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Eswatini : Grâce à des agricultrices, les légumes ne manquent pas (IPS)

Nobukhosi Cebekhulu et Khetsiwe Tofile sont toutes les deux dans la soixantaine. Elles sont assises à l’extérieur de la maison de madame Tofile, à Malkers, en Eswatini, une petite communauté rurale animée. Elles tiennent des bassines de salade que le Centre de formation en permaculture Guba récupèrera.

Ces femmes sont de petites maraîchères qui cultivent dans leurs jardins de permaculture familiaux. Elles sont fières de pouvoir contribuer un tant soit peu au maintien de la santé de la nation en ce temps de pandémie du COVID-19, et se réjouissent de pouvoir continuer à produire et vendre des légumes sans avoir à quitter leurs domiciles.

Madame Cebekhulu déclare: « Nous n’allons pas acheter d’intrants au magasin, mais nous utilisons des semis que nous produisons et partageons entre nous. » Leurs produits agricoles sont récupérés chez elles et acheminés au marché.

Ces femmes participent à un programme dirigé par le Centre de formation en permaculture Guba qui leur a montré des astuces pour produire des denrées agricoles qui restaurent et renforcent l’écosystème environnant.

Alimenté à 100 % par l’énergie solaire, Guba récupère l’eau de pluie pour le nettoyage et l’irrigation et produit son propre compost et ses propres semis. Guba a un programme de formation en permaculture qui renforce les compétences et les connaissances pratiques visant à améliorer la sécurité alimentaire des familles et la résilience des cultures.

Madame Cebekhulu et madame Tofile étaient parmi les 25 agricultrices de la promotion de 2014 qui ont appris à confectionner une clôture avec des rebuts et des plantes envahissantes. Ces agricultrices ont également à produire leurs propres semences, et à faire du compost et des pesticides non dangereux pour l’environnement.

Les femmes fabriquent des pesticides avec de l’ail des vignes, des piments, de l’oignon, du savon et de l’eau chaude. Madame Cebekhulu explique : « Cela ne tue pas les organismes nuisibles, mais les éloigne. » Elle ajoute : « Les pesticides sont mauvais pour notre santé et l’environnement. Ils coûtent cher également. »

Bien que le centre Guba ait au début aidé les agricultrices à produire suffisamment pour leurs familles, madame Tofile affirme qu’il les a formées par la suite dans le domaine de la gestion des affaires, afin qu’elles puissent vendre et obtenir un revenu.

Elle explique : « Guba récupère les produits agricoles et les vend en notre nom … C’est pourquoi nous n’avons pas à nous préoccuper de quitter la maison en cette période. »

Un confinement partiel est en vigueur à cause de la crise du COVID-19, et il est conseillé aux gens d’éviter les attroupements publics et de respecter la distanciation physique. Cela complique la commercialisation pour les agriculteurs(rices).

Selon le directeur du Centre Guba, Sam Hodgson, le programme de formation en permaculture d’une année est une solution aux problèmes de nutrition et de pauvreté en Eswatini. Il aide également les agriculteurs(rices) à mieux s’adapter au changement climatique.

Les participant(e)s à la formation passent deux à trois jours par mois au centre pour apprendre les pratiques en permaculture. Après cela, ils/elles appliquent ce qu’ils/elles ont appris à la maison. Ils/elles apprennent également les techniques pour récupérer l’eau, faire du compost, cultiver des espèces d’arbres vivaces, et planifier leur propre cycle de production en fonction des quatre saisons.

Deepa Pullanikkatil est la codirectrice du Programme Sustainable Futures en Afrique. Elle soutient que la permaculture aide les agriculteurs(rices) à s’adapter aux nouvelles conditions climatiques au moyen de pratiques agricoles durables qui imitent la nature. Les agriculteurs(rices) recueillent et conservent l’eau, ce qui leur permet de s’adapter au changement climatique en Eswatini, car le pays est de moins en moins arrosé en raison du changement climatique. Les cultivateurs(rices) utilisent très peu, voire aucune méthode de travail du sol, ainsi que le compostage, deux méthodes excellentes pour la fertilité du sol. La réduction du travail du sol dégage du temps et est plus économique que d’employer du personnel ou des tracteurs.

Deepa Pullanikkatil explique : « Cette pratique permet de produire des denrées agricoles biologiques saines qui peuvent améliorer leurs revenus, renforçant ainsi leur capacité d’adaptation. »

Le centre Guba a réalisé que les agriculteurs(rices) peinaient à payer les frais de scolarité de leurs enfants et satisfaire d’autres besoins. Par conséquent, le centre a décidé de leur montrer comment produire pour le marché et agit à titre « d’intermédiaire éthique » en vendant en leur nom.

Monsieur Hodgson raconte que le centre récupère, remballe et livre chez plusieurs restaurants et gens de la classe moyenne qui recherchent des produits frais. Le projet a gagné environ 1 100 $ en vendant des légumes. Chaque agriculteur(rice) participant(e) gagne environ 200 $ par mois.

Durant le confinement partiel que le gouvernement a instauré en mars pour lutter contre le COVID-19, tous les restaurants ont dû fermer du jour au lendemain. Pour faire face à cette perte subite de marchés, le centre Guba a ouvert un stand agricole en son sein.

Monsieur Hodgson déclare: « En quatre semaines de gestion du stand agricole, à raison de trois jours par semaine, tout se passe bien. Les ventes augmentent et les commentaires de la clientèle sont très positifs. »

Guba continue d’acheter des produits chez les agriculteurs(rices) même en ce temps d’épidémie du COVID-19, maintenant ainsi le flux de revenu et, en même temps, permettant à la communauté locale de continuer à avoir des produits agricoles frais.

La présente nouvelle est adaptée d’un article initialement publié par l’Interpress Service, sous le titre « COVID-19 – Comment les jardiniers d’Eswatini assurent la continuité de l’approvisionnement en légumes. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://ipsnews.net/francais/2020/04/28/covid-19-comment-les-jardiniers-deswatini-assurent-la-continuite-de-lapprovisionnement-en-legumes/ [1].