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Ghana : Entretenir les arbres sur les exploitations agricoles aide les agriculteurs à résoudre des problèmes

C’est un mercredi matin ensoleillé et Asana Muah Bujanmie porte une chemise de golf bleue et un pantalon noir. Madame Bujanmie ramasse des noix de karité mûres qui sont tombées des arbres de son exploitation agricole.

La femme de 53 ans est de bonne humeur. Elle s’assoit tout heureuse sous un des karité pour se détendre et attendre que ses enfants viennent l’aider à transporter les paniers remplis de noix à la maison.

Sur son exploitation de huit acres, madame Bujanmie cultive du maïs, des arachides et du soja, et elle gagne un revenu supplémentaire grâce aux arbres qu’elle laisse se régénérer de façon naturelle. Elle explique : « Au lieu de couper les arbres de karité et de dawadawa de mon exploitation, je les laisse pousser naturellement, car cela leur permet de restaurer la fertilité des sols. Les arbres me procurent également un revenu supplémentaire. » Le dawadawa est également connu sous le nom de néré.

Madame Bujanmie a six enfants et vit dans le village de Pulima, dans la région du Haut Ghana occidental.
Depuis deux décennies, elle laisse les arbres se régénérer sur son exploitation et les entretient. Elle explique : « Quand mes parents m’ont légué cette exploitation, il y avait déjà des karité et des dawadawa dont je prenais soin depuis plusieurs années déjà. »

Il faut sept ans pour que les karité de madame Bujanmie commencent à produire des noix qu’elle peut ramasser et vendre. Maintenant, elle déclare : « Chaque année, je gagne environ 500 cedis (42,12 $ US) grâce aux karité et 100 cedis (8,42 $ US) grâce aux fruits des dawadawa. »

Salamatu Seidu est une agricultrice de 53 ans du village de Tarsor dans la région du Haut Ghana oriental, à environ 150 kilomètres de la capitale régionale, Wa. À l’instar de madame Bujanmie, elle laisse les arbres se régénérer sur son lopin de terre de quatre acres où elle cultive du maïs et des arachides.

Madame Seidu déclare : « Je ne vends pas les fruits que je cueille sur les dawadawa, car j’ai peu d’arbres. J’utilise plutôt les fruits pour préparer des spécialités culinaires et des soupes pour ma famille parce qu’ils sont très nutritifs. »

À ses dires, beaucoup d’hommes de sa région abattent les arbres lorsque ces derniers commencent à repousser sur leurs exploitations agricoles. Elle ajoute : « Ils ne profitent pas des avantages tels que le revenu supplémentaire et les aliments nutritifs que les femmes obtiennent en laissant les arbres pousser. »

Le fait de laisser les arbres se régénérer sur l’exploitation agricole et d’en prendre soin pour tirer profit des avantages qu’ils procurent s’appelle la régénération naturelle assistée ou RNA. Anankaya Akolgo est lui aussi un producteur qui pratique la RNA sur son exploitation de 20 acres où il cultive des ignames, du manioc et des noix de cajou. Son exploitation se trouve dans le village de Kintampo, dans la région de Brong Ahafo, au Ghana, à près de 130 kilomètres de la capitale régionale, Sunyani.

Monsieur Akolgo raconte que l’acajou et le neem sont surtout les arbres qu’il laissent naturellement se régénérer et pousser sur son exploitation. Il explique : « Pour l’instant, les arbres fournissent un bon ombrage sur l’exploitation et permettent également de contrôler les vents forts. Je continuerai à protéger ces arbres jusqu’à ce qu’ils grandissent afin de pouvoir plus tard les couper et les vendre pour réaliser un bénéfice supplémentaire. »

Il ajoute : « Quel que soit le temps que cela prendra, au cas où la vente des arbres ne m’est pas avantageuse, lorsque arbres seront grands, j’ai espoir que mes enfants hériteront de mon exploitation et qu’ils en tireront beaucoup de profits dans l’avenir. »

Adulai Lansah Alhassan est responsable de la recherche à la Savanna Agricultural Research Institute, au Ghana. Selon lui, il est important que les agriculteurs et les agricultrices laissent les arbres pousser sur leurs exploitations agricoles.

Monsieur Alhassan explique que non seulement les arbres servent de brise-vent pour protéger l’exploitation contre les vents forts, surtout en saison pluvieuse, mais ils fournissent également des produits comestibles tels que les fruits, les noix et les feuilles.

Selon monsieur Alhassan, les arbres de l’exploitation permettent aussi de conserver l’eau dans le sol. Il ajoute : « Là où il y a beaucoup d’arbres, la région reçoit beaucoup de pluie, ce qui est une bonne chose pour l’agriculture. De plus, lorsque les feuilles tombent au sol, elles se décomposent et améliorent la fertilité du sol. »

À ses dires, outre les avantages économiques qu’ils procurent, les arbres offrent des avantages sur le plan nutritionnel et médical. Il explique : « Les communautés utilisent les feuilles et les écorces de la majeure partie des arbres comme l’acajou et le neem pour soigner les maladies comme le paludisme, la fièvre typhoïde et bien d’autres. »

Madame Bujanmie soutient qu’elle continuera à protéger et à entretenir les arbres de son exploitation à cause des nombreux avantages qu’elle en a tirés au fil des ans.

Elle explique : « J’ai obtenu des revenus supplémentaires grâce aux karité et aux dawadawa en dehors du profit que me rapportent le maïs, les arachides et le soja. Cela me permet d’aider mon mari à subvenir aux besoins de nos enfants. »

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Photo : Agriculteurs travaillant dans un champ à Kpachelo, district de Savelugu Nanton, région du Nord, Ghana. Crédit : Jesse Winter