Ghana : Des agricultrices découvrent comment se procurer une terre communautaire pour cultiver

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C’est une matinée agréable où le vent souffle et Sarah Aryee est joliment habillée d’un T-shirt blanc et d’une étoffe ghanéenne, un foulard cérémonial noué sur la tête. Elle est là pour rencontrer d’autres agricultrices rassemblées sous un arbre près de l’école communautaire. Ces femmes sont là pour l’écouter parler de la propriété foncière et de l’importance que cela revêt pour elles.

Madame Aryee déclare : « Ça me fait chaud au cœur de sensibiliser les femmes pour qu’elles connaissent leurs droits fonciers et qu’elles se battent pour en jouir. Il est important que toute femme capable d’acheter un lopin de terre puisse le faire au même titre que l’homme, car c’est notre droit constitutionnel. »

Madame Aryee vit à Kojo Ashong, une petite localité de la commune d’Amasaman, à l’est du Ghana. Elle est membre du Good Female Farmers Group et milite fortement pour les droits de femmes dans plusieurs domaines, y compris le foncier.

Avant, les femmes de Kojo Ashong n’avaient pas accès à la terre, car, selon les traditions, la terre était la propriété des hommes. Madame Aryee déclare : « Nous cultivions sur des terres appartenant à nos maris ou un homme de la famille. Il n’était pas question pour nous de dire à nos chefs que nous voulions une terre à nous. »

Elle ajoute que même si les femmes peuvent maintenant parler de questions d’accès à la terre avec les chefs, le chemin reste encore bien long pour elles. Bien qu’il soit plus facile pour un homme de soumettre une demande d’achat d’une terre au chef, ce n’est pas le cas pour une femme.

Madame Aryee explique : « Les femmes trouvent plus difficile d’accéder à la terre que les hommes, car elles doivent se rendre chez le chef avec un homme, et si un homme ne les accompagne pas, leur demande pour acheter une terre … est généralement rejetée par les chefs. »

Selon madame Aryee, la majorité des communautés du Ghana possède toujours une terre de clan qu’elles louent ou vendent. Ces terres appartiennent à la communauté et sont principalement gérées par le chef. Pour que les femmes y accèdent, elles doivent d’abord le consulter.

Elle explique : « La première étape pour acquérir une terre de clan consiste à rencontrer le chef pour lui faire part de votre désir d’acheter ou de louer une terre. Le chef vous demandera ce que vous voulez en faire pour savoir si vous voulez cultiver, construire pour mener d’autres activités. »

Après avoir vu le chef, dit madame Aryee, il faut que les femmes aillent à la Commission foncière la plus proche avec le numéro d’enregistrement de la terre de clan pour confirmer qu’elle peut être vraiment vendue.

Elle ajoute : « Quand cela est réglé, vous pouvez aller de l’avant et faire le paiement au chef. N’oubliez jamais de prendre un reçu pour chaque achat que vous faites, car cela devient la garantie que vous avons conclu un accord avec la personne qui a la garde de la terre de clan. »

Madame Aryee affirme que, même si la majeure partie des femmes se disent satisfaites d’avoir acquis une terre après avoir payé le chef, il est important qu’elles garantissent la sécurité de jouissance de leur terre en faisant également une demande d’inscription au cadastre et d’enregistre de l’acte.

Vida Sackey a assisté à la rencontre et a appris beaucoup de choses. Elle explique : « J’ai appris que je devais toujours collaborer avec le chef et les anciens quand je veux acheter une terre de clan. Je dois également toujours faire affaire avec le chef de famille et les anciens de la famille quand je veux acheter une terre familiale. »

Madame Sackey soutient que la procédure que les femmes doivent suivre pour acquérir une terre est compliquée, car c’est très long. Mais comme elle veut avoir une terre, elle n’a d’autre choix que de suivre cette procédure compliquée. Pourtant, elle n’est pas découragée parce qu’elle parviendra ainsi à être propriétaire d’une terre.

Madame Sackey déclare : « Une fois que j’aurai la terre, je n’aurai plus peur que mon père ou quelqu’un d’autre la saisisse ou me la retire. »

Lamley Sackey vit également à Kojo Ashong. Elle déclare : « Maintenant, chacune connaît ses droits. Je ne suis plus une agricultrice ignorante, car je peux désormais avoir ma propre terre sans que mon mari m’accompagne. »

Madame Aryee dit aux femmes présentes à la rencontre qu’elles doivent toujours respecter les procédures relatives aux droits pour enregistrer et garantir leurs terres. Cela leur permet de planifier leurs activités agricoles et d’utiliser leurs documents fonciers pour obtenir des prêts pour l’agriculture.

Elle déclare : « Sachez que c’est votre droit de posséder une terre et des biens. C’est votre devoir de faire ce qu’il faut pour les protéger convenablement. »

Madame Aryee affirme être contente que la procédure d’acquisition soit en train de changer dans plusieurs villages et régions du pays. Elle explique : « Cette situation est encore fréquente dans beaucoup de régions rurales au Ghana, mais elle est en train de changer rapidement à mesure que les chefs et les femmes sont sensibilisés par rapport aux droits constitutionnels des femmes à posséder une terre indépendamment du fait qu’elles soient des femmes. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.