Gambie : Des cas vécus par des agricultrices montrent pourquoi les naissances prématurées pourraient augmenter dans un monde plus chaud (Trust)

| février 1, 2021

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Nouvelle en bref

Pendant les huit mois de ses grossesses, Sirreh Samateh travaille à l’extérieur, occupée à cultiver du riz et des légumes sous le soleil dans son village Jali, au centre de la Gambie. Ses premières grossesses n’ont pas été aussi difficiles, mais, actuellement, elle se sent étourdie et son corps tremble durant les périodes très chaudes de la journée. Les recherches en santé révèlent de plus en plus un lien entre la chaleur et les naissances prématurées, ainsi que le faible poids à la naissance. Il est conseillé aux femmes enceintes de réduire le risque que cela comporte pour elles et leurs enfants en travaillant lorsqu’il fait chaud dans la journée, en travaillant plutôt quand il fait frais ou à l’ombre, en buvant assez d’eau et en surveillant leur température.

Chaque fois qu’elle est enceinte, Sirreh Samateh travaille pendant les huit mois à l’extérieur, occupée sous le soleil à cultiver du riz et des légumes dans son village Jali, au centre de la Gambie

Elle retrouve d’autres femmes qui rapportent de l’eau d’un puits pour arroser leurs carrés de plants d’oignons. Chacune des dernières années a été plus chaude que la précédente aux dires de madame Samateh.

En début février 2020, les températures ont atteint 42 degrés Celsius dans sa région, alors qu’il fait généralement froid en février. C’est pénible pour une femme de 41 ans, enceinte de sept mois.

Elle déclare : « Mes grossesses n’ont pas été si difficiles, mais, maintenant, entre 14 h et 17 h, j’ai chaud partout. »

Madame Samateh porte un voile fleuri qui recouvre sa tête et son ventre. Elle ajoute : « Quand je travaille au soleil, je me sens étourdie et tout mon corps tremble. »

Madame Samateh participe à une recherche concernant les effets de la chaleur sur la mère et le bébé. De plus en plus, les indices démontrent que la chaleur peut provoquer des accouchements prématurés et un faible poids à la naissance, selon la chercheuse en santé Ana Bonell.

Madame Bonell est spécialisée en médecine tropicale et en santé maternelle. Selon elle, des études américaines et européennes de grande envergure relient les naissances prématurées et le faible poids des bébés à l’accouchement à la hausse des températures, même si les études ignorent comment ou pourquoi. Une étude qu’elle a menée a révélé des signes de détresse fœtale chez 30 % des femmes enceintes qui avaient travaillé à l’extérieur sous la chaleur.

Les agriculteurs de subsistance, notamment les femmes, sont souvent négligés dans les études scientifiques, mais cette étude les ciblait.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les complications liées aux naissances prématurées sont la cause majeure de décès chez les enfants de moins de cinq ans, et les taux de naissance avant terme augmentent dans le monde.

Les Gambiennes affirment que les régimes climatiques changent et la chaleur augmente, mais il y a relativement très peu de choses qu’elles peuvent faire pour s’adapter.

Jankey Drammeh est une agricultrice de 44 ans, enceinte de huit mois. Elle déclare : « Le soleil est de plus en plus chaud et nous recevons très peu de pluie en hivernage… Cela fait maintenant quatre ans que nous constatons ces changements. »

Lorsqu’il fait trop chaud, elle arrête et se repose un peu, verse de l’eau sur sa tête, puis continue de travailler.

Aux dires de madame Bonell, les femmes enceintes peuvent prendre des dispositions pour réduire les risques pour elles-mêmes et leurs bébés. Cela consiste à travailler moins dehors durant les périodes chaudes de la journée, boire assez d’eau et surveiller leur température.

Les femmes de Jali se disent plus préoccupées par leurs moyens de subsistance que leur santé. Madame Drammeh affirme : « Je suis très préoccupée par le [changement climatique], car le but de chaque paysan c’est de gagner quelque chose. Mais, chaque année, nous travaillons plus dur et gagnons moins à la fin de la journée. »

La présente nouvelle est inspirée de l’article « Gambia’s labouring farmers show why premature births may boom in a warmer world » rédigé par Nellie Peyton et publié par Thomson Reuters Trust en février 2020. Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://news.trust.org/item/20200206142604-qegop/.