C’est l’heure de la pause-café de l’atelier de sensibilisation sur la légionnaire d’automne. Des agriculteurs et des agricultrices partagent leurs expériences tout en buvant et en grignotant. Berhe Teka s’éclipse de la discussion et se tient à l’écart, une tasse de thé à la main. Quelque chose de très important semble le préoccuper.
L’agriculteur de 32 ans a l’air soucieux. Son regard est loin de la tasse qu’il tient. Il semble converser avec lui-même. Une profonde inquiétude se lit sur son visage.
Monsieur Teka se dit préoccupé par l’invasion de son champ de maïs par les légionnaires d’automne. Il explique : « Je suis très inquiet pour mon exploitation agricole. Avant de venir ici pour la formation, mon exploitation a été attaquée par les légionnaires d’automne. Je me demande quelle est l’ampleur des dégâts que les vers [chenilles] ont pu causer à mon exploitation à l’heure actuelle. »
Monsieur Teka vit à Beki, un village de l’État régional du sud de l’Éthiopie. Il déclare : « Les légionnaires d’automne ont terriblement endommagé nos exploitations depuis la saison pluvieuse de l’an dernier. »
À l’instar de plusieurs autres agriculteurs et agricultrices de sa région, monsieur Teka n’utilise pas de pesticides chimiques pour combattre la légionnaire d’automne. Ils appliquent des méthodes culturales qui consistent à combattre le ravageur en le ramassant à la main et en le tuant.
L’an dernier, la légionnaire d’automne a été un cauchemar pour les cultivateurs et les cultivatrices de maïs. Toutefois, monsieur Teka soutient que cette expérience leur a enseigné de bonnes leçons sur la façon de gérer ce ravageur.
Il ajoute : « L’insecte a envahi nos fermes la saison dernière et nous avons ramassé les larves de [légionnaire d’automne] et les avons tuées. Nous avons réalisé que c’était très efficace pour empêcher la légionnaire d’automne de se propager. »
Alemtsehay Darage est une spécialiste en vulgarisation agricole de la localité. Elle déclare : « Nos agriculteurs appliquent les techniques du tri et de la destruction à la main depuis la saison dernière, [car] c’était efficace. Plus de 20 000 hectares de terre touchés par la légionnaire d’automne ont été nettoyés grâce à cette méthode l’an dernier. Ils [les agriculteurs] appliquent encore la même méthode cette année. »
Madame Darage ajoute : « C’est encourageant, et, en tant que spécialiste, je peux attester son efficacité. J’encourage les agriculteurs à employer les méthodes culturales seulement parce qu’elles sont efficaces…. Il est possible qu’ils ignorent les problèmes que comporte l’application des produits chimiques. »
Bien que les pesticides chimiques puissent être des outils pratiques pour la lutte phytosanitaire, ils peuvent nuire à la santé humaine et à l’environnement, et tuer les espèces pouvant contribuer à combattre des ravageurs tels que la légionnaire d’automne.
Amenti Chali travaille à USAÏD Éthiopie en qualité de coordonnateur national, spécialiste de la production agricole. Monsieur Amenti recommande aux paysans et aux paysannes d’appliquer différentes méthodes culturales pour juguler la propagation de la légionnaire d’automne. Selon lui, la majorité utilise les techniques culturales qui consistent à ramasser et à tuer les larves à la main, pour les donner ensuite à manger aux poules.
Il soutient que les agriculteurs et les agricultrices éthiopiens utilisent également plusieurs matériaux locaux pour lutter contre la légionnaire d’automne, y compris la cendre, le sable, le piment, les produits à base de neem et le savon.
Il ajoute : « Les méthodes de lutte phytosanitaire locales [démontrent] leur efficacité en Éthiopie. Mais il est déconseillé d’utiliser les techniques traditionnelles uniquement…. Même si l’application des méthodes locales est prometteuse, cela ne signifie pas que l’application des méthodes traditionnelles à elle seule suffit. » À ses dires, il est bien clair que les paysans et les paysannes adopteront une approche intégrée de lutte contre la légionnaire d’automne, impliquant un mélange de différentes méthodes.
Il est temps pour monsieur Teka de retourner à l’atelier de formation. Il affirme que, même s’il fait des nuits blanches et a de la difficulté à réparer les dommages causés par la légionnaire d’automne, il continuera à appliquer les méthodes de lutte locales.
Cette nouvelle a été produite avec l’appui du projet sur la chaîne de valeur de l’initiative Feed the Future-Éthiopie de l’USAID dans le cadre du projet « ICT-enabed Radio Programming on Fall Armyworm (FAWET)».
Photo: Harbe Tafesse dans son champs à Dore Bafenno district de l’Ethiopie.