Éthiopie: Ne parlez pas des évictions (APO)

| juin 17, 2013

Téléchargez cette nouvelle

Les autorités éthiopiennes ont détenu un reporter qui essayait d’interviewer des gens qui avaient été évincés de leur maison, d’après un article de nouvelle et l’éditeur de ce reporter. Muluken Tesfahun était en train d’interviewer des gens dans une région où le gouvernement construit un barrage hydroélectrique litigieux sur le Nil Bleu. Le reporter, qui travaille pour Ethio-Mehedar, un journal privé à diffusion hebdomadaire, est emprisonné dans la ville d’Asosa, la capitale de la région de Benishangul-Gumuz, dans le nord-ouest de l’Éthiopie.

Le Committee to Protect Journalists (CPJ) dit que ce cas met en évidence le mépris des autorités éthiopiennes vis-à-vis de l’État de droit et ses efforts systématiques pour étouffer les nouvelles critiquant les représentants du gouvernement.

Getachew Worku est le rédacteur-en-chef du journal. Il dit que M. Tesfahun n’a pas été formellement accusé ou cité à comparaître en cour. Sa détention semble aller à l’encontre des garanties constitutionnelles selon lesquelles un citoyen doit comparaître en cour dans les 48 heures suivant son arrestation.

Mohamed Keita est le coordinateur pour le Plaidoyer Afrique de CPJ. Il a dit: « En arrêtant le journaliste Muluken Tesfahun pour avoir collecté des information sur les victimes de relocalisation forcée, l’Éthiopie criminalise encore une fois le journalisme indépendant. » Il a continué en disant: « L’Éthiopie devrait s’assurer de remplir ses obligations en tant que membre du Conseil des Nations Unies pour les Droits Humains, et respecter les droits des citoyens en relâchant immédiatement Muluken. »

Selon la Voix de l’Amérique, les forces de sécurité locales ont arrêté M. Muluken vendredi, dans le village de Dobi. Elles ont aussi confisqué son équipement de travail. M. Muluken a été désigné par son journal pour faire un reportage sur le retour de milliers d’agriculteurs des ethnies Amhara, Oromo, et Agew qui ont été évincés de force de leurs terres, à la mi-mars.

Les médias d’État éthiopiens n’ont pas rapporté de détails sur les évictions causées par la construction du barrage. Cependant, les journalistes locaux disent que les partis de l’opposition ont formulé des accusations de nettoyage ethnique. Le Premier Ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, a reconnu qu’il y a avait eu des évictions lors d’un discours adressé à la Chambre des Représentants du Peuple, en avril.

Il a qualifié ces actions d’« illégales », blâmant des fonctionnaires subalternes et invitant les personnes déplacées à retourner chez elles. Ce mois-ci, le Ministre des affaires fédérales, Shiferaw Teklemariam, a annoncé l’arrestation de 35 représentants de Benishangul, en lien avec les évictions.

Le gouvernement dit que le Grand Renaissance Dam va être la plus grande centrale électrique d’Afrique. L’impact du barrage sur l’approvisionnement en eau, en aval, a ravivé des tensions entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan. Personne n’a donné d’explication officielle concernant ces évictions, et il n’est pas certain qu’elles aient été directement liées à la construction du barrage.

Le gouvernement éthiopien a nié les allégations de coercition, d’abus et de violence dans le cadre d’autres programmes de réinstallation. Les articles de nouvelles internationaux ont allégué que les autorités ont déplacé des petits exploitants agricoles afin de louer de vastes étendues de terres à des agriculteurs commerciaux étrangers.

L’Éthiopie a emprisonné huit journalistes. Selon le CPJ, seule l’Érythrée surpasse l’Éthiopie en matière d’arrestation de journalistes, dans toute l’Afrique.