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Ghana : Des femmes font de la peinture au pistolet pour subvenir aux besoins de leurs familles

Cette Nouvelle fait partie d’une série intitulée Stars in the Field, produite dans le cadre du projet « Young Women in TVET ». Dans cette série, nous brosserons le portrait de femmes qui travaillent dans le secteur technique et professionnel au Ghana. Bien que ce ne soit pas une « Nouvelle agricole » ordinaire, nous pensons que ces portraits peuvent inspirer les membres de votre auditoire et instaurer une discussion sur les métiers traditionnels et non traditionnels des hommes et des femmes dans votre communauté.

C’est un bel après-midi ensoleillé de samedi et Vivian Ama Abeka est occupée à appliquer un enduit sur une vieille Toyota Corolla. La femme de 53 ans se prépare à peindre le véhicule du client.

Elle déclare : « À peine trois mois après avoir terminé l’école, j’avais déjà convaincu mes parents par rapport à mon fort désir de faire carrière dans la peinture par pulvérisation. À cette époque, mes parents m’ont inscrite comme apprentie chez un professionnel de la pulvérisation, maître Agyapong, pour que j’apprenne. »

Madame Abeka est une peintre bien connue dans la localité de Kokompe, dans la ville de Takoradi, à l’ouest du Ghana. Elle fait de la peinture au pistolet depuis plus de 25 ans. Elle explique : « Je fais toute sorte de travaux de peinture par pulvérisation, pour toutes sortes de véhicules, de métaux et de boiserie. »

Sa passion pour le métier de peinture par pulvérisation est née quand elle s’apprêtait à terminer le cours élémentaire, à savoir la classe de CE2, à la Nana Bedi Bonso Middle School de New Takoradi.

Avec juste deux cedis (0,13 $ US), et une bouteille d’eau-de-vie comme le veut la tradition, madame Abeka a commencé son stage chez son nouveau maître en novembre 1985. À l’époque, elle rencontra une certaine résistance et une démotivation de la part de plusieurs personnes de son entourage.

Madame Abeka soutient que la seule personne qui l’ait soutenue et motivée à poursuivre une carrière dans le domaine de la peinture au pistolet fut sa mère. Elle se rappelle : « Certaines personnes m’ont dit qu’en tant que femme je ne pourrais pas terminer mon stage. D’autres ont essayé de convaincre mon maître de ne pas perdre son temps à me former. »

Mais elle n’a jamais prêté attention aux commentaires négatifs. Elle déclare : « Je m’étais dit que je ne laisserais personne me distraire concernant ma future carrière. J’avais décidé que je réaliserais ce que je souhaitais faire dans ma vie. »

Madame Abeka se dit heureuse et fière de ses réalisations en dépit des remarques négatives de ses collègues. Chaque jour, après avoir effectué son travail d’apprentie, madame Abeka garde sa tenue de travail pour montrer que la peinture par pulvérisation lui plaît.

Elle explique : « J’allais à pied à mon lieu de stage vêtue fièrement de mon uniforme de travail. Je n’ai jamais regretté ma décision de devenir peintre. »

Madame Abeka a effectué trois ans de formation intensive auprès de maître Agyapong en 1988. Après une année passée dans la peinture par pulvérisation, elle se maria. Son mari l’a soutenue dans sa carrière.

Plus tard, madame loua des ateliers pour offrir des services de peinture par pulvérisation au public. Finalement, grâce à l’aide de son mari, madame Abeka économisa assez d’argent pour acheter une terre où elle bâtit son propre atelier.

Madame Abeka a formé 25 apprentis en peinture par pulvérisation, dont huit femmes. Elle explique : « Bien que la majorité des femmes n’aient pas pu poursuivre l’apprentissage du métier de peinture par pulvérisation après s’être mariées, je suis tout de même heureuse, car j’ai pu inspirer certaines femmes. »

À ses dires, beaucoup de femmes trouvent difficile d’allier la vie de famille et le travail, car, au Ghana, la coutume impose aux femmes de prendre soin de la famille.

Madame Abeka se sent chanceuse d’avoir été encouragée à poursuivre sa carrière, même tout en ayant des enfants. Elle déclare : « Lorsque j’ai commencé à avoir des enfants, j’avais déjà beaucoup d’apprentis qui m’aidaient. Il y a également deux ou trois ans entre chacun de mes enfants. Cela me permettait d’avoir assez de temps pour mon travail. »

Elle ajoute : « On ne devrait pas obliger les jeunes à poursuivre des carrières techniques ou commerciales, mais [nous devrions] plutôt encourager ceux qui sont en ont la passion. Lorsqu’ils excellent dans ces métiers, ils motiveront plusieurs autres jeunes à embrasser ce domaine. »

Madame Abeka encourage les gens de sa communauté à apprendre des métiers techniques et professionnels. Elle déclare : « Avoir des compétences techniques et professionnelles constitue la meilleure façon pour les jeunes et les femmes, car cela leur procure une autonomie financière. »

Elle ajoute : « J’arrive à nourrir ma famille et moi-même. Je ne demande à personne de l’aide et j’éprouve une vive satisfaction. Je soutiens également ma famille élargie. »

La présente Nouvelle a été produite dans le cadre du projet « Innovation in Non-traditional Vocational Education and Skills Training », INVEST, mis en œuvre par l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.

Photo : Vivian Ama Abeka se tient fièrement à côté d’une voiture qu’elle a peinte au pistolet. Crédit : Linda Godji.

Cette Nouvelle a été publiée à l’origine en février 2022.