Éthiopie : La rotation des cultures, la culture intercalaire et le paillage aident les agriculteurs à améliorer la fertilité et la productivité des sols

| avril 1, 2019

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Deux chèvres sont assises côte à côte devant une maison en banco, attendant impatiemment de capter le soleil du matin à l’intérieur de la concession de Markos Chneshu entourée d’une clôture en bois. Ses deux enfants jouent allègrement, se pourchassant dans la maison.

Derrière la concession, monsieur Chneshu tient un couteau panga. Il est en train de débroussailler son champ d’un demi-hectare pour la prochaine saison pluvieuse.

Monsieur Chneshu pratique l’agriculture de conservation sur sa ferme à travers le paillage, la rotation des cultures et la culture intercalaire. Aujourd’hui, il est occupé à couper des résidus de maïs séché et de pois Congo, qu’il répand sur son champ en guise de paillis.

Le paillis couvre le sol, réduisant ainsi l’évaporation de l’humidité du sol. En couvrant le sol, les résidus de culture étouffent également les mauvaises herbes. De plus, lorsqu’ils se décomposent, les résidus apportent des éléments nutritifs et de la matière organique au sol, améliorant ainsi sa structure. Et, lorsque le paillis est une légumineuse telle que le pois Congo, il augmente la fertilité du sol.

Monsieur Chneshu déclare : « Il y a deux ans, des experts agricoles m’ont dit que je pouvais augmenter ma production en cultivant des denrées de façon intercalaire et en alternant les cultures sur la même ferme. J’étais réticent à cette idée au départ … mais le résultat que j’ai obtenu après avoir commencé était bon. »

Il vit dans le village de Damote Weydae, dans la zone Wolaytta, au sud de l’Éthiopie. Amanuel Mmmo est le spécialiste agricole de cette zone. Monsieur Mmmo soutient que la rotation des cultures, le paillage et la culture intercalaire aident beaucoup de paysans et paysannes comme monsieur Chneshu à améliorer la fertilité des sols et accroître la productivité des cultures.

Monsieur Mmmo ajoute : « Le changement climatique, la dégradation des sols et l’épuisement des ressources naturelles deviennent les défis majeurs à la productivité agricole et la durabilité environnementale en Éthiopie. Pour surmonter ces défis, nous avons besoin de pratiques comme la culture intercalaire et la rotation des cultures. »

Selon lui, certains agriculteurs et agricultrices adoptent déjà ces pratiques, notamment la rotation des cultures. Il explique : « Ils alternent les cultures [plantées dans le champ] entre une saison et une autre … certains pratiquent la rotation des cultures chaque année. Ils produisent plus de denrées qu’ils livrent au marché pour avoir de l’argent. »

Monsieur Mmmo affirme que les paysans et les paysannes tiennent compte de différents facteurs quand ils choisissent les cultures à alterner. Les cultures de rotation les plus courantes dans la région sont le maïs, le lablab et le pois Congo. D’autres cultures englobent le haricot, le manioc, les patates douces, les pommes de terre, les citrouilles et le niébé.

Monsieur Mmmo ajoute : « Les principaux critères auxquels se conforment les agriculteurs sont la capacité de la culture à améliorer la fertilité du sol, la capacité des cultures associées à se compléter et la capacité des cultures à couvrir le sol. »

Beaucoup de ces mêmes cultures peuvent être associées dans le cadre de la culture intercalaire, qui consiste à cultiver deux denrées dans le même champ au même moment. Pour être efficace, la phase de croissance de chacune des cultures intercalées doit se compléter mutuellement, par exemple : les tiges de maïs servent d’appui au haricot ou les légumes-feuilles fournissent une couverture au sol.

Selon monsieur Mmmo, plusieurs cultivateurs et cultivatrices de la zone Wolaytta ont appris ces pratiques de l’agriculture de conservation en entendant leurs collègues partager leurs expériences durant des émissions radiophoniques interactives diffusées sur Fana FM.

Pneta Orchelle est un autre agriculteur de la zone Wolaytta qui pratique la culture intercalaire et le paillage. Avant de commencer à appliquer les techniques de l’agriculture de conservation sur sa ferme, il avait de petites récoltes. Il ne pouvait pas récolter plus de 50 kilogrammes de lablab et de maïs cumulés sur sa terre de 40 mètres carrés.

Mais après avoir utilisé le paillage et la culture intercalaire, monsieur Orchelle a récolté 300 kilogrammes de maïs et 100 kilogrammes de lablab en une année.

Il déclare : « Le grand impact que j’ai observé avec la méthode de la culture intercalaire c’est l’amélioration de la fertilité du sol. En outre, elle m’a permis de cultiver plus qu’une denrée à la fois. »

Il ajoute : « Cela signifie que je fournis plus de variétés de nourriture à ma famille, ce qui finalement contribue à réduire le coût d’achat des vivres au marché. »

Monsieur Chneshu soutient qu’il continuera à pratiquer le paillage, la rotation des cultures et la culture intercalaire sur sa ferme, car il voit les avantages de l’amélioration de la fertilité du sol et l’augmentation des rendements.

Il explique : « Je trouve que le sol est de plus en plus fertile. J’ai obtenu trois quintaux (300 kilogrammes) de maïs et un demi-quintal (50 kilogrammes) de pois Congo. »

Ce travail a été réalisé avec l’appui de la Banque canadienne de grains dans le cadre du projet « L’agriculture de conservation pour renforcer la résilience, une approche agricole intelligente face au climat. » Ce travail est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.