madame Fauzani raconte qu’elle suscite de plus en plus de ressentiment chez ses collègues hommes.

Elle explique : « Très souvent, vous êtes la seule femme dans un lieu de travail où il n’y a que des hommes en grande partie, ce qui constitue un obstacle, car chaque décision prise au travail sera en faveur des hommes. Généralement, vous n’avez pas d’amies au travail avec qui interagir. »

L’autre difficulté que les femmes rencontrent dans les emplois à prédominance masculine comme la peinture au pistolet se situe au niveau des risques que ceux-ci comportent pour leur santé. Selon certains, les produits chimiques auxquels les employé.e.s sont exposés sont plus nocifs pour les femmes que pour les hommes.

Madame Fauzani déclare : « À cause du manque de vêtements de protection appropriés, plusieurs femmes ne s’aventurent pas dans ce domaine. Outre ce défi, certaines femmes se marient en cours de route et tombent enceintes et leurs maris leur disent de changer de métier. »

Mais, malgré les nombreux défis, madame Fauzani a réalisé beaucoup de choses dans un métier dominé par les hommes. Elle est la propriétaire de l’atelier dans lequel elle travaille actuellement et a des collègues hommes qui l’aident dans le travail.

Sa clientèle est formée surtout de personnes originaires de Kumasi qui ont des véhicules de qualité supérieure. Il y en a aussi qui viennent du Burkina Faso et du Mali. Elle est aujourd’hui fière de ses 13 années d’expérience dans ce domaine.

Au cours de cette période, madame Fauzani a formé un grand nombre de stagiaires. La majorité est des hommes, mais elle a également formé deux femmes. Elle déclare : « Je suis prête et je souhaite encadrer d’autres femmes dans ce domaine dans le cadre des stages. Faire le choix de suivre des formations techniques et professionnelles non traditionnelles a plusieurs avantages. Cela contribue à rehausser le niveau de vie des individus [et] leurs familles en profitent également. »

La présente nouvelle a été produite dans le cadre du projet « Innovation in Non-traditional Vocational Education and Skills Training », INVEST, mis en œuvre par l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.  

Photo : Kankani Fauzia au travail, peignant à la peinture au pistolet une voiture. Crédit : Gideon Kwame Sarkodie Osei.