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Malawi : Des cultivateurs de manioc profitent des avantages de l’adhésion à une coopérative de transformation

Un nourrisson attaché au dos, Grace Malikebu prépare son champ pour cultiver du manioc. Cela fait des décennies qu’elle cultive du manioc, bien avant même la naissance du petit-enfant qu’elle porte au dos. Cette culture lui a permis de tenir le coup pendant les moments difficiles quand d’autres n’y arrivaient pas, surtout durant les sécheresses.

Elle déclare : « Je suis veuve et mes choix de cultures sont limités. En dehors du manioc, je cultive du maïs et des pommes de terre. J’élève également des poules, mais le manioc est la culture qui a changé ma vie. »

Madame Malikebu vit à Naisi, dans la ville de Zomba, à l’est du Malawi. Elle gagne maintenant sa vie grâce au manioc, mais affirme que son principal problème était les prix bas auxquels elle vendait son manioc frais parce qu’il lui manquait les connaissances et les compétences pour la transformation.

Elle déclare : « Je me souviens comment pendant les premiers moments où je commençais à cultiver le manioc, je vendais seulement du manioc frais à d’autres femmes qui le préparaient pour le vendre dans les écoles. »

Pour régler le problème des prix bas, madame Malikebu et 109 petits cultivateurs(trices) de manioc de sa région ont créé la coopérative dénommée Chinangwa, Mbatata, Roots and Tubers Enterprises. La coopérative transforme le manioc frais en fécule et en farine de manioc de haute qualité, également appelée HQCF qui se vend à un meilleur prix que le manioc frais.

Elle explique : « Nous vendons la fécule et la HQCF à différentes industries de transformation des aliments, une chose que je n’aurais pas pu réaliser seule en tant qu’agricultrice d’exploitation familiale. La coopérative procure de nombreux avantages et je réalise maintenant des bénéfices avec la culture du manioc, ce qui n’était pas le cas avant. »

En 2017, elle avait récolté environ 100 kilogrammes de manioc et avait gagné près de 50 000 kwacha malawites (62 $ US). Madame Malikebu ajoute : « Je n’ai jamais su que la culture du manioc était un trésor caché. »

Daniel Sandifolo dirige la coopérative et supervise la vente de la fécule et de la HQCF aux industries de transformation, notamment celles qui produisent des sauces tomate et des sauces piment. Il explique : « Avant la création de la coopérative, les agriculteurs cultivaient et vendaient le manioc frais individuellement. C’était très difficile pour eux de trouver des marchés à cause des petites quantités. Et, par conséquent, les acheteurs achetaient à des prix inférieurs aux prix actuels. »

Cependant, les difficultés persistent dans le domaine de la culture du manioc. Selon madame Malikebu, pendant la saison de plantation, les cultivateurs(trices) avaient du mal à trouver des matériaux végétaux de bonne qualité. Elle ajoute : « Il est difficile de trouver des variétés qui parviennent rapidement à maturité. Nous dépendons des variétés traditionnelles qui prennent presque une année pour arriver à maturité. »

Aux dires de madame Malikebu, la majeure partie des variétés de manioc sont également sensibles aux maladies. Pour contrer ce problème, les agriculteurs(trices) déracinent les plants infectés pour les séparer de ceux qui sont sains. Elle déclare : « Quand les plants de manioc sont attaqués, nous déracinons tous les pieds touchés et nous les brûlons. »

La coopérative aide ses membres à résoudre les problèmes de matériaux végétaux de mauvaise qualité. Selon monsieur Sandifolo, la coopérative a acheté une terre où elle multiplie des variétés améliorées qu’elle distribue aux producteurs(trices) chaque saison de plantation.

Sarah Musoke est chercheuse à la station de recherche de Chitedze, à Lilongwe, la capitale du Malawi. Elle aide les agriculteurs(trices) pour la gestion après récolte et l’apport d’une valeur ajoutée. Elle leur apprend à utiliser le manioc et à fabriquer des produits dérivés du manioc.

Madame Musoke explique qu’un des plus grands défis des cultivateurs(trices) de manioc se pose avec des maladies telles que la maladie de la mosaïque et la striure brune du manioc, transmises toutes les deux par un virus et contre lesquelles on ne peut pas lutter efficacement avec des produits chimiques.

Elle ajoute : « Elles constituent un gros problème, car le manioc est multiplié au moyen de tiges, par conséquent, ces maladies se transmettent par le biais des matériaux végétaux et sont donc difficiles à contrôler. Nous essayons de trouver des variétés résistantes à ces maladies. »

Madame Musoke affirme que le problème c’est que plusieurs producteurs(trices) de manioc se partagent les matériaux végétaux et finissent par partager les maladies. Elle note que les spécialistes mettent tout en œuvre pour s’assurer qu’il y a des matériaux végétaux sains. Elle explique : « Ce que les agriculteurs peuvent faire aussi, c’est de multiplier et de garder des matériaux végétaux sains. »

Malgré ces défis, madame Malikebu est désormais une productrice de manioc modèle et elle attire l’attention d’autres producteurs(trices) et organisations qui viennent apprendre avec elle.

Elle déclare : « Quand mon mari est décédé en 1998, il m’a laissé avec huit enfants, et c’est à ce moment que j’ai commencé à m’investir plus dans l’agriculture. Je me réjouis qu’aujourd’hui la culture du manioc m’ait permis d’acheter des chèvres et une autre terre où je cultive maintenant plus de manioc. »

Cette nouvelle a été produite grâce à une subvention de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit GmbH (GIZ) qui met en œuvre le programme des Centres d’innovations vertes.

Des femmes lavant le manioc dans un bassin, en Tanzanie, en 2014. Crédit : Esther Mwangabula