Fruits de sa passion (par Nqobani Ndlovu, au Zimbabwe, pour Radio Agro Hebdo)

| février 18, 2013

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Kheyi Masuku a trimé pendant des années en tant que travailleur agricole à Kentuay, une ferme qui s’est spécialisée dans les plantations d’arbres. Les principaux produits de culture étaient les oranges et les avocats, destinés au marché domestique zimbabwéen et à l’exportation. Puis, en 2000, il s’est retrouvé parmi les milliers de travailleurs agricoles qui ont perdu leur emploi suite à des invasions agricoles persistantes.

M. Masuku explique: « Je suis retourné chez moi, après que je me suis retrouvé sans emploi. Je n’avais aucune formation académique. Tout ce que je connaissais, c’était la plantation d’arbres fruitiers. » Mais l’inestimable expérience que M. Masuku avait acquise à la ferme l’a conduit a lancé sa propre plantation de fruits, en 2002.

Au Zimbabwe, on offre à chaque ménage un terrain communal d’environ cinq hectares. Les champs de la famille de M. Masuku sont situés dans la région de Nkayi, dans le Matabeleland, à environ 170 kilomètres au sud-ouest de Bulawayo, la seconde ville du Zimbabwe.

Beaucoup de champs communaux sont consacrés à la culture de denrées destinées uniquement à la consommation familiale, mais certains agriculteurs parviennent à rentabiliser ces terres. M. Masuku a commencé à faire pousser des mangues, des avocats et des oranges.

À cause de son expérience et de son expertise, les chefs du village lui ont accordé un terrain additionnel. Les plantations d’arbres de M. Masuku couvrent maintenant 10 hectares. Une bonne partie du travail est accompli par sa famille, mais il emploie aussi cinq travailleurs.

M. Masuku loue des camions pour acheminer ses produits jusqu’au marché de Bulawayo. Ses cultures mûrissent à des saisons différentes, ce qui constitue un avantage. Il explique: « Le bon côté, c’est que ces fruits sont saisonniers, et cela veut dire que j’ai des revenus tout au long de l’année. »

M. Masuku produit environ 1000 cartons de chacune de ses cultures (oranges, avocats et mangues), pour la vente. Un carton se vend environ 8 dollars américains, selon la saison et le marché.

M. Masuku a aussi une pépinière où poussent des agrumes et des arbres indigènes. Il cultive les jeunes arbres dans des contenants de bière vides, et il a en présentement environ 20 000 disponibles pour la vente. Ils se vendent à 5 dollars américains l’unité. M. Masuku est passionné de reforestation, et il essaye d’encourager les autres à suivre son exemple. Bien que le marché pour les jeunes arbres soit limité, il fait souvent don d’une partie de son stock afin d’encourager la reforestation. Il dit que les gens ordinaires n’ont pas encore grand intérêt dans l’achat d’arbres, à l’exception des guérisseurs traditionnels.

M. Masuku explique: « J’ai beaucoup de plants de ces arbres indigènes que les guérisseurs traditionnels utilisent pour traiter leurs patients. Les guérisseurs traditionnels sont mes principaux clients, en ce qui concerne la vente de jeunes arbres. »

Il dit: « Mon souhait est de posséder une ferme et une usine de
transformation de fruits. » S’il avait sa propre ferme, M. Masuku est certain qu’en l’espace de cinq ans, il pourrait produire cinq millions de cartons d’oranges ou d’avocats. Mais il lui faudrait emprunter de l’argent pour acheter une ferme, et les banques ont tendance à ne pas prêter aux agriculteurs.

Au Zimbabwe, la plupart des fruits sont vendus non transformés, et il y a un gros marché pour les fruits transformés. M. Masuku pense qu’il pourrait se faire beaucoup d’argent s’il établissait une usine de transformation.

Il dit: « D’autres pays comme l’Afrique du Sud et le Ghana ont de vastes étendues de plantations d’arbres, et des usines qui transforment les fruits pour en faire du jus. Il est possible de faire la même chose au Zimbabwe. »