Éthiopie : Planter en ligne les féveroles pour une meilleure récolte

| septembre 4, 2017

Téléchargez cette nouvelle

Les bureaux villageois de la circonscription de Bakelo sont perchés à mi-chemin d’une colline, et de petits champs parsèment la terre située en contre-haut, en contrebas, et tout autour. Pendant les semaines précédant la période de semis des féveroles, la région grouille d’agriculteurs et d’agricultrices qui s’apprêtent à semer, et planifient les nombreuses mesures à prendre pour partir du bon pied.

Askale Kasaye a labouré son champ deux fois. Dans quelques semaines, elle procédera au troisième labour et sèmera. Elle explique : « Par le passé, on labourait le champ une fois seulement, puis on semait à la volée. Mais j’ai suivi une formation avec le bureau agricole, donc je sais qu’il est important de labourer trois fois. Il est nécessaire de labourer trois fois pour éradiquer les maladies, les insectes nuisibles et les mauvaises herbes. »

Le labourage fait partie intégrante de la préparation des terres en Éthiopie, et particulièrement dans la circonscription de Debre Birhan, située à 140 kilomètres au nord de la capitale Addis Abeba. Les cultivateurs et les cultivatrices labourent pour se prémunir des maladies et des insectes nuisibles. Certain(e)s attachent une billonneuse améliorée qui sert aussi de sillonneur à leur charrue pour maîtriser l’excès d’eau dans les sols engorgés.

Mme Kasaye utilise du fumier de compost pour offrir à ses féveroles le meilleur sol possible. Elle fabrique son propre fumier en disposant des résidus de cultures, une grande quantité de fourrage, des feuilles et de la bouse de vache dans une fosse.
La fosse mesure quatre mètres sur quatre mètres. Elle l’arrose tous les jours pendant 15 jours avant de remuer le fumier de compost. C’est un processus qui demande beaucoup de travail.

Monsieur Negesse Woldemariam est l’agent de développement local. Il déclare : « Les agriculteurs de cette région font tout ce qu’ils peuvent pour améliorer la fertilité de leurs sols. » La fabrication du fumier de compost n’est qu’une technique.
Mme Kasaye répandra le fumier de compost avant le troisième labour, afin que la charrue puisse l’enfouir dans le sol.
Lorsqu’elle sème, Mme Kasaye laisse tomber les graines dans les lignes. Elle explique : « Quand nous traçons la première [ligne], je suis derrière la charrue, en laissant tomber la semence…. Quand nous labourons la ligne suivante, la charrue ramène la terre sur les semences. »

L’espacement recommandé entre les plants de féveroles est de 20 centimètres, et 40 centimètres entre les lignes. Mme Kasaye explique qu’une distance de 20 centimètres représente à peu près la distance entre les extrémités de son pouce et son index, lorsqu’elle forme un « L » avec sa main. Les semis en lignes contribueront à l’augmentation de sa récolte.

Plusieurs agriculteurs et agricultrices du district de Debre Birhan ont de nombreux petits champs, qui parsèment la colline et la vallée. Monsieur Woldemariam explique : « Dans cette région, les sols varient énormément d’un endroit à l’autre. Les parcelles situées sur les collines, à plus haute altitude, ont des sols différents de ceux situés beaucoup plus bas ou dans la vallée. »
Yohannes Kelile est un autre agriculteur qui vit dans la circonscription de Bakelo. Il affirme que les paysans et les paysannes choisissent leurs semences en fonction de la nature du sol. S’ils ont besoin de semences pour un type de sol particulier, tel un vertisol engorgé, ils échangent leurs semences avec d’autres paysans.

Monsieur Kelile soutient que les agriculteurs et les agricultrices ne cultivent pas la féverole sur les mêmes champs chaque année, car la récolte diminue chaque saison s’ils cultivent continuellement ces fèves. Au lieu de cela, ils alternent leurs cultures, en semant du haricot sur une terre où une céréale comme le blé ou l’orge avait été préalablement cultivé. Cela s’explique en partie par le fait que les engrais utilisés pour la culture du blé ou de l’orge améliorent le sol pour les féveroles. À son tour, la féverole fixe l’azote dans le sol, l’améliorant ainsi pour les céréales suivantes.

Les féveroles sont aussi bien une culture vivrière qu’une culture commerciale pour ces agriculteurs et ces agricultrices, et elles servent à la préparation de plusieurs plats, dont le plat populaire shiro.

Mme Kasaye cultivera un quart d’hectare de féveroles et, grâce à une bonne préparation de la terre, elle espère récolter 10 quintaux ou une tonne, en novembre.